Salvador (suite)
Salvador est située à l’angle nord de la grande baie de Todos os Santos. Dans la partie intérieure de celle-ci, sur les bords marécageux, se trouvent les grandes zones de cabanes, souvent montées sur pilotis. Elles abritent la fraction de la population qui n’a pu s’insérer dans l’économie urbaine. Par ailleurs, la vieille ville, au sein de l’agglomération actuelle, présente une importance particulière en raison du passé de la cité : elle est divisée en deux par un grand escarpement encore partiellement occupé par la végétation, qui oppose ville haute et ville basse, réunies par des ascenseurs. La ville haute, traditionnelle, abrite le long de ses axes principaux le centre des affaires et le centre culturel, avec des maisons anciennes, de vieux monuments et surtout des églises et des couvents, célèbres en raison de la qualité de leur architecture baroque. Mais à l’intérieur de ces zones actives se trouvent des îlots de taudis. La ville basse est davantage le lieu du grand commerce et du port. De ce fait, il y a eu une rénovation avec construction d’un certain nombre d’immeubles élevés. Les quartiers aisés, qui se situaient déjà dans l’axe de la haute mer, ont tendance à envahir les plages du littoral septentrional à partir de l’entrée de la baie. Cette zone vit partiellement d’une fonction touristique non négligeable, que la ville doit à sa tradition culturelle.
L’architecture religieuse de Salvador
Salvador possède un grand nombre d’édifices religieux, églises, chapelles et couvents. Au xvie s., les Jésuites s’y installent pour fonder un collège, réalisé par le frère Francisco Dias (1538-1633) et inauguré en 1590 ; l’église définitive est, par contre, d’auteur inconnu et est terminée en 1672. Elle est de plan rectangulaire, à nef unique couverte d’une fausse voûte en caissons de bois, avec des chapelles latérales profondes. La façade a un caractère « civil » très marqué (comme toujours au nord-est du Brésil), avec des fenêtres et l’ébauche de deux tours. Vers 1760, à l’expulsion des Jésuites du Brésil, l’église devient cathédrale, l’ancienne cathédrale — la Sé — étant très détériorée.
Le magnifique couvent de Santa Teresa, aujourd’hui musée des Beaux-Arts, est de la fin du xviie s. ; son église comporte un transept et une coupole, ce qui est exceptionnel dans la région. Le couvent du Carmo, fondé au xvie s., voit achever son église vers 1655, le grand cloître et la tour vers la fin du xviiie s.
Le chef-d’œuvre de l’architecture coloniale du Nord-Est, le couvent de São Francisco, fondé en 1587, est détruit lors de l’invasion hollandaise. Le nouveau bâtiment est commencé en 1686, et l’église en 1708. On travaille au couvent jusqu’à la fin du xviiie s. Le plan de l’église est le même que celui de la cathédrale ; son décor se caractérise par la prolifération du bois taillé (talha), doré et polychrome. L’édifice utilise la pierre, les murs en briques passées à la chaux et les carreaux de faïence bleue à fond blanc (azulejos).
Tous les monuments cités jusqu’ici imitent l’architecture provinciale portugaise. Mais il y a des exceptions. L’église de la Conceição da Praia, commencée en 1739, s’inspire de l’art cultivé de Lisbonne. Elle a une nef unique prise entre deux corridors ; ses tours carrées sont placées à 45° par rapport à la ligne de façade. Une autre église surprenante est celle de la Ordem Terceira de São Francisco, terminée en 1703, dont la façade-retable, sans doute postérieure, est d’allure hispanique.
D. B.
E. de Cerqueira Falcão, Relíquias da Bahia (São Paulo, 1940 ; 3e éd., 1950).
M. R.
➙ Bahia.