Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Samoa (suite)

Les Samoa orientales ou américaines

Les Américains ont utilisé dès 1872 la remarquable rade de Pago Pago. Directement sous le contrôle de la marine des États-Unis jusqu’en juillet 1951, le territoire est maintenant administré par un gouverneur dépendant de l’U. S. Department of Interior. L’archipel des Samoa orientales (197 km2) comprend l’île de Tutuila (135 km2), ancien volcan très disséqué avec des vallées profondes où se localise la population, les trois petits cônes des îles Manua (Tau, Ofu, Olosega ; 3 000 hab. environ) et l’atoll de Swains (une centaine d’habitants). Les précipitations sont très abondantes (de 4 à 5 m à Tutuila).

La population est de 27 000 habitants. Elle s’accroît rapidement, car la natalité est très forte (42,5 p. 1 000) et la mortalité très basse (6 p. 1 000). Ces Polynésiens cultivent traditionnellement des tubercules (taro, igname) et l’arbre à pain ; les plantations de cocotiers permettent quelques exportations de coprah. Il y a également une petite production de cacao, d’oranges, d’ananas et de bananes. Certains se consacrent à la fabrication de « souvenirs », de vannerie, etc. Le tourisme est en plein essor grâce à la piste de Tafuna, capable d’accueillir les grands avions à réaction, et à la construction d’hôtels de luxe. Les liaisons avec les Hawaii sont très fréquentes, et certains Samoans vont y travailler. D’autres sont employés à la base navale ou dans la conserverie de thon, installée en 1954 et ravitaillée par des bateaux japonais.

A. H. de L.

Samory Touré

Chef malinké (Manyambaladougou v. 1830 - N’Djolé, Gabon, 1900).


Samory (ou Samori), chef militaire malinké, construisit un empire sur le haut Niger de 1861 à 1881, avant de tenir tête à la conquête française dans l’Ouest africain de 1881 à 1898. Présenté par la propagande française comme un oppresseur sanglant, il est considéré par la nouvelle Afrique comme un précurseur de sa libération.

Il naît dans le Konyan (province de Beyla, république de Guinée), aux portes de la forêt productrice de kola. Dans ce pays peuplé par des Malinkés* animistes, sans unité politique, en dehors d’hégémonies militaires éphémères et moulé en petits États locaux appelés kafous, on trouve une minorité de commerçants musulmans, les Dyoulas. Le rôle de ceux-ci s’accroît durant les xviiie et xixe s. en raison du développement des relations avec la côte et de la diffusion de produits européens, comme les armes à feu, qui transforment les conditions de la guerre et de la domination politique. Au xixe s., l’influence du réveil musulman dans le Nord, où il inspire les « guerres saintes » des Peuls, provoque l’agitation des Dyoulas, que la tradition malinké excluait de la vie politique et militaire.

À partir de 1835, divers conquérants se réclamant tous de l’islām s’attaquent dans le Sud à la société animiste des Malinkés, qui se montre peu capable de se défendre. Les plus célèbres sont les Sises (ou Sissés), chez qui le jeune Samory apprendra à faire la guerre. Celui-ci représente cependant une lignée dyoula très enracinée dans le pays. Les Malinkés vont se rallier à lui parce qu’ils le reconnaissent comme l’un des leurs et qu’ils comptent sur son acculturation de Dyoula pour les défendre efficacement contre l’agression des autres musulmans et pour réformer leur société, ce qu’ils sont incapables de faire eux-mêmes. Cette réforme consistera essentiellement dans la construction d’un grand empire militaire faisant régner la paix et l’ordre sur un domaine immense, où le commerce sera désormais protégé efficacement, tandis que l’élément dyoula, sans détruire l’ancienne société, verra rehausser son statut. La diffusion de l’islām sera encouragée sans être, cependant, imposée par la force, en dehors d’une courte période, de 1885 à 1888.

Dans une première période, de 1861 à 1871, Samory, qui vient de rompre avec les Sisés, construit méthodiquement sa puissance dans le Sud grâce à l’aide de ses parents maternels, les Kamaras, chefs traditionnels du Konyan. À cette époque, il réside généralement à Sanankoro, près de laquelle il construira plus tard la forteresse de Kerouane.

En 1871, Samory, avec sa nouvelle armée, marche vers le nord et s’empare de la riche vallée du haut Niger grâce aux dissensions de ses adversaires. Cette construction impériale est couronnée en 1881 par la chute de Kankan, l’annexion du royaume des Sisés et le ralliement de celui d’Odienné (Côte-d’Ivoire).

Tous ses rivaux ayant disparu, en dehors de l’Empire toucouleur de Ségou, qu’il surclasse déjà nettement, Samory commence à réformer la société malinké pour donner de la cohésion au vaste domaine qu’il contrôle. Vers l’ouest, en direction de la Sierra Leone, et vers l’est, face au puissant royaume de Sikasso (Mali), il va continuer à étendre ses frontières jusqu’en 1885.

Cependant, dès 1881, la ligne de son destin est brisée. Les Français, qui amorcent la conquête du Soudan par leur marche sur le haut Niger, ont enjoint à Samory de s’arrêter. Ne tenant pas compte de cette insolente sommation, celui-ci se heurte violemment à eux en 1882 à Kéniéran et en 1883 devant Bamako. Bien que ses gens se soient tirés à leur honneur de ces premières confrontations, Samory a mesuré la puissance redoutable du nouvel adversaire et décidé d’éviter autant que possible le combat. En 1885, l’agression du commandant Combes ne lui laisse pourtant pas le choix, et, dans une riposte foudroyante, Samory paraît mettre en danger les Français. Il traite ensuite avec eux à Kéniéba-Koura en 1886, puis à Bissandougou en 1887, afin d’avoir les mains libres contre les Sénoufos de Sikasso, qui lui ferment la route de l’Est.

Le siège de Sikasso (mai 1887 - août 1888) est cependant un échec, en partie du fait des intrigues de Gallieni*, qui pousse à l’insurrection contre Samory une grande partie de l’Empire, excédé par les réquisitions et l’islamisation forcée. Les Français pensent que Samory va s’effondrer et qu’ils pourront annexer ses États sans combat.