savon (suite)
Les savons possèdent, comme la bile, une action antitoxique ; ils peuvent atténuer aussi bien des bactéries virulentes que des virus et neutraliser des toxines actives. De plus, ils ont manifesté une action antipoison remarquable envers certains alcaloïdes comme la strychnine et la vératrine. L’administration de médicaments alcaloïdiques pourrait être, avec avantage, prescrite sous forme de savon de la base organique ou à l’état de sel minéral, comme il est classique de le faire, mais accompagné d’un excès de savon alcalin.
Savons spécialisés
• Savons désodorants. La plupart des odeurs corporelles sont dues à des fermentations microbiennes, ce qui conduit à introduire des bactériostatiques dans les savons de toilette en recherchant des substances non irritantes et aussi peu toxiques que possible. Aux États-Unis, on a utilisé une série de diphénols chlorés, à laquelle appartient l’hexachlorophène (G 11), qui, malgré ses propriétés bactéricides, est contre-indiqué pour la toilette des jeunes enfants. De plus, l’hexachlorophène peut provoquer une légère coloration dans les savons blancs. On a donc proposé de lui substituer son carbamate, ou G 11 C. Dans la série des dérivés de l’urée, les TTC (trichlorocarbanilides) sont reconnus comme capables de conférer un excellent pouvoir antiseptique aux savons sans présenter les inconvénients du G 11, mais il convient de les utiliser à la température ambiante, une légère dégradation pouvant se produire dès 80 °C.
• Savons amaigrissants. Ils ont bénéficié d’une certaine vogue aux États-Unis. Ils étaient constitués par une pâte surgraissée ou sous forme d’un onguent délivré en tube ; le mélange amaigrissant, de formules diverses, contenait notamment de l’iodure de potassium.
• Savons parasiticides et insecticides. La lutte moderne contre les ennemis des cultures a débuté par l’emploi des savons au pyrèthre, que le biologiste suisse Faës a préconisé pour combattre le mildiou de la vigne, les insectes ainsi que les parasites des plantes et des animaux.
Les savons au DDT, au soufre, au polysulfure de sodium sont recherchés par les campeurs et les personnes exposées aux insectes, la protection étant acquise par le port de vêtements de laine imprégnés de savons spécialisés. La protection contre les mites s’obtient par lavage de l’objet avec un savon qui nettoie et protège à la fois ; celui-ci doit contenir des composés non volatils, à base soit de produits minéraux (fluorures, sels de sélénium), soit de produits fournis par la synthèse organique de la série aromatique contenant chlore et phosphore.
M.-Th. F.
➙ Détergent / Glycérol ou glycérine / Oléagineux.
E. G. Thomssen et J. W. Mac Cutcheon, Modern Soap Making (New York, 1937 ; nouv. éd. Soaps and Detergents, 1949). / A. Matagrin, Manuel du savonnier (Gauthier-Villars, 1946). / W. A. Poucher, Parfums, cosmétiques et savons (Dunod, 1951). / J. Bergeron, Savons et détergents (A. Colin, 1952). / J. Davidson et coll., Soap Manufacture (New York, 1953). / Schweizerische Gesellschaft für analytische und angewandte Chemie, Seifen und Waschmittel (Berne, 1955 ; trad. fr. Savons et détergents, Masson, 1957). / E. S. Pattison, Fatty Acids and their Industrial Application (New York, 1968). / C. X. Cornu, les Savons et les détergents (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970).