Sahara (suite)
L’économie moderne
Depuis deux décennies, le Sahara est engagé dans un processus de modernisation, d’ailleurs plus ou moins avancé selon les États. Tout a commencé avec la pacification coloniale et l’ouverture de voies de transport modernes dès l’entre-deux-guerres dans le Sahara du Nord. Les genres de vie traditionnels ont été particulièrement touchés par ce contact avec le monde moderne. Les nomades ont dû renoncer aux razzias, au tribut en nature qui leur était versé par les sédentaires, alors qu’ils ont perdu le monopole des transports au profit du camion, voire de l’avion. Aristocrates du désert, souvent réfractaires à tout travail manuel, ils sont devenus les prolétaires du désert « moderne », et beaucoup ont été obligés d’abandonner leurs activités pastorales pour se sédentariser et vivre misérablement aux côtés des oasiens, les autorités administratives cherchant d’ailleurs très souvent à accélérer ce processus de fixation pour des raisons fiscales. Pour les oasiens, le contact avec le monde moderne a été moins rude ; ils ont perdu leur statut d’esclaves ou de serfs au service des nomades et n’ont pas hésité à s’engager dans les nombreux chantiers nés depuis les années 50, surtout à la suite de l’exploitation des ressources naturelles. Ce schéma général souffre cependant de nombreuses exceptions. Certains nomades ont su s’adapter aux exigences du monde moderne. De nombreux pasteurs ont confié leur bétail à des bergers et se contentent d’une tournée de surveillance en automobile. Dès 1917, le charbon fut exploité près de Colomb-Béchar, mais c’est à partir des années 50 que les ressources minières du Sahara furent véritablement mises en valeur. C’est à partir de 1947 que la recherche des hydrocarbures fut véritablement entreprise en Algérie, par des sociétés françaises principalement (B. R. P., R. A. P., C. F. P., S. N. REPAL). La découverte, en 1956, à quelques mois d’intervalle, des champs d’Edjelé, de Hassi-Messaoud et de Hassi-R’Mel, encouragea de nombreuses compagnies étrangères à effectuer des recherches au Sahara, en particulier en Libye, où le groupe Esso allait jouer un rôle moteur. En 1974, l’Algérie et la Libye ont extrait ensemble environ 125 Mt de pétrole brut (4,5 p. 100 du total mondial) et possèdent 5,3 p. 100 des réserves prouvées de la planète. L’Algérie pouvait exporter par méthanier du gaz naturel liquéfié vers la Grande-Bretagne dès 1964, vers la France en 1965. Elle possède près de 3 000 Gm3 de réserves reconnues de gaz naturel (plus de 5 p. 100 des réserves mondiales). D’autres ressources minières ont été mises en valeur depuis deux décennies au Sahara : minerai de fer, puis cuivre en Mauritanie, uranium dans l’Aïr (Niger). Les prospections se poursuivent. Un important gisement d’uranium a été découvert au Hoggar. C’est dans le Sahara du Nord que les processus d’intégration au monde moderne ont été les plus importants. Le Sud a été moins touché, et le contraste entre les deux domaines s’est accentué : la vie pastorale a ici conservé une plus forte ampleur, et la sédentarisation est moins avancée ; il est vrai que l’élevage a toujours été la grande ressource de ce secteur méridional par suite du très faible développement des palmeraies en comparaison avec le Nord.
C. H.
➙ Afrique / Algérie / Égypte / Libye / Mali / Maroc / Mauritanie / Niger / Touaregs / Tunisie.
R. Capot-Rey, le Sahara français (P. U. F., 1953). / B. Verlet, le Sahara (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 4e éd., 1974). / J. Despois et R. Raynal, Géographie de l’Afrique du Nord-Ouest (Payot, 1967, 2e éd., 1975). / H.-J. Hugot, le Sahara avant le désert (Éd. des Hespérides, 1975).