Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Brieuc (suite)

C’est sans doute au vie s. que des moines venus de Grande-Bretagne sous la conduite de Brieuc fondèrent dans la vallée du Gouët, au fond de l’anse d’Yffiniac, un monastère que Nominoë érigea plus tard, en 849, en évêché. La cité qui se développa autour de la cathédrale-forteresse (xiiie s.), Saint-Brieuc-des-Vaux ou Saint-Brieuc-en-Tournegouët, fut l’enjeu de bien des luttes (conflit de la Succession de Bretagne, guerres de la Ligue) avant de devenir, à partir des xvie et xviie s., un centre administratif et politique, siège épisodique des États de Bretagne.

Délaissant les fonds marécageux, c’est à 3 km de la côte, sur un plateau s’avançant en promontoire entre les deux profondes vallées du Gouët et du Gouédic, que grandit cette ville, dont le centre garde encore, malgré ses vieilles demeures seigneuriales en pierre (hôtel de Rohan) ou à pans de bois (hôtel des ducs de Bretagne), un pittoresque aspect de gros bourg breton. Une forte expansion démographique depuis le xixe s. (en 1830 : 10 300 hab. ; en 1930 : 29 000 ; en 1962 : 47 000) a obligé la cité à franchir ses limites premières et à vaincre, par d’audacieux ouvrages d’art, les obstacles des vallées (grave inconvénient du site encore actuellement) pour s’étendre sur les plateaux environnants.

Plaque tournante de la Bretagne septentrionale, bénéficiant de bonnes liaisons avec les villes de l’intérieur, Saint-Brieuc voit se renforcer sa fonction régionale. Avec un taux d’activité relativement élevé (44,8 p. 100), un fort emploi féminin, c’est un centre dynamique qui exerce son influence sur la moitié du département. La zone d’attraction commerciale, particulièrement importante, recouvre près de 180 communes : 4 700 personnes sont employées dans de multiples entreprises familiales (942 commerces, dont 300 au centre-ville) ou, depuis 1970, dans deux « grandes surfaces », tandis que les transports occupent 1 200 personnes. Chef-lieu de département, Saint-Brieuc possède une gamme complète de services (administrations [25 p. 100 des emplois], banques, assurances) qui lui concède un large rayonnement. L’hypertrophie des services fait de la préfecture des Côtes-du-Nord une ville marquée par l’excessive présence du tertiaire (66 p. 100 des emplois). Si le secteur industriel doit encore se développer, Saint-Brieuc, qui a connu récemment un relatif essor, par expansion des entreprises locales ou par décentralisation, est une des rares villes bretonnes à posséder un secteur secondaire diversifié. Les industries métallurgiques et mécaniques (Chaffoteaux et Maury, 1 850 emplois ; Sambre-et-Meuse, 774) occupent la majeure partie des actifs industriels ; la chimie, avec Le Joint français (950 emplois), semble marquer le pas. Le développement récent d’industries alimentaires, orientées vers la transformation des productions animales, s’explique par la vocation agricole du département. Capitale de la brosserie, Saint-Brieuc possède encore un secteur du bâtiment (250 entreprises), des industries traditionnelles en stagnation (textiles, bois, etc.). Enfin, le port du Légué, malgré des conditions nautiques difficiles et des infrastructures limitées, progresse lentement et a, pour la première fois en 1972, dépassé les 500 000 t, essentiellement par des déchargements de sable et de maërl.

L’agglomération briochine, par son dynamisme, est une ville attractive (30 000 immigrés de 1954 à 1968), une ville relais pour l’exode rural. Cela explique la mobilité de sa population, sa jeunesse, mais aussi sa croissance régulière (2,6 p. 100 par an) et sa forte expansion spatiale (depuis 1966, 900 logements construits annuellement). Un vigoureux effort d’urbanisation a changé la physionomie de la ville : tandis que des collectifs accueillent les nouveaux arrivants ruraux dans les Z. U. P. des plateaux de l’est, les cadres s’installent dans des immeubles de standing en plein centre ou des lotissements de maisons individuelles à la périphérie.

Au fond d’une large baie aux plages de sable fin, Saint-Brieuc est certes une plaque tournante pour le tourisme de la Bretagne septentrionale, mais elle s’efforce de retenir elle-même le voyageur par son aspect coquet, ses espaces verts, ses promenades aménagées dont les belvédères offrent une vue magnifique sur la mer ou les agréables coulées de verdure des vallées. Si Saint-Brieuc justifie ainsi son titre historique de « cité gentille », elle apparaît aujourd’hui comme un centre accueillant, jeune et actif, qui doit poursuivre son effort pour diversifier encore ses activités afin de retenir dans leur région les ruraux des Côtes-du-Nord.

N. P.

➙ Côtes-du-Nord.

Saint-Denis

V. de la Seine-Saint-Denis.


C’est l’une des communes les plus importantes de la banlieue parisienne, comptant 96 759 habitants en 1975. Elle fut, avec Sceaux, l’une des deux sous-préfectures du département de la Seine et constitue aujourd’hui la commune la plus peuplée de la Seine-Saint-Denis.

Elle est située immédiatement au nord de Paris, dont elle est limitrophe par son appendice de La Plaine-Saint-Denis ; son centre est à 4 km à peine de la porte de La Chapelle. Elle fut longtemps, avec son enceinte fortifiée, la seule ville des environs immédiats de la capitale grâce sans doute à sa basilique, qui renfermait les tombeaux des rois de France, à ses pèlerinages, à sa foire, à ses activités industrielles, à sa situation sur la route du Nord, là où divergent les voies de Pontoise, de Beauvais et Chantilly, c’est-à-dire les chemins vers la Normandie et la Picardie.

À peine à 1 km de la Seine, la ville était située dans la Plaine-Saint-Denis, vestibule méridional de la plaine de France, parcourue par le Croult et ses affluents, comme la Vieille Mère, qui ont longtemps fourni à Saint-Denis l’eau pour ses industries, en particulier ses tanneries.

En 1821 est mis en service le canal Saint-Denis, qui relie le bassin de La Villette à la Seine et traverse le territoire de la commune. En 1840 sont construits autour de la ville des éléments importants de la défense avancée de Paris : les forts de l’Est, du Nord et de la Briche. En 1846, la voie ferrée qui part de la gare du Nord traverse à son tour la commune en direction de la Picardie et de la Flandre ; puis se développe le réseau du chemin de fer industriel de La Plaine-Saint-Denis et la gare de marchandises du même nom qui devient l’une des plus importantes de France.