Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Secondaire (suite)

Les recherches contemporaines ont montré que les événements géologiques qui se sont déroulés pendant cette période étaient aussi passionnants que les étapes de l’évolution du monde vivant. Cette grande période correspond en effet à la dislocation des édifices précédemment construits, les continents et les chaînes primaires ; il s’y prépare le bâti de ce qui deviendra les chaînes alpines et péripacifiques, cela pouvant s’expliquer par un phénomène à l’échelle du globe ; le Secondaire est la période de la naissance, de l’« ouverture » des Océans actuels. Sa connaissance est donc indispensable à la compréhension des structures modernes de la Terre.

Ces faits se sont déroulés sous des climats différents de ceux d’aujourd’hui, ou bien répartis différemment : les changements possibles de latitude sont explicables par les mouvements relatifs des pôles et des continents. Les climats ont été dans l’hémisphère Nord assez chauds (de 5 à 10 °C en moyenne de plus que de nos jours, ce qui explique l’importance des formations calcaires au cours du Jurassique et du Crétacé et plus particulièrement des édifices coralliens). Ils se sont refroidis lentement au Crétacé supérieur. Les territoires de l’hémisphère austral soumis aux glaciations à la fin du Primaire ont connu par contre un lent réchauffement.


La vie aux temps secondaires

L’ère secondaire est marquée par :
— l’absence de certains groupes connus au Primaire qui ont disparu au cours ou à la fin de cette ère, par exemple les Graptolites, les Trilobites, les Fusulines ;
— la diminution progressive et la disparition de certains autres au cours du Trias, du Jurassique ou du Crétacé (par exemple parmi les Brachiopodes, l’important groupe des Spirifers ; chez les végétaux, les Ptéridospermées [Fougères à graine], les Cordaïtes ; chez les Vertébrés, les Batraciens géants) ;
— le remarquable développement, suivi de la spectaculaire apogée, puis de la disparition à la fin de l’ère de groupes comme les Ammonites ou les Reptiles géants ;
— l’apparition de formes qui ont actuellement une importance considérable, les Oiseaux, les Mammifères et les végétaux angiospermes.

Dans les mers secondaires, nombreux sont les genres et espèces représentés. On constate un développement des Échinodermes* (Oursins et Encrines, dont les débris forment les calcaires à entroques), et on assiste avec les Nérinées (Gastropodes), les Polypiers (Madréporaires) ou les Algues Mélobésiées à la formation de nombreux calcaires « construits ». Les Céphalopodes* pullulent, non seulement les Ammonites, mais aussi les Bélemnites* et les Nautiles. Les Foraminifères* sont nombreux et jouent un rôle de constructeurs de roches (Orbitolines) ou de marqueurs stratigraphiques (Globotruncanidés).

Le monde continental est colonisé depuis le Primaire. Mais il ne reste que pour peu de temps encore des Batraciens (Amphibiens) géants, vestiges de cette ère. Les Reptiles primitifs ont déjà, à l’aube du Secondaire, subi une diversification : ils ont été séparés en une lignée reptilienne et une lignée mammalienne, par un phénomène de divergence très précoce.

Les Reptiles* sont donc un groupe très hétérogène ; c’est une juxtaposition de formes très spécialisées et de formes très discrètes représentant des groupes souches. Après la souche des Mammifères, ils comporteront la souche des Oiseaux, la souche aussi des Reptiles actuels ; les Crocodiles apparaissent au Jurassique, les Ophidiens (Serpents) au Crétacé. Les formes spécialisées sont évidemment plus connues : c’est le développement, puis la disparition (après dégénérescence ?) de ces Reptiles géants dont les reconstitutions abondent. Ils ont en effet peuplé tous les milieux terrestres, marins, aériens, illustrant quelques-unes des meilleures possibilités d’adaptation.

• Milieu terrestre. Les plus connus sont les Dinosaures*, dont l’âge d’or se situe au Jurassique et au Crétacé inférieur ; la diversification a abouti à d’énormes et paisibles herbivores (30 m de long, 50 t) ou à de féroces carnassiers (Tyrannosaures).

• Milieu marin. Les Ichtyosaures témoignent d’une parfaite adaptation au mode de vie aquatique (forme, appareil natatoire, y compris viviparité).

• Milieu aérien. Les Reptiles volants (Ptérosaures) conquièrent le monde aérien dès – 180 MA.

À côté de ces formes adaptées se développent les petits Mammifères primitifs (fin du Trias, début du Jurassique), auxquels succèdent des Multituberculés, des Marsupiaux, qui seront nombreux au Crétacé. Une évolution parallèle existe dans les formes aviennes. L’Archæopteryx* (à caractères intermédiaires entre Oiseaux et Reptiles) vit au Jurassique (– 140 MA). Le milieu aérien verra ensuite le développement des Oiseaux à dents (– 80 MA).

Chez les végétaux, où c’est l’apogée des Gymnospermes*, il existe des formes « vieillissantes » (Cycas, Ginkgo) ; mais les Conifères ont une place importante. Il y a surtout au Crétacé moyen le développement des Angiospermes* (Dicotylédones). En même temps que les plantes à fleurs apparaissent les Insectes butineurs (Papillons, Abeilles, Fourmis) : tous les grands ordres d’Insectes sont alors représentés.

La fin du Secondaire (c’est-à-dire la fin du Crétacé) est la période posant le problème paléobiologique le plus difficile. Beaucoup de groupes actuels existent au Crétacé, beaucoup de groupes survivent au Tertiaire sans être affectés : les Nautiles, les Insectes, les Poissons, les Crocodiles, les Tortues, etc., comme autant de formes « conservatrices ». Par contre, beaucoup de formes (celles qui étaient très « évoluées ») disparaissent (Reptiles géants, Ammonites, beaucoup de Foraminifères, un quart des familles animales au total) sans que l’on puisse donner d’explication convaincante (modifications climatiques, paléogéographiques, cosmiques ?).


La Terre au Secondaire

Au début du Secondaire, la surface du globe peut être décrite comme un assemblage de deux supercontinents :
— le bloc laurasien (Amérique du Nord, Groenland, Europe, Asie du Nord) ;
— le bloc gondwanien (Amérique du Sud, Afrique, Inde, Australie, Antarctique).