Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sang (suite)

Le calcium, moins important dans l’équilibre osmotique du plasma, joue un rôle primordial dans le métabolisme des os et dans l’équilibre du système nerveux. Les variations par rapport à son taux normal (0,100 g/l) sont corrigées soit par apport calcique, soit par action hormonale (parathormone) ou vitaminique (vitamine D et dérivés). Parmi les autres éléments minéraux, on dose le fer qui est combiné à la sidérophilline. On dose également le cuivre, l’iode et, si l’on soupçonne une intoxication, le plomb (qui ne se trouve qu’à l’état de traces dans le sang normal).

• Hormones. Les dosages des différentes hormones circulantes font appel à des techniques délicates et à des procédés indirects permettant d’apprécier le fonctionnement des glandes endocrines. Dans l’appréciation des fonctions thyroïdiennes, on dose l’iode protéique plasmatique et la fixation de l’iode radioactif ; dans celle des fonctions corticosurrénales, on peut doser le cortisol circulant, les 17-cétostéroïdes (v. stéroïdes) et l’aldostérone, mais ces dosages sont très complexes, et on les remplace par des épreuves de stimulation ou d’inhibition de la sécrétion ; l’étude de la sécrétion médullo-surrénale est plus facile avec le dosage des catécholamines (adrénaline, noradrénaline, dopamine) et de leurs métabolites. Les hormones ovariennes sont dosées dans les urines, où leurs taux sont d’appréciation beaucoup plus faciles que dans le sang.

• Médicaments, substances toxiques. Les progrès effectués ces dernières années dans le dosage de quantités infimes de substances (de l’ordre du microgramme) permettent de suivre la destinée des médicaments dans l’organisme et les variations dans le temps de leur concentration sanguine : c’est l’objet de la pharmacocinétique. Les mêmes procédés permettent de rechercher des substances toxiques diverses agissant à des doses très faibles.

• Microméthodes et analyses automatiques
Nous venons de voir que des doses infimes de substances peuvent être dosées ; un autre progrès consiste dans le fait que les analyses sont possibles maintenant avec des quantités très faibles de plasma (quelques gouttes là où il fallait plusieurs millilitres précédemment), ce qui permet de réduire la spoliation sanguine que constitue la prise de sang. Pour les corps les plus couramment dosés (urée, acide urique, cholestérol, glucose, transaminases, etc.) s’ajoute un autre progrès : le dosage automatique. Un appareil complexe effectue automatiquement toutes les opérations de dosage sur une vingtaine de corps à partir d’un échantillon de quelques millilitres, et il peut faire successivement en quelques heures des dizaines, voire des centaines d’analyses. Les résultats sont enregistrés graphiquement pour chaque malade sur un tableau qui précise les limites des valeurs normales et qui indique la position de chaque substance étudiée. Cela permet de faire un grand nombre de mesures sur un grand nombre de sujets en un temps réduit. En cas d’indication de taux anormaux, un dosage par les procédés classiques permet de confirmer et de préciser l’anomalie. Le prix de revient se trouve réduit, et la qualité de la surveillance biologique accrue. Enfin, dans certains cas, l’analyse automatique peut être mise à profit pour le dosage « en continu », c’est-à-dire la surveillance d’un élément donné dans le temps par des dosages répétés et rapprochés : on peut ainsi, au cours de soins intensifs, mesurer en permanence l’oxygène ou le gaz carbonique du sang et dépister instantanément tout écart de la normale.

Substances responsables d’intoxications décelables dans le sang

Oxyde de carbone

Normalement, le taux d’oxyde de carbone dans le sang (oxycarbonémie) est nul. On admet comme normale une concentration allant jusqu’à 3 cm3 p. 100. Une telle oxycarbonémie se voit chez les sujets vivant dans les grandes villes, ainsi que chez les gros fumeurs. Au-delà de 4 cm3 p. 100, on admet qu’il y a intoxication oxycarbonée.

Barbituriques

Bien que leur recherche se fasse surtout dans les urines, on admet qu’un taux sanguin supérieur à 30 µ/cm3 correspond à une intoxication.

Plomb

L’intoxication par le plomb (saturnisme) est relativement fréquente dans certaines professions : industries des peintures, imprimeries, etc. Le plus souvent, le sujet présente des signes suffisamment caractéristiques pour poser d’emblée le diagnostic : stries bleuâtres au niveau des gencives, accidents nerveux pouvant aller jusqu’à la crise d’épilepsie, coliques de plomb. La recherche de la plombémie confirme le diagnostic. À partir de 1 000 µg/l, l’intoxication est certaine.

Alcool

L’alcoolémie est exprimée en grammes d’alcool pur par litre de sang. La valeur 0,8 est importante pratiquement, car à partir de ce taux l’alcootest vire au vert. Au-dessus de 2 g, l’intoxication alcoolique (ivresse) est certaine. (V. alcoolisme.)


Éléments figurés, ou globules

Alors que, pour le plasma sanguin, les examens chimiques représentent pratiquement la totalité des investigations, les globules, outre leur composition chimique, présentent des caractères cytologiques qui permettent, par l’examen microscopique, de les différencier, de les compter et d’étudier leurs variations pathologiques.

• Composition chimique des globules
Cellules vivantes complètes (leucocytes) ou incomplètes (sans noyau, telles les hématies, les plaquettes, ou thrombocytes), les éléments figurés du sang ont la même composition complexe que les cellules des différents autres tissus. Aussi, en pratique, ne dose-t-on que certains de leurs éléments caractéristiques.

L’hémoglobine, constituant essentiel des hématies, est dosée soit en taux par comparaison avec un sang de sujet sain (de 90 à 100 p. 100 à l’état normal, de 40 à 80 p. 100 dans les anémies), soit pondéralement (de 14 à 15 g/l à l’état normal). On établit ensuite les rapports entre le nombre de globules et le taux d’hémoglobine (valeur globulaire) et entre le volume globulaire et la quantité d’hémoglobine.

La carboxyhémoglobine est mise en évidence par spectrométrie au cours des intoxications par l’oxyde de carbone (CO).

Dans des laboratoires spécialisés, on recherche également des hémoglobines anormales par le spectre d’absorption et par l’étude du pouvoir antigénique.

Les dosages de l’oxygène et du gaz carbonique du sang (presque entièrement contenus dans les hématies) apportent des renseignements sur l’hématose (échanges gazeux, respiration).