Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

San Francisco (suite)

Le développement urbain

L’extension de la ville dans la péninsule fut entravée par le manque de place et par le relief ; dans certaines rues en pente très raide, on a dû installer des funiculaires (cable cars), qui, bien que supprimés progressivement, sont encore une des curiosités de la ville. Ne disposant pas de l’espace nécessaire, malgré d’importants remblaiements, les activités portuaires émigrèrent en partie vers la rive est de la baie. Débordant des limites de la cité, la zone urbanisée s’est d’abord et principalement étendue, elle aussi, de ce côté, de même que les terminus ferroviaires, les gares de triage, les usines encombrantes, les installations navales et militaires. Le principal noyau urbain et industriel de la rive est est celui d’Oakland ; avec ses voisins, Berkeley et Richmond au nord, Alameda, San Leandro et Hayward au sud, il forme un ruban urbanisé de près de 45 km de longueur le long de la rive est de la baie, occupant tout le domaine disponible entre celle-ci et les monts de San Leandro. Pour satisfaire la « consommation d’espace » de ce côté, on a dû procéder à des remblaiements dans la baie. La saturation de cette zone se traduit par la stagnation des centres les plus anciens ; Oakland a même perdu 6 p. 100 de sa population de 1950 à 1970.

L’expansion urbaine s’est faite aussi selon un axe N.-O. - S.-E. sur la rive ouest de la baie. Daly City, South San Francisco, San Mateo, Redwood City, Palo Alto, Santa Clara forment une chaîne — longue de 80 km — de villes plus ou moins coalescentes entre San Francisco et San Jose. Les magnifiques vergers de la vallée de Santa Clara, que l’on pouvait encore admirer peu après la dernière guerre, ont fait place à la conurbation de San Jose-Santa Clara-Sunnyvale, qui rassemble 630 000 citadins. Ainsi, à l’exception du secteur compris entre San Jose et Hayward, où l’espace bâti est diffus ou discontinu, le pourtour de la baie de San Francisco est urbanisé sur près de 170 km, de la Golden Gate à Richmond. Au nord de la Golden Gate et de la baie de San Pablo, la transformation du paysage en banlieue résidentielle ou industrielle est beaucoup moins avancée malgré la proximité de San Francisco, la construction de ponts sur les détroits et la présence d’autoroutes.


Population et fonctions

Les deux aires métropolitaines de San Francisco-Oakland et de San Jose comptent respectivement 3 110 000 et 1 065 000 habitants, et l’ensemble urbain de « la baie » 4 900 000. La ville proprement dite de San Francisco rassemble 716 000 habitants (après avoir atteint un maximum de 775 000 en 1950), celle d’Oakland 361 000 et celle de San Jose 417 000 (de 29 000 en 1910, elle est passée à 95 300 en 1950 et à 204 200 en 1960). Berkeley, Sunnyvale, Hayward, Santa Clara, Richmond et San Mateo comptent de 80 000 à 120 000 habitants.

San Francisco a toujours été une cité cosmopolite ; on dénombre 900 000 étrangers dans l’aire métropolitaine, dont 400 000 dans la ville proprement dite. Les Américains eux-mêmes sont de souches très diverses : outre les Blancs d’origine européenne, il y a des Noirs (500 000, dont les trois quarts dans la « ville centrale »), des Chinois (30 000, notamment dans le Chinatown) et des Hispano-Américains, d’ascendance mexicaine souvent récente (12 p. 100 de la population métropolitaine).

Pour assurer les transports dans une métropole aussi peuplée, aussi étendue et coupée de baies et de détroits, on a construit des ponts (comme le célèbre pont suspendu de la Golden Gate, dont la travée centrale a 1 280 m de portée) et des autoroutes (notamment vers Sacramento, la capitale de l’État, et vers la côte de la baie de Monterey, banlieue de villégiature des Sanfranciscains) ainsi que le Bay Area Rapid Transit System (ou BART), qui comprend 120 km de lignes destinées à des rames de métro très rapides (jusqu’à 130 km/h).

Les fonctions de l’aire métropolitaine de San Francisco appartiennent surtout au secteur tertiaire, car 15 p. 100 seulement de la main-d’œuvre est occupée dans l’industrie. Quoique la pêche ne joue plus qu’un rôle mineur et que les chantiers navals n’aient pas retrouvé leur prospérité du temps de guerre, les activités liées à la mer tiennent une place importante ; on estime qu’un tiers de la population de l’aire métropolitaine vivrait des fonctions maritimes de l’agglomération.

Avec 40 Mt de marchandises chargées ou déchargées, le groupe des ports de la baie (San Francisco, Oakland, Alameda, Richmond, le détroit de Carquinez, Antioch, Pittsburg) se place au sixième ou au septième rang aux États-Unis, au deuxième sur la côte pacifique, après Los Angeles-Long Beach. Les deux tiers du tonnage transporté correspondent au commerce avec d’autres ports américains du Pacifique (Hawaii principalement) comme de la côte de l’Atlantique et du golfe du Mexique ; l’autre tiers représente le commerce avec l’étranger. Une centaine de compagnies de navigation américaines et étrangères ayant leur siège ou des bureaux à San Francisco exercent ce commerce avec la plupart des pays du monde, spécialement ceux du Pacifique. San Francisco expédie ou exporte des denrées alimentaires (céréales, fruits, légumes, produits laitiers), du coton brut, des produits métallurgiques, des machines électriques, des moteurs, des autos, des produits chimiques et reçoit du pétrole, des denrées alimentaires tropicales, des oléagineux, des produits textiles finis, du papier, du bois.

Une source d’emplois importante est fournie par la marine, l’aéronavale et la garde côtière, dont les installations tiennent une grande place sur les rivages des baies de San Francisco et de San Pablo.

L’agglomération sanfranciscaine est aussi un des principaux foyers industriels des États-Unis : elle se place au onzième rang pour les emplois (200 000) et pour la valeur ajoutée (3 640 millions de dollars). Les branches les plus importantes sont celles de la construction mécanique, électrique, automobile et navale, des articles métallurgiques semi-finis, du raffinage du pétrole (Richmond), des produits chimiques, de la confection (San Francisco même), du bois (ameublement et construction).