Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Serbie (suite)

Le royaume de Serbie

Milan signe avec l’Autriche un traité secret par lequel il accepte de s’entendre avec Vienne en tout ce qui concerne la politique extérieure. En 1885, lors du coup d’État bulgare, la Serbie attaque la Bulgarie ; elle se fait battre à Slivnica, mais l’Autriche intervient pour maintenir le statu quo (traite de Bucarest, 1886). Les scandales de sa vie privée rendent plus odieux le despotisme de Milan, despotisme qui, après son abdication et malgré le vote d’une constitution plus démocratique (1888-89), se prolonge sous le règne de son fils Alexandre (1889-1903). Celui-ci mène en effet une politique autoritaire (Constitution de 1901). Sa politique intérieure, son inféodation à l’Autriche, son mariage avec une femme divorcée, Draga Mašin, provoquent un vif mécontentement ; des officiers regroupés dans une organisation secrète, la Main noire, dont le chef est Dimitrijcvić-Apis, fomentent et réalisent l’assassinat du roi et de la reine en juin 1903.

C’est la fin de la dynastie des Obrenović en Serbie. Pierre Karadjordjević, le petit-fils de Karadjordje, est appelé sur le trône de Serbie (1903-1921). Sous son règne, la Serbie connaît un régime libéral (la Constitution de 1888 est rétablie) ; en 1903 aussi se crée le parti social démocrate serbe, dirigé par E. Tucović. Sur le plan extérieur, la Serbie se détache de l’Autriche : en 1906, elle résiste au blocus institué par Vienne contre les exportations de porcs serbes (guerre des Porcs) ; elle redevient alors un pôle d’attraction pour les populations serbes soumises à une domination étrangère. Cependant, en 1908, elle doit accepter l’annexion de la Bosnie par l’Autriche ; en 1912, elle conclut un accord avec la Bulgarie et la Grèce pour attaquer les Turcs en cas de soulèvement chrétien : à l’automne de 1912, les Serbes pénètrent en Macédoine, mais ils se heurtent aux Bulgares sur la question du partage de la Macédoine. À la suite d’une nouvelle guerre, cette fois entre les anciens alliés (1913), la Serbie victorieuse obtient au traité de Bucarest une grande partie de la Macédoine, moins la région de Strumica.

Mise en cause par l’Autriche à la suite de l’attentat de Sarajevo du 28 juin 1914, la Serbie refuse de céder à un ultimatum et se trouve engagée dans la Première Guerre* mondiale. Sous le commandement du général Radomir Putnik, son armée résiste à deux attaques autrichiennes (bataille de Kolubara en décembre 1914 en particulier), mais est battue à la suite d’une nouvelle offensive des puissances centrales et de la Bulgarie en 1915 : c’est alors la retraite du roi Pierre, de l’armée et de la population serbes dans des conditions dramatiques vers la mer Adriatique au cours de l’hiver 1915-16.

Les troupes sont évacuées vers Bizerte, les civils vers la France, où de nombreux jeunes seront scolarisés ; des liens d’amitié étroits sont ainsi établis entre la France et la Serbie. Tandis que la Serbie est occupée par Allemands et Bulgares, le gouvernement en exil s’installe à Corfou, puis à Thessalonique, où se réorganise l’armée serbe qui participera aux activités du front oriental (bataille de Kajmakčalan en 1916) et à la libération des terres serbes en 1918.

Au début de la guerre, le prince régent Alexandre, qui a pris le pouvoir (son père étant malade), a cité parmi les buts de guerre la libération de tous les Yougoslaves, mais cette union est conçue dans une optique panserbe. En 1918, un royaume des Serbes, Croates et Slovènes est créé qui réunit au royaume de Serbie les terres soumises à l’Autriche-Hongrie et le Monténégro. Le royaume des Serbes, Croates et Slovènes (de Yougoslavie en 1929) est dirigé par la dynastie serbe des Karadjordjević ; les Serbes ont alors tendance à se croire dans une situation privilégiée et hégémonique par rapport aux autres nationalités yougoslaves, ce qui provoque des heurts dramatiques, avec les Croates notamment. Après 1945, une république de Serbie sera créée et intégrée à l’État fédératif socialiste institué en Yougoslavie.

M. P. C.

➙ Belgrade / Byzantin (Empire) / Karadjordjević / Monténégro / Obrenović / Ottomans / Yougoslavie.

 L. de Mas Latrie, les Rois de Serbie (Klincksieck, 1888). / J. K. Jireček, Geschichte der Serben (Gotha, 1911-1918 ; 2 vol.). / L. André, les États chrétiens des Balkans depuis 1815 (Alcan, 1918). / G. Gravier, les Frontières historiques de la Serbie (A. Colin, 1919). / N. Jorga, Histoire des États balkaniques jusqu’à 1924 (Gamber, 1925). / J. Mousset, la Serbie et son Église, 1830-1904 (Droz, 1939). / M. de Vos, Histoire de la Yougoslavie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1955 ; 2e éd., 1975). / G. Castellan, la Vie quotidienne en Serbie au seuil de l’indépendance, 1815-1839 (Hachette, 1967). / Y. Castellan, la Culture serbe au seuil de l’indépendance, 1800-1840 (P. U. F., 1967).

Sérères ou Serers

Ethnie du Sénégal* occupant l’ouest de la région de Thiès (Sérères N’doutes et Sérères Nones), le Sine, le Saloum et la limite sud-ouest du Ferlo.


Dans les îles basses et les tanne (zone d’argile et de sable salé) du Saloum vit un sous-groupe sérère, les Nyominkas, pratiquant la pêche, la récolte du sel et la culture du riz. Le climat de cette région est celui de la zone sahélienne : une saison sèche de novembre à mai et une saison des pluies de juillet à octobre.

C’est une population d’agriculteurs sédentaires qui regroupe environ 500 000 personnes. L’agriculture des Sérères présente un système intensif associant la culture à l’élevage bovin. Traditionnellement, le troupeau est utilisé systématiquement pour fumer les champs de mil et de sorgho ; des plantations espacées de kad (Acacia albida) assurent à la fois de l’ombrage et de l’engrais vert pour ces cultures. La sélection des mils et des sorghos selon la nature des sols et la diversité des espèces permet l’étalement des travaux agricoles. Autrefois, les paysans pratiquaient une rotation des cultures sur trois ans : une année de mil, une année d’arachide et une année de jachère avec les engrais. Les femmes cultivaient aussi le riz dans les bas-fonds. Aujourd’hui, l’agriculture céréalière a dû faire une plus grande place à l’arachide, ce qui a provoqué la mise en exploitation de tout le terroir et des changements économiques profonds.