Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Secondaire (suite)

Les événements essentiels du Secondaire, capitaux pour comprendre la géographie actuelle du globe, sont, d’une part, les mouvements de séparation et de jeu relatif des deux blocs dans la zone instable dite « de la Téthys » et, d’autre part, l’« éclatement » de chacun des blocs par le mécanisme dit « d’ouverture océanique ». Ce mécanisme, continu et qui dure encore actuellement, consiste en la fracturation des blocs continentaux, en leur séparation donnant naissance à un océan. Par suite de l’expansion des fonds océaniques (sea-floor spreading), l’ouverture progressive des océans entraîne l’écartement, puis la dérive des blocs continentaux. Ce mécanisme, qui a donné naissance aux océans comme l’Atlantique ou l’Indien, est de plus responsable de la formation des importantes cordillères périocéaniques. La théorie moderne de la tectonique des plaques a bien montré que l’antagonisme entre blocs mobiles (surtout entre domaine océanique et masses continentales) entraînait la naissance de chaînes bordières du type de la bordure pacifique (chaînes bordières de type andin).

Les premières étapes, les plus déterminantes, de ce mécanisme ont eu lieu au cours du Secondaire.

De – 180 MA à – 135 MA, c’est l’ouverture de l’océan Atlantique et de l’océan Indien. Ces océans, d’abord étroits, reçoivent peu à peu des dépôts. Ils ne contiennent guère de sédiments plus vieux que – 150 MA. La fin du Jurassique (– 135 MA) marque le début de la séparation Amérique du Sud-Afrique et Afrique-Inde.

Au début du Crétacé, c’est le pivotage de l’Amérique du Sud, qui s’écarte de l’Afrique, et le pivotage de l’Inde, qui s’éloigne également de l’Afrique.

Au Crétacé moyen, puis au Crétacé supérieur (environ de – 100 MA à – 70 MA), il y a rupture complète entre l’Australie et l’Antarctique et fissuration du bloc Europe (ouverture du golfe de Gascogne).

Pendant ce temps, des mouvements semblant antagonistes se développent dans la zone de la Téthys, où l’instabilité est fréquente : en particulier, une interaction constante entre blocs africain et eurasien domine l’histoire complexe des géosynclinaux mésogéens (de Gibraltar à la Birmanie ?). Des dislocations au Trias, au Jurassique supérieur et surtout au Crétacé moyen (– 100 MA) aboutissent au bâti de ce qui deviendra le système alpin, disposé perpendiculairement à l’axe de la grande disjonction atlantique.


Les événements géologiques à l’échelle des continents

Les conséquences géologiques de ces mouvements, qui affectent une bonne partie du globe, sont très grandes. Elles se traduisent tant au point de vue sédimentaire que tectonique (types de dépôts, agencement de ceux-ci). Au Trias, les profondes dislocations ayant fracturé et fait jouer les blocs continentaux sont aussi à l’origine d’importantes coulées basaltiques. C’est le début d’une grande période d’immersion des continents par les mers au Jurassique. Si les océans ne sont qu’ébauchés, les surfaces marines n’en sont pas restreintes pour autant : en effet, des vastes mers peu profondes recouvrent une large surface des aires continentales, par exemple toute l’Europe occidentale, où les invasions marines ont atteint la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne et l’Afrique du Nord. Au Jurassique supérieur, la phase orogénique andine ou névadienne marque une étape importante dans la construction des cordillères ouest-américaines. Pendant le Crétacé, période relativement longue (70 MA), l’ébauche d’un nouveau monde se poursuit. Il existe encore des zones d’importants dépôts marins ; le Crétacé moyen (– 100 MA) marque l’extension maximale de la transgression marine. Ensuite, le trait dominant de la géologie du Secondaire va s’effacer ; les vastes mers épicontinentales vont se réduire et disparaître pour la plupart. Les phases orogéniques se succèdent : au Crétacé inférieur, au Crétacé moyen (phase autrichienne), au Crétacé terminal (phase laramienne). Ces phases aboutissent à la construction des chaînes pacifiques, asiatiques, à l’ébauche des Pyrénées (à la suite de l’ouverture du golfe de Gascogne) et développent une « embryogenèse » de toutes les chaînes du système alpin.

Ainsi, les événements géologiques du Secondaire sont-ils particulièrement importants en France puisqu’ils expliquent la formation ultérieure des Pyrénées et des Alpes ; mais les dépôts secondaires occupent par ailleurs dans le pays une très large place bien visible sur une carte géologique : en effet, les transgressions marines, venant d’abord du domaine mésogéen, puis, dès le Crétacé, partant du jeune Atlantique, ont envahi presque tout le territoire : elles ont donc recouvert le soubassement primaire, à l’exception de quelques zones émergées (Massif central, Massif armoricain). Peu profondes, mais très étendues, ces mers ont formé de vastes platiers récifaux où se sont formés les calcaires à entroques, à oolites et polypiers (Jurassique de Bourgogne, Lorraine, Poitou, Causses...), les calcaires à polypiers du Crétacé provençal, ou bien aussi les vasières fines qui ont donné naissance à la craie de Normandie, de Picardie ou de Champagne.

P. F.

➙ Ammonites / Bélemnites / Dinosaures / Fossiles / Géologie / Gymnospermes / Océan / Paléontologie / Primaire / Tertiaire.

seconde

Unité de temps du système international d’unités (symb. : s) équivalant à la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133.


Cette définition, qui a été adoptée en 1967 par la XIIIe Conférence générale des poids et mesures, remplace la définition antérieure appliquée à la seconde des éphémérides et aux termes de laquelle « la seconde est la fraction
1/31 556 925, 974 7
de l’année tropique pour 1900 janvier zéro, à 12 heures de temps des éphémérides » (décret no 61-501 du 3 mai 1961, Comité international des poids et mesures 1956, Conférence générale des poids et mesures, 1960). Auparavant, la seconde était la fraction 1/86 400 de la durée du jour solaire moyen, comme l’avaient légalisée en France la loi du 2 avril et le décret du 26 juillet 1919.

La seconde telle qu’elle est définie actuellement est aussi appelée seconde atomique afin d’éviter la confusion avec la seconde des éphémérides et la seconde solaire, qui étaient l’une et l’autre des secondes astronomiques.