Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Saëns (Camille) (suite)

Bibliographie des ouvrages écrits par Saint-Saëns

Saint-Saëns consacra une grande partie de son temps à des activités littéraires. Plusieurs centaines de critiques, préfaces, articles et études diverses sont disséminés dans les journaux et revues littéraires ou musicales de 1872 à 1921. Saint-Saëns lui-même rassembla certaines de ces études dans des recueils comme Harmonie et mélodie (1885), Portraits et souvenirs (1900), l’École buissonnière (1913), Germanophilie (1916), les Idées de M. Vincent d’Indy (1919).

Son inlassable curiosité intellectuelle le fit s’intéresser aux sujets les plus divers (philosophie, religion, acoustique, musicologie, astronomie, zoologie et botanique), dont témoignent, entre autres, des études comme Note sur les décors de théâtre dans l’Antiquité romaine (1886), Ch. Gounod et le Don Juan de Mozart (1893), Problèmes et mystères (1894 ; révisé sous le titre de Divagations sérieuses, 1922), Essais sur les lyres et cithares antiques (1902), la Parenté des plantes et des animaux (1906), Au courant de la vie (1916). Il laissa également quelques ouvrages de poésie (Rimes familières, 1890) et de théâtre (la Crampe des écrivains, 1892 ; Botriocéphale, 1902, le Roi Apépi, 1903).

À partir de 1890, Saint-Saëns déposa régulièrement ses archives personnelles au musée de Dieppe.

Y. G.

 Catalogue général et thématique des œuvres de C. Saint-Saëns (Durand, 1897 ; nouv. éd., 1907). / O. Neitzel, Camille Saint-Saëns (Berlin, 1899). / R. Rolland, Musiciens d’aujourd’hui (Hachette, 1908). / O. Séré, Musiciens français d’aujourd’hui (Mercure de France, 1911 ; nouv. éd., 1921). / J. Bonnerot, C. Saint-Saëns. Sa vie et son œuvre (Durand, 1914 ; nouv. éd., 1923). / G. Servières, Saint-Saëns (Alcan, 1923). / A. Dandelot, la Vie et l’œuvre de Saint-Saëns (Dandelot, 1930). / P. Aguétant, Saint-Saëns par lui-même (Alsatia, 1938). / J. Harding, Saint-Saëns and his Circle (Londres, 1965). / S. Teller-Ratner, The Piano Works of C. Saint-Saëns (Ann Arbor, Michigan, 1972). / D. M. Fallon, The Symphonies and Symphonic Poems of Camille Saint-Saëns (New Haven, Connect., 1973). / J.-M. Nectoux, Correspondance Saint-Saëns-Fauré (Heugel, 1973).

Saint-Savin

Ch.-l. de cant. du départ. de la Vienne, sur la Gartempe ; 1 323 hab. Célèbre église romane ayant conservé son décor de peintures.


Saint-Savin fut d’abord une grande abbaye, fondée par les empereurs carolingiens. L’église de type poitevin qui nous en reste serait déjà l’un des grands monuments de l’âge roman*, remarquable par la haute époque de son transept (sans doute 1023-1050 ; au plus tard 1050-1075), puis de son abside aux chapiteaux d’une taille parfaite. Commencée contre la coutume par l’ouest, à la fin du xie s., la nef de neuf travées a vraisemblablement été achevée dès le début du xiie. La tour-porche est de peu postérieure à la nef, à l’exception de sa flèche du xive s. (reconstruite en 1887).

Mais Saint-Savin est surtout renommée pour ses peintures pariétales, depuis qu’en 1836 Mérimée* les redécouvrit — en veillant heureusement à ce que les restaurations de 1841-1845 les respectent et complètent le décor des colonnes (imitant l’agate) sur le modèle des fragments anciens conservés. Ces peintures, dont les dates sont controversées (autour de 1100 ?) et qui ont été exécutées à la colle sur enduit remouillé après séchage, constituent en effet le seul grand ensemble subsistant de l’époque romane. Malgré les dégradations partielles, elles témoignent de la répartition « symbolique » des thèmes iconographiques entre les différentes parties de l’édifice. Sous le porche, l’Apocalypse, c’est-à-dire le temps de l’Église. Au premier étage, la mort et la résurrection du Christ (d’où naît cette Église). Tout au long de la voûte en berceau de la nef, la première alliance — d’Adam, Abel, Abraham et Joseph à Moïse — menant jusqu’au Christ, qui trônait dans sa gloire à la voûte de l’abside (entouré de ses saints, dans les absidioles) ; cette dernière partie est effacée, mais il est relativement facile de l’imaginer, puisque de tels Christs en gloire subsistent dans les fresques similaires des pays de Loire — Saint-Aignan, Montoire-sur-le-Loir, Saint-Jacques-des-Guérets et Tavant. Dans la crypte, enfin, le martyre (légendaire) des saints Savin et Cyprien, où s’affirme le triomphe du Christ et se fonde l’église.

Cette façon de mettre en relation « harmonique » l’Ancien et le Nouveau Testament, ainsi que les combats de l’Église et de ses saints, avec la présence éternelle du Christ ressuscité à la droite du Père, pour composer l’unique histoire du salut, correspond d’ailleurs à l’interprétation que les Pères de l’Église et les commentateurs du xiie s. donnent de la révélation biblique (suivant un quadruple sens : littéral, messianique, ecclésiologique, eschatologique). Pour mieux centrer tout sur le Christ, c’est sous ses traits que Dieu apparaît, dès la création (conformément à l’Évangile de saint Jean, i, 3) et dans l’histoire des patriarches (comme déjà l’expliquait Origène).

À l’exception de la crypte, au dessin plus lourd et aux tons moins clairs, ces fresques sont d’une limpidité, d’une aisance remarquables. Les fonds ne sont pas sombres comme au Puy ou à Berzé-la-Ville (v. Cluny) — inspirés de Byzance —, ni âcres comme en Catalogne*, mais clairs et doux, presque tendres même dans l’histoire de Joseph. Le trait n’a pas le génie impérieux de Tavant, ni, encore moins, de Tahull en Catalogne ; il atteint rarement la finesse de Brinay, dans le Berry, ou la noblesse classique du Liget, en Touraine. Mais sa force n’en éclate pas moins, notamment dans les trois premières travées à l’ouest (à arcs doubleaux), où les couleurs sont tombées, ne laissant que le cerne (Création, ensevelissement d’Abraham), tandis qu’il se déploie avec une science insurpassée de la répartition des masses sur le berceau lisse des six dernières travées. Plus appuyé quand c’est le peintre de Babel qui tient le pinceau, le dessin est d’une grande délicatesse lorsque apparaît la main du peintre de l’histoire de Joseph. Ainsi Saint-Savin représente-t-il, avec Tahull, le sommet de la fresque romane.

C. J.-N.

➙ Roman (art).

 P.-H. Michel, la Fresque romane (Tisné, 1961 ; nouv. éd., Gallimard, 1966). / La Bible de Saint-Savin (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1971).