Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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sang (suite)

Les globulines (ou sérum-globulines) constituent un groupe très complexe comportant de nombreuses protéines, dont certaines sont encore mal connues. L’électrophorèse permet d’isoler des alpha1 et alpha2-globulines, des bêta1 et bêta2-globulines et des gamma-globulines, dont les poids moléculaires s’échelonnent de 70 000 à 1 000 000.

Les taux sanguins de l’albumine et des diverses globulines sont modifiés au cours de nombreuses affections ou maladies, telles que les états inflammatoires, les maladies de foie, certains états tumoraux, ainsi qu’au cours d’affections dites « dysprotéinémies », où le dérèglement des protéines plasmatiques constitue l’élément principal du diagnostic.

Les gamma-globulines sont, pour la plupart, synthétisées par les leucocytes et surtout par des cellules fixes, les plasmocytes. Ce sont, pour la plupart, des substances jouant un rôle dans l’immunité (immuno-globulines, dont on distingue plusieurs groupes) [v. immunité, immunologie et sérologie]. Mais certaines d’entre elles représentent les agglutinines des groupes sanguins (v. transfusion).

Les glycoprotéines sont des protéines contenant des glucides. Citons parmi les alpha1-globulines la transcortine (qui transporte le cortisol [la cortisone]) et parmi les alpha2-globulines la céruléoplasmine (v. plus loin).

Les lipoprotéines sont les protéines qui transportent les corps gras du sang (insolubles) : les alpha-lipoprotéines transportent surtout des phospholipides (graisses phosphorées) ; les bêta-lipoprotéines lourdes transportent essentiellement le cholestérol, alors que les bêta-lipoprotéines légères transportent surtout les triglycérides.

Les protéines qui jouent un rôle dans la coagulation sont essentiellement le fibrinogène (4 p. 100) et la prothrombine (0,1 p. 100 environ). Le dosage de cette dernière se fait en pourcentage par comparaison avec un sang normal (v. coagulation).

La sidérophiline est la protéine qui transporte le fer plasmatique, le taux de celui-ci (fer sérique) est de 0,11 à 0,135 mg pour 100 ml. C’est ce fer qui est dosé dans les anémies ferriprives (manques) et dans les hémochromatoses (excès) ; il ne faut pas le confondre avec le fer total du sang (de 45 à 55 mg pour 100 ml), surtout contenu dans l’hémoglobine.

Une protéine particulière, la céruléoplasmine, qui est une alpha-globuline, transporte le cuivre du sang (0,1 mg/ml). Dans la maladie de Wilson (surcharge de l’organisme en cuivre), le taux de la céruléoplasmine plasmatique est très diminué.

• Enzymes. Le plasma contient de nombreuses enzymes, qui sont également des protéines d’importance fondamentale. Leurs taux étant très faibles, ces enzymes sont dosées en unités, d’après leur activité. On dose ainsi différentes enzymes dont les variations sont spécifiques d’un trouble donné.

De cette manière, dans un infarctus du myocarde, on retrouvera une augmentation des transaminases, de la lactico-déshydrogénase, de la créatinine-phosphokinase. Certaines maladies osseuses se traduisent par une augmentation des phosphatases alcalines, qui sont également augmentées au cours des ictères par rétention. Au cours des hépatites, ce sont les transaminases qui s’élèvent, et leur dosages successifs permettent de suivre l’évolution de la maladie. Au cours des pancréatites, on note une augmentation de l’amylase dans le sang.

• Azote non protéique. La présence d’azote dans leur molécule est une des caractéristiques des protéines, mais il existe de nombreux autres corps azotés dans le sang : les acides aminés (dont vingt et un sont indispensables à la vie), que les cellules utilisent pour synthétiser les protéines, et les déchets du métabolisme des protides, comme l’urée, l’acide urique, la créatinine, la créatine et l’ammoniaque. Le taux de l’azote non protéique augmente dans certaines maladies, notamment rénales. Pour apprécier le fonctionnement du rein, on dose surtout l’urée, l’acide urique et la créatinine.

• Glucides. Le sang contient de 0,80 à 1 g de glucose par litre ; ce taux est très stable, ne s’élevant légèrement qu’après les repas chez les sujets normaux. L’augmentation du glucose sanguin à jeun est le signe principal du diabète*. L’épreuve d’hyperglycémie provoquée est la meilleure épreuve fonctionnelle dans cette maladie. D’autres glucides sont présents dans le plasma (hexoses, pentoses), mais leur dosage n’est pratiqué que dans des cas exceptionnels.

• Lipides. Nous avons vu ci-dessus que les corps gras, insolubles, ne sont pas à l’état libre dans le plasma, mais combinés à des protéines. Leur taux est, toutefois, très important à connaître, et on les dose après extraction. Les lipides totaux, le cholestérol total et estérifié, les triglycérides sont augmentés dans les hyperlipémies, conséquences de troubles métaboliques ou d’erreurs alimentaires et causes de dérèglements, au premier plan desquels se place l’athérosclérose (v. artère). Les lipides sont diminués dans divers états pathologiques, notamment les maladies de foie et l’hyperthyroïdie.

• Sels minéraux. Ionogramme. Les sels minéraux contenus dans le plasma s’y trouvent à l’état ionisé (dissociés en éléments chargés électriquement, les ions). Les principaux ions sont le sodium (Na), le potassium (K), le calcium (Ca), le magnésium (Mg) pour les cations (ions positifs), le chlore (Cl), l’acide carbonique (CO3H), l’acide phosphorique (PO4H), l’acide sulfurique (SO4) pour les anions (ions négatifs). C’est la somme de tous ces ions qui constitue l’ionogramme et qui est responsable de la pression osmotique du plasma. En théorie, il suffit de doser seulement les cations ou seulement les anions, cations et anions étant en nombre égal, pour connaître l’osmolarité totale du plasma. En pratique, on dose seulement les éléments dont le taux est important : le sodium, le potassium et le chlore. L’ion CO3H est mesuré par le dosage de la réserve alcaline, constituée par les bicarbonates.

L’ionogramme est important à connaître dans tous les états physiopathologiques graves (déshydratations, hémorragies, vomissements, insuffisances rénales ou cardiaques, etc.). Sa correction rapide s’impose en cas d’anomalie ; elle est assurée par l’administration de chlorure de sodium, de sels de potassium, de bicarbonates selon les cas.