Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

santé (suite)

La collaboration internationale s’exerce dans d’autres domaines. Il en est ainsi d’activités aussi variées que l’établissement d’étalons internationaux pour les substances biologiques (standardisation), de normes pour les pesticides et les appareils destinés à leur pulvérisation ; la préparation d’une pharmacopée internationale ; l’application des recommandations ou règlements ; l’étude et la diffusion des causes de décès ; la divulgation des renseignements épidémiologiques ; les propositions de dénominations communes pour des préparations pharmaceutiques ; l’échange des informations scientifiques ; etc.

Globalement, on peut estimer que le bilan de l’œuvre de l’O. M. S. est nettement positif. Mais, dans le tiers monde, des progrès devront encore être accomplis dans de nombreux domaines : protection maternelle et infantile, nutrition, santé mentale, hygiène dentaire, soins infirmiers, médecine sociale, médecine du travail, hygiène du milieu, administration de la santé publique, éducation de la population.

Bon nombre des programmes établis sont tributaires des grandes options politiques des pays concernés. Ainsi, les tentatives d’éradication du paludisme, du pian, de la variole, de la fièvre jaune, du trachome, de la lèpre, du typhus, des filarioses, des schistosomiases, pour ne citer que quelques-uns des aspects de lutte contre les maladies transmissibles, ne sont pas parvenues à un succès total. Ces échecs partiels, en dépit de campagnes coûteuses, paraissent essentiellement liés à des obstacles administratifs et politiques. L’exemple du choléra est instructif à cet égard : en omettant de signaler l’apparition des premiers cas sur leurs territoires, certains États membres ont retardé les moyens de lutte contre la vague épidémique de ces dernières années et ont empêché l’O. M. S. de tenir d’autres États informés de l’évolution de la situation épidémiologique. Dans de telles conditions, le choléra a de nouveau progressé, envahissant des pays d’Afrique d’où il avait disparu depuis cinquante ans. De même, l’inquiétante recrudescence des maladies vénériennes témoigne d’un certain défaut de coordination au niveau de l’organisation, puisque aussi bien la gonococcie est devenue l’un des premiers problèmes de santé publique, notamment dans les populations jeunes des États-Unis d’Amérique et dans la plupart des pays d’Afrique noire. On sait également qu’en 1973 15 millions d’individus atteints de tuberculose active bacillifère ont contaminé 50 millions d’enfants et d’adolescents. Enfin, on estime qu’il reste de par le monde environ 500 millions d’ankylostomiens, 400 millions de trachomateux, 300 millions de bilharziens, 250 millions de filariens, 12 millions de lépreux, 7 millions de personnes atteintes de la trypanosomiase américaine (maladie de Chagas). À ces fléaux s’ajoutent les maladies cardio-vasculaires, le cancer, les accidents, notamment ceux du trafic routier, les maladies mentales, les carences nutritionnelles et l’abus des drogues, auquel les adolescents toxicomanes paient le plus lourd tribut.

Par ailleurs, depuis quelques années, les problèmes posés par la pollution* de l’environnement* ont pris une ampleur considérable. Toutes les questions d’hygiène du milieu sont loin d’être résolues à l’échelle mondiale, et l’on sait que déjà aux niveaux nationaux peu de mesures ont pu être mises en pratique. Dans ce domaine, il est d’ailleurs des écueils parfois difficiles à prévoir : certaines réalisations de grande envergure pour l’approvisionnement en eau, après que de nombreux obstacles financiers et administratifs eurent été surmontés, se sont révélées aller à rencontre de leur but en favorisant les maladies transmises par l’eau.

L’O. M. S. doit s’intéresser également à la recherche scientifique pure, tant il est vrai que la recherche en définitive est féconde et économique. Cette action de l’O. M. S. a un corollaire : une nécessaire décentralisation. Pour intensifier ses travaux de recherche, l’O. M. S. a créé un réseau de 370 centres de référence équipés de laboratoires. Les membres des groupes d’experts sollicités parmi les spécialistes les plus éminents sont au nombre d’environ 2 600. Certains de ces groupes particulièrement importants sont de véritables instituts. Tel est le cas du Centre panaméricain des zoonoses, situé près de Buenos Aires, de l’Institut de la nutrition de l’Amérique centrale, de l’Institut de recherches sur les virus d’Afrique orientale, implanté à Entebbe (Ouganda), et du Centre international de recherches sur le cancer, créé à Lyon. Des programmes d’études sont en cours également sur la biologie de la reproduction humaine dans le cadre de la lutte particulièrement urgente contre la surpopulation. Il apparaît fondamental de trouver des techniques simples et peu onéreuses, car les pays sous-développés ne sauraient s’offrir le luxe de techniques dispendieuses. Un des projets les plus récents est celui de la création d’un réseau électronique d’information sanitaire reliant tous les pays à un centre situé à Genève.

Les résultats obtenus par l’O. M. S. et l’impulsion qu’elle a su donner en faveur des problèmes de santé du monde de notre temps sont à l’actif de cette institution, mais l’œuvre qui reste à accomplir est immense.

M. R.

 Bureau régional de l’Europe de l’O. M. S., l’O. M. S. en Europe (Copenhague, 1957). / J. Moricheau-Beauchant, la Santé dans le monde (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 2e éd., 1967). / O. M. S., les Dix Premières Années de l’Organisation (Genève, 1958) ; Recueil des résolutions et décisions de l’Assemblée mondiale de la santé et du Conseil exécutif, 1948-1967 (Genève, 1967) ; la Deuxième Décennie de l’O. M. S., 1958-1967 (Genève, 1968).

L’organisation nationale de la santé

Le ministère de la Santé publique est responsable de cette organisation. Créé en 1920 sous le nom de ministère de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociale, il est chargé de la protection sanitaire et sociale de la population (hygiène publique, hygiène sociale, immigration, politique familiale, etc.).

Le ministère des Affaires étrangères comprend un service s’occupant des relations avec l’Organisation mondiale de la santé (O. M. S.).

Le ministère de l’Agriculture supervise l’état sanitaire des animaux et l’hygiène de l’alimentation.