Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Seine-Maritime. 76 (suite)

L’économie

L’agriculture très intensive du pays de Caux et à un moindre degré l’élevage du pays de Bray placent la Seine-Maritime aux premiers rangs des départements agricoles français pour la production de lin (premier département français, un tiers de la production nationale), de betterave sucrière (6,3 Mq), de viande bovine (42 000 t, premier rang), de lait (7,5 Mhl, quatrième rang). Le fermage domine parmi les exploitations agricoles. Une lente concentration s’opère au profit des exploitations moyennes (de 25 à 50 ha) et d’un fort noyau de grandes exploitations (de 50 à 150 ha).

L’activité maritime donne à l’économie du département ses impulsions décisives.

La pêche, particulièrement la pêche de la morue, fait toute l’animation du petit port de Fécamp (10 000 t de prises) et contribue aussi beaucoup à l’activité de Dieppe (8 000 t).

Le trafic maritime des passagers transatlantiques a fait jadis la fortune du Havre. Concurrencé par l’avion, il est remplacé par le passage en nombre croissant de voyageurs en provenance de Grande-Bretagne ou y allant. Le Havre, en relation avec Southampton, et Dieppe, en rapport avec Newhaven, se classent ainsi au quatrième et au cinquième rang des ports français de passagers (respectivement 785 000 et 605 000 passagers en 1975).

L’importation du pétrole est devenue au cours des vingt dernières années la grande affaire du Havre, dont le trafic en ce domaine ne cesse de croître. Le Havre est le deuxième port pétrolier français après Marseille (61 Mt en 1975). À la tête du puissant complexe pétrolier de la Basse Seine, Le Havre améliore ses équipements par la construction du terminal pétrolier d’Antifer, qui accueillera prochainement des pétroliers géants de plus de 500 000 t.

L’importation de minerais, de matières premières, de fruits, l’exportation de céréales, de voitures, de produits manufacturés, le trafic par conteneurs donnent aux activités des ports du Havre, de Rouen, et, à un moindre degré, de Dieppe une très grande diversité et animation. Pour les marchandises diverses, Le Havre et Rouen se classent respectivement au deuxième et au quatrième rang des ports français. Leur trafic total (y compris le pétrole et les minerais) a été respectivement de 72,1 et 12,8 Mt en 1975.

L’industrie se concentre principalement dans la basse vallée de la Seine. L’industrie textile, la plus ancienne, est en déclin. Les filatures et les tissages de cotonnades de Rouen, d’Oissel, de Darnétal, de Malaunay, de Barentin, de Bolbec, d’Elbeuf traitent un peu plus de 10 p. 100 du coton travaillé en France.

Le raffinage du pétrole et la pétrochimie tiennent la première place en France (le tiers du raffinage). Les usines pétrochimiques se trouvent à proximité des grandes raffineries de Gonfreville-l’Orcher (Compagnie française de raffinage), près du Havre, de Notre-Dame-de-Gravenchon et de Port-Jérôme (Mobil Oil et Esso Standard), entre Le Havre et Rouen, et de Petit-Couronne (Shell), près de Rouen. Cette activité, d’une très grande importance économique, emploie relativement peu de main-d’œuvre.

La métallurgie, plus dispersée et plus diversifiée, constitue la première branche industrielle pour le nombre des emplois. Les constructions navales (Le Havre, Le Trait) ont une activité réduite. Mais, après une période difficile, la relance est assurée par les constructions automobiles de la Régie Renault (Cléon, près d’Elbeuf, Sandouville, près du Havre), par l’entretien des navires et la construction de plates-formes de forage (Le Havre), par des industries métallurgiques diverses et des constructions de matériel électrique et électronique (Rouen, Le Havre, Barentin).

À ces trois branches principales s’ajoutent des activités diverses, parmi lesquelles notamment des industries alimentaires, le travail du bois au Havre, les papeteries de Rouen et, hors de la Basse Seine, l’horlogerie de l’Aliermont et la verrerie de la vallée de la Bresle.


L’aménagement régional

La population n’a pratiquement pas cessé d’augmenter depuis le début du xixe s., s’élevant de 610 000 personnes en 1801, à 850 000 en 1901, 941 000 en 1954, 1172 743 en 1975. Une forte fécondité, tradition des campagnes cauchoises, a toujours soutenu cette croissance. Aujourd’hui encore, la Seine-Maritime se distingue par le taux élevé de la natalité (19 p. 1 000 en 1969 ; moyenne nationale : 16,7 p. 1 000) et la vigueur de l’accroissement naturel (9 p. 1 000 ; moyenne nationale : 5,4 p. 1 000). Mais ce sont surtout les grandes agglomérations de Rouen et du Havre qui ont fixé la population grâce au dynamisme de leurs activités : actuellement, elles rassemblent environ 55 p. 100 de la population du département. Les agglomérations de Lillebonne - Notre - Dame - de - Gravenchon, du Trait, d’Elbeuf (19 506 hab.) font également partie de la Basse Seine, alors qu’en dehors de cette région vitale les bourgs du pays de Caux stagnent, que Le Tréport (6 850 hab.), Fécamp (22 228 hab.) se développent mal et que Dieppe (26 111 hab.) ne joue pas encore vraiment le rôle de pôle d’entraînement qui pourrait être le sien en contrepoint de la vallée de la Seine.

Ainsi, alors que les perspectives offertes aux campagnes et au littoral restent incertaines, Le Havre et Rouen attendent en l’an 2000 entre 900 000 et 1 200 000 habitants. Où les accueillir sans rompre l’harmonie du cadre de vie ? Les schémas d’aménagement prévoient des dessertes autoroutières sur les plateaux, de grandes coupures vertes pour bien isoler les agglomérations, la promotion (déjà très avancée) d’une vaste zone industrielle dans l’estuaire entre Harfleur et Tancarville et, pour les zones résidentielles, une structuration sur des points d’appui secondaires autour de l’agglomération principale : Barentin, Bourg-Achard, Elbeuf et la ville nouvelle du Vaudreuil, autour de Rouen ; Harfleur-Gonfreville-l’Orcher, Montivilliers, Saint-Romain-de-Colbosc et Honfleur, autour du Havre. La Basse Seine industrielle, jusqu’à maintenant confinée sur la rive droite du fleuve, franchirait résolument celui-ci, les deux agglomérations principales s’étendant vers les départements de l’Eure (Bourg-Achard, Le Vaudreuil) et du Calvados (Honfleur). Le franchissement de l’estuaire par un ou deux nouveaux ponts consacrerait cette nouvelle tendance régionale situant les expansions majeures de la fin du siècle dans un triangle Rouen - Caen - Le Havre.

A. F.

➙ Havre (Le) / Normandie / Rouen / Seine.