Actinie (suite)
Unique orifice du corps, la bouche apparaît comme une fente dilatable, pourvue à ses deux extrémités d’orifices constamment ouverts, les siphonoglyphes, qui marquent les faces dorsale et ventrale. À la bouche fait suite un pharynx court, tandis que les siphonoglyphes se prolongent par deux gouttières ciliées assurant un courant d’eau respiratoire continu. Puis vient la cavité gastrique, subdivisée en loges verticales par des cloisons, dont la disposition ne peut être comprise qu’en en suivant l’apparition sur la face interne de la paroi. Les cloisons portent sur leur bord libre un bourrelet entéroïde contourné, qui intervient dans la digestion ; sur le côté font saillie des muscles servant à la rétraction et les gonades ; quand elles existent, les aconties s’insèrent sur le bord libre des cloisons. Le système nerveux forme un réseau diffus dans la paroi du corps, les cloisons et les tentacules.
Les sexes sont séparés. Les cellules mâles, émises par la bouche, fécondent les ovules dans la cavité gastrique de la femelle, où se déroule en général le début du développement, par segmentation totale, jusqu’à la larve ciliée, dite planula. Celle-ci sort par la bouche de la mère, se fixe et donne un polype. On connaît des Actinies vivipares, dotées de dispositifs d’incubation particuliers.
Dans la cavité gastrique de la jeune Actinie apparaissent bientôt six paires de cloisons, délimitant six loges et six interloges. Les cloisons se forment toujours par paires, en cycles successifs, dans les interloges ; chez l’Actinie achevée, elles n’ont donc pas toutes le même âge ; c’est au cours de leur évolution que chacune d’elles porte une gonade. À chaque loge correspond un tentacule ; les tentacules apparaissent également par cycles, en cercles de plus en plus externes, par multiple de six.
Les Actinies présentent diverses modalités de multiplication asexuée : fissuration longitudinale à partir de la bouche, lacération de fragments du disque pédieux, fissuration transversale. Parallèlement, leur pouvoir de régénération est très développé.
Diverses Actinies vivent en association avec des Crustacés. Sagartia (ou Calliactis) peut se fixer sur une coquille vide, mais se rencontre surtout sur les coquilles occupées par un Pagure ; quand il change de coquille, celui-ci peut inciter l’Anémone à rejoindre son nouveau domicile, où l’y fixe lui-même. L’association entre Adamsia palliata et Eupagurus prideauxi est une véritable symbiose ; l’Actinie se déforme si bien que son pied prolonge l’orifice de la coquille, entoure l’abdomen du Bernard-l’Ermite et grandit avec lui, et que son péristome se place sous la bouche du Crustacé et recueille les débris de ses repas. Aux îles Seychelles, le Crabe Melia tient dans chaque pince une petite Actinie du genre Bunodopsis. Pour les Actinies, les avantages de ces associations sont surtout d’ordre nutritif.
Dans les récifs coralliens, des Actinies, comme Stoichactis, sont accompagnées de petits Poissons du genre Amphiprion (Pomacentridés), qui leur apportent de la nourriture et inhibent, on ne sait comment, le déclenchement des cnidoblastes.
On a étudié récemment le comportement d’Anémones de mer : réactions devant une coquille, occupée ou non par un Pagure, fuite devant une Étoile de mer, apprentissage. Chez ces animaux inférieurs, les réactions sont beaucoup plus complexes qu’on pourrait normalement s’y attendre et supposent donc une sensibilité chimique développée.
Quelques animaux ressemblent par leur allure et leur biologie aux Actinies, mais sont rangés dans d’autres ordres : Cerianthus, qui atteint 30 cm de long et vit fiché dans la vase dans un tube qu’il sécrète ; Edwardsia, qui s’enfonce dans le sable par son pied pointu. Par contre, les Madréporaires sont zoologiquement très voisins des Actinies, mais s’en distinguent par leur vie coloniale et leur polypier calcaire.
M. D.