Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sélection végétale (suite)

Cet inconvénient est surmonté par la réalisation de croisements entre lignées. Cette hybridation finale permet de parvenir aux trois objectifs poursuivis.
1. L’homogénéité. Les hybrides de la première génération sont, en effet, aussi homogènes que leurs lignées parentales.
2. La vigueur. Due à l’effet d’hétérosis, elle est maximisée par la recherche des combinaisons les plus adéquates entre les lignées.
3. La création de génotypes adaptés à de nouveaux milieux ou à de nouvelles conditions de culture. Elle s’obtient par le choix possible dans la gamme des combinaisons réalisables entre lignées d’origines génétiques différentes.

Ce schéma d’amélioration, qui bouleverse le mode de reproduction habituel de ces espèces, doit surmonter certaines difficultés pratiques.
— Il est nécessaire d’imposer un système consanguin dans la première phase de création des lignées ; le contrôle ou la réalisation de ce mode de reproduction doivent être fréquemment effectués manuellement.
— Il faut assurer l’interfécondation absolue entre les lignées au stade final de réalisation des hybrides. Cette hybridation dirigée est rendue possible par la castration de l’un des parents, par l’utilisation de systèmes d’auto-incompatibilité chez certaines espèces ou encore par l’introduction d’une stérilité mâle à contrôle génétique chez l’un des géniteurs (cependant, si l’hybride est utilisé pour ses semences, sa fertilité doit être assurée).
— Il convient de produire une semence hybride, au meilleur coût, bien que la lignée femelle parentale portant les graines hybrides soit peu fertile en raison de la dépression de vigueur qui l’affecte. C’est ainsi qu’il est parfois préférable de créer des hybrides doubles par croisement de deux hybrides simples ou des hybrides à trois voies par croisement d’un hybride simple (femelle) par une lignée : la semence commerciale est ainsi récoltée sur un parent hybride simple, productif.
— Enfin, chez certaines espèces (Graminacées et Légumineuses fourragères notamment), le schéma complet est difficilement applicable en raison de la difficulté d’obtenir l’homozygotie des lignées (polyploïdie, dépression de vigueur très forte...), des difficultés de castration pour le contrôle de l’hybridation et du faible coût nécessaire de la semence.

Les cultivars seront alors des variétés synthétiques créées par la multiplication, en quelques générations, d’un nombre limité de lignées (de 4 à 8) incomplètement homozygotes.

• La sélection des plantes à reproduction végétative
La multiplication végétative est un système de reproduction essentiellement conservatif, et les variétés cultivées sont des clones, ensemble d’individus génétiquement identiques, car provenant d’un même individu initial sans reproduction sexuée.

Cependant, ces variétés, parfois cultivées durant de nombreuses décennies, peuvent accumuler des mutations et devenir des populations de clones. Une sélection généalogique permet le repérage et l’isolement des meilleurs variants.

Mais la variabilité génétique est plus généralement provoquée chez les clones par le passage à la reproduction sexuée. Les croisements entre variétés, la mutagenèse ou encore l’exploitation de leur état hétérozygote par l’autofécondation créent des structures génétiques nouvelles qui sont immédiatement stabilisables par le retour à la reproduction asexuée normale.

La sélection des meilleures descendances issues de semis, requérant un nombre important d’individus, est, toutefois, fréquemment longue, en raison du taux de multiplication faible de nombreuses espèces (Pomme de terre, plantes florales, etc.) ou de la durée de chaque génération de multiplication (arbres fruitiers).


L’aboutissement de la sélection. L’inscription des nouvelles variétés au Catalogue officiel

Une variété nouvelle ne peut accéder d’emblée à la commercialisation. Elle doit, au préalable, avoir mérité son inscription au Catalogue officiel des espèces et variétés cultivées.

Les épreuves imposées, qui sont codifiées en France par le Comité technique permanent de la sélection (C. T. P. S.), tendent à apprécier :
— l’intérêt génétique de la nouvelle variété (stabilité des lignées pures, nouveauté, identité permettant de la reconnaître, homogénéité) ;
— la valeur culturale et d’utilisation (rendement, régularité du rendement [résistances aux adversités climatiques et pathologiques], qualité du produit).

Depuis le 1er janvier 1972, un catalogue communautaire (C. E. E.) se superpose aux catalogues nationaux et assure la libre circulation en Europe des variétés qui y sont inscrites.

Enfin, toute variété végétale est, en France, protégée par la loi sur la protection des obtentions végétales, résultant d’une convention internationale, dite « Convention de Paris » (1961).


La sélection conservatrice : la production de semences et de plants

Les variétés admises à la commercialisation par leur inscription au Catalogue officiel doivent pouvoir être mises continuellement à la disposition des producteurs.

La production des semences ou des plants nécessaires chaque année est réalisée à l’aide d’un système conservatif qui présente un double objectif :
— entretenir l’identité génétique des variétés en évitant les risques de variation d’ordre génétique pour les plantes à reproduction sexuée ou de dégénérescence sanitaire pour les plantes à reproduction végétative ;
— produire à partir des constituants génétiques de base, soigneusement entretenus et contrôlés, les tonnages de semences ou de plants requis.

Les méthodes de sélection et de production de reproducteurs, fondées sur la filiation génétique, sont régies par des règlements techniques.

Élaborés par des instances à caractère législatif, les Commissions officielles de contrôle (C. O. C.), ces règlements sont mis en œuvre par le Service officiel de contrôle et de certification (S. O. C.).

Par un ensemble de contrôles réalisés tant en cours des générations de multiplication que sur les semences résultantes, la qualité des produits ainsi sélectionnés peut être, en définitive, certifiée.