Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sahara (suite)

L’économie moderne

Depuis deux décennies, le Sahara est engagé dans un processus de modernisation, d’ailleurs plus ou moins avancé selon les États. Tout a commencé avec la pacification coloniale et l’ouverture de voies de transport modernes dès l’entre-deux-guerres dans le Sahara du Nord. Les genres de vie traditionnels ont été particulièrement touchés par ce contact avec le monde moderne. Les nomades ont dû renoncer aux razzias, au tribut en nature qui leur était versé par les sédentaires, alors qu’ils ont perdu le monopole des transports au profit du camion, voire de l’avion. Aristocrates du désert, souvent réfractaires à tout travail manuel, ils sont devenus les prolétaires du désert « moderne », et beaucoup ont été obligés d’abandonner leurs activités pastorales pour se sédentariser et vivre misérablement aux côtés des oasiens, les autorités administratives cherchant d’ailleurs très souvent à accélérer ce processus de fixation pour des raisons fiscales. Pour les oasiens, le contact avec le monde moderne a été moins rude ; ils ont perdu leur statut d’esclaves ou de serfs au service des nomades et n’ont pas hésité à s’engager dans les nombreux chantiers nés depuis les années 50, surtout à la suite de l’exploitation des ressources naturelles. Ce schéma général souffre cependant de nombreuses exceptions. Certains nomades ont su s’adapter aux exigences du monde moderne. De nombreux pasteurs ont confié leur bétail à des bergers et se contentent d’une tournée de surveillance en automobile. Dès 1917, le charbon fut exploité près de Colomb-Béchar, mais c’est à partir des années 50 que les ressources minières du Sahara furent véritablement mises en valeur. C’est à partir de 1947 que la recherche des hydrocarbures fut véritablement entreprise en Algérie, par des sociétés françaises principalement (B. R. P., R. A. P., C. F. P., S. N. REPAL). La découverte, en 1956, à quelques mois d’intervalle, des champs d’Edjelé, de Hassi-Messaoud et de Hassi-R’Mel, encouragea de nombreuses compagnies étrangères à effectuer des recherches au Sahara, en particulier en Libye, où le groupe Esso allait jouer un rôle moteur. En 1974, l’Algérie et la Libye ont extrait ensemble environ 125 Mt de pétrole brut (4,5 p. 100 du total mondial) et possèdent 5,3 p. 100 des réserves prouvées de la planète. L’Algérie pouvait exporter par méthanier du gaz naturel liquéfié vers la Grande-Bretagne dès 1964, vers la France en 1965. Elle possède près de 3 000 Gm3 de réserves reconnues de gaz naturel (plus de 5 p. 100 des réserves mondiales). D’autres ressources minières ont été mises en valeur depuis deux décennies au Sahara : minerai de fer, puis cuivre en Mauritanie, uranium dans l’Aïr (Niger). Les prospections se poursuivent. Un important gisement d’uranium a été découvert au Hoggar. C’est dans le Sahara du Nord que les processus d’intégration au monde moderne ont été les plus importants. Le Sud a été moins touché, et le contraste entre les deux domaines s’est accentué : la vie pastorale a ici conservé une plus forte ampleur, et la sédentarisation est moins avancée ; il est vrai que l’élevage a toujours été la grande ressource de ce secteur méridional par suite du très faible développement des palmeraies en comparaison avec le Nord.

C. H.

➙ Afrique / Algérie / Égypte / Libye / Mali / Maroc / Mauritanie / Niger / Touaregs / Tunisie.

 R. Capot-Rey, le Sahara français (P. U. F., 1953). / B. Verlet, le Sahara (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 4e éd., 1974). / J. Despois et R. Raynal, Géographie de l’Afrique du Nord-Ouest (Payot, 1967, 2e éd., 1975). / H.-J. Hugot, le Sahara avant le désert (Éd. des Hespérides, 1975).

Saigon

Auj. Hô Chi Minh, ville du sud du Viêt-nam ; 1 736 880 hab. (en 1967) [avec Cho Lon].


Les deux agglomérations, distinctes jusqu’en 1932 et qui constituaient avant 1956 la « Région Saigon-Cho Lon », ne formèrent plus ensuite qu’une seule unité administrative, la « Préfecture de Saigon », qui couvrait 63 km2, divisés en neuf arrondissements. Cependant, cette unité ne correspondait pas à la zone effectivement urbanisée : la Préfecture de Saigon comportait encore des zones semi-rurales et n’englobait pas des secteurs urbains tels que Gia Dinh, capitale de la province du même nom. L’agglomération de Saigon (« Région métropolitaine ») groupe environ 3 millions d’habitants.

Le nom de Saigon apparaît pour la première fois en 1675 pour désigner un village peuplé d’immigrants vietnamiens, l’actuelle Nam Phan (ou Cochinchine) étant alors encore nominativement cambodgienne. En 1698, la région passe sous contrôle vietnamien. Deux faits vont donner de l’importance à la localité : d’abord l’installation, en 1778, de commerçants chinois au sud-ouest de ce village, sur l’arroyo chinois, bras d’eau qui réunit la Rivière de Saigon avec le Vaico oriental (c’est l’origine de Cho Lon) ; ensuite la construction par Nguyên Anh (le futur empereur Gia Long) d’une citadelle (1788-1790) où celui-ci résidera jusqu’en 1802, date de sa victoire définitive et du transfert de la capitale à Huê. De 1788 à 1802, à une période décisive de l’histoire vietnamienne, cette citadelle, dite « de Gia Dinh », mais située au cœur de la Saigon actuelle, est la capitale de l’unification du Viêt-nam. Elle est ensuite démantelée (de 1820 à 1840) et remplacée par une autre plus petite, qui sera rasée par les Français en 1859. Ceux-ci choisissent ce lieu et ces noyaux de peuplement (dont le plus important est Cho Lon) comme base de leur pénétration en Cochinchine, puis au Cambodge, avant de faire de Saigon une des capitales de l’Indochine française. Ainsi, Saigon est la grande ville la plus récente de l’Asie du Sud-Est.