Explorateur britannique d’origine écossaise (Devonport 1868 - dans l’Antarctique 1912).
Héros malheureux de la découverte du pôle Sud, Scott tient une grande place dans l’histoire contemporaine de la Grande-Bretagne, et sa fin tragique reste un symbole de la volonté et du courage du peuple britannique. Lorsque tout espoir de revenir vivant lui est ôté, il laisse un message à un ami : « Nous sommes en train de montrer que les Anglais savent encore mourir en braves » ; et à un autre : « Nous avons atteint le pôle et nous mourrons en gentlemen. »
Pourtant, l’Amirauté britannique semblait avoir choisi le succès lorsqu’elle avait désigné Scott pour la dernière grande découverte géographique : d’une noble famille, apparentée à sir Walter, Scott s’engage dans la marine à treize ans. Il s’y distingue, franchit vite les échelons de la hiérarchie et, grâce au soutien du président de la Société de géographie de Londres, Clements Robert Markham, obtient la direction d’une expédition de découverte dans l’Antarctique*. Parti avec le Discovery en 1901, il explore la barrière de Ross et, après l’hivernage de 1902, lance un raid vers le sud, accompagné de Ernest Henry Shackleton, avec peut-être l’ambition cachée d’atteindre le pôle lui-même : ils dépassent 82° de latitude. Mais, plus tard, c’est son compagnon, devenu son rival, qui se verra confier la tâche de parvenir jusqu’à 90° de latitude : le 6 janvier 1909, Shackleton est à 150 km du pôle. Il lui faut pourtant faire demi-tour, ses provisions étant à peine suffisantes pour assurer sa survie et celle de ses compagnons. Cet échec permet à Scott de se voir confier l’ultime étape, qui apparaît vraiment à la portée immédiate des Anglais.
Scott établit sa base de départ au cap Evans, au pied du volcan Erebus, le 4 janvier 1911. Peu après, les Anglais ont la désagréable surprise, au cours d’une reconnaissance, de découvrir des concurrents, les Norvégiens de Roald Amundsen*. « Le voyage vers le pôle n’est pas une course au clocher », écrira Scott à un ami. Pourtant, c’est bien une course qui est entamée, et le temps presse. Mais l’Anglais ne peut se mettre en route que le 1er novembre 1911, avec douze jours de retard sur Amundsen. Il est tout de suite handicapé par le mauvais état physique de ses poneys et par d’affreuses tempêtes de neige : il lui faudra plus de six semaines d’une marche très pénible pour atteindre le plateau antarctique. Les dernières étapes se font, très durement, avec quatre compagnons. Le 16 janvier 1912, c’est l’atroce déception qui accompagne la découverte des traces d’un campement d’Amundsen. Le surlendemain, le pôle est enfin atteint, et les Anglais y trouvent une tente dressée par Amundsen, avec un amical message de ce dernier. Il y a 1 280 km à franchir pour retrouver la base côtière : tous les Anglais périront d’épuisement dans le calvaire du retour, et Scott, dont le corps et les messages seront retrouvés la même année, survivra sans doute le plus longtemps, quelques heures après avoir écrit les dernières phrases de son journal, le 29 mars : « Nous ne cessons de nous affaiblir, comme de juste, et la fin ne saurait plus tarder. C’est désolant, mais je ne me sens pas capable d’en écrire davantage. »
S. L.
S. Gwynn, Captain Scott (Londres, 1929 ; trad. fr. Scott et la conquête du pôle Sud, Payot, 1932). / R. F. Scott, Scott’s Last Expedition (Londres, 1913, 2 vol. ; trad. fr. partielle le Pôle meurtrier. Journal de route du capitaine Scott au pôle Sud, Hachette, 1936). / E. Peisson, la Route du pôle Sud (Grasset, 1957).