Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sahara

Région désertique d’Afrique.


Entre l’Afrique du Nord méditerranéenne et l’Afrique noire, le Sahara (en ar. al-Ṣaḥrā’) constitue le plus grand désert du monde ; il s’étend de l’Atlantique à la mer Rouge. Sur ce vaste ensemble, plus de 8 millions de kilomètres carrés reçoivent moins de 100 mm de pluies par an, et près de 5 millions, moins de 20 mm. Au nord, l’Atlas saharien marque la limite septentrionale du désert, qui atteint la mer en Libye et en Égypte. Au sud, aucun accident de relief ne permet de fixer une limite bien tranchée, et l’on considère que le Sahara s’achève dans la zone où apparaît le cram-cram (Cenchrus biflorus), graminacée à graines piquantes typique du Sahel, qui nécessite des pluies d’été relativement régulières et forme alors un tapis continu, tandis que les touffes vertes du had (Cornulaca monacantha), qui caractérisent le désert, ont disparu. Mais la transition entre désert et steppe sahélienne est loin d’être brutale.


Le milieu naturel


Le climat

Le Sahara est l’exemple le plus caractéristique du désert zonal, lié à la présence, à cette latitude, des hautes pressions subtropicales, séparées des basses pressions équatoriales par le F. I. T. (front intertropical). C’est le balancement saisonnier de cette ceinture anticyclonale qui engendre les divers types de temps rencontrés. Les hautes pressions centrées sur le Sahara sont responsables de la sécheresse, qui peut être très intense (l’humidité relative est descendue à 2,3 p. 100 à Tamanrasset). Cette sécheresse explique l’indigence des précipitations annuelles. Les moyennes n’ont d’ailleurs aucune signification, car la variabilité interannuelle des précipitations est très grande (159 mm à Tamanrasset une année, 6,4 mm une autre). Dans le Sahara septentrional, les pluies sont le plus souvent fines ; les pluies diluviennes y sont exceptionnelles, alors qu’elles sont plus fréquentes dans le Sahara central, où elles peuvent éventrer les maisons et transformer la palmeraie en bourbier. Plus redoutées que les pluies, les tempêtes de sable peuvent provoquer des catastrophes. Elles se produisent généralement lorsqu’une dépression atlantique se rapproche de l’Afrique du Nord. L’alizé sec qui souffle du nord-est se transforme alors en vent venant du sud qui provoque une élévation de température (c’est le cheheli [chihīlī] du Sahara du Nord, Nord du Sahara atlantique, le khamsin [khamāsīn] d’Égypte, le sirocco des Européens). La force de ce vent s’accroît, et un mur de sable qui peut cacher le soleil se forme à l’horizon. L’absence de nuage a pour conséquence une très forte insolation, le maximum d’ensoleillement étant enregistré à Adrar (Algérie) avec près de 4 000 heures par an. L’apport de chaleur solaire est maximal, et les 58 °C enregistrés à Aziziyya (Libye) le 3 septembre 1922 constituent un record mondial. En Algérie, à In-Salah, en 1941, le thermomètre n’est jamais descendu au-dessous de 48 °C pendant 45 jours de suite ; la moyenne du mois le plus chaud s’y établit à 36,8 °C. Les amplitudes des températures entre le jour et la nuit sont importantes (de 15 à 30 °C), mais, les maisons conservant la chaleur du jour, beaucoup d’oasiens dorment sur les terrasses ou sur le sable des dunes. En hiver, les moyennes de janvier s’établissent généralement entre 10 et 20 °C (12,1 °C à Timimoun, 20,9 °C à Faya, au Borkou), mais les minimums absolus intérieurs à 0 °C ne sont pas rares (2 ou 3 jours de gelée par an en moyenne à Timimoun), surtout dans les régions d’altitude élevée, où le thermomètre peut descendre a – 10 °C. D’une façon générale, l’amplitude annuelle est bien plus forte dans le Sahara du Nord (où elle peut même l’emporter sur l’amplitude diurne) que sur les marges du Sahara, où le gel est souvent inconnu. Sur la façade atlantique du Sahara, la proximité de l’Océan entraîne un accroissement de l’humidité relative, une forte nébulosité, des précipitations occultes, mais les pluies ne se déclenchent pas par suite de l’existence du courant froid longeant la côte de l’Afrique (les vents humides de l’Océan s’assèchent en pénétrant en été sur le continent surchauffé).


Le relief

Le Sahara est caractérisé par des horizons plats. Le mot sahara désigne chez les Arabes des lieux plats et bas. Plus de la moitié de la surface du désert est un reg (’arq), plaine semée ou non de cailloux laissés sur place par le vannage éolien. Le socle affleure à l’ouest, mais est couvert de sédiments principalement continentaux ailleurs. Les montagnes, rares, correspondent à des bombements à grand rayon de courbure du socle, qui réapparaît alors au milieu de sa couverture sédimentaire et est souvent surmonté de reliefs d’origine volcanique qui déterminent les points culminants (cas des aiguilles et des dykes de trachytes et de phonolites au Hoggar). Le plus élevé de ces massifs est le Tibesti, dans le nord du Tchad, qui culmine à 3 415 m (Emi Koussi). Les hamadas (ḥamāda) sont une surface constituée par l’affleurement d’une couche résistante et correspondant souvent à un plateau en roche dure (calcaire pour la hamada el-Homra, en Libye, le Tademaït algérien). Les plateaux gréseux qui entourent le Hoggar portent le nom de tassili (tāsīlī) [tassili des Ajjer]. Quant aux dunes, elles ne couvrent qu’une partie relativement modeste du Sahara (moins du cinquième). Elles sont rarement isolées (barkhanes [barkān]) sauf dans le désert égyptien, mais se groupent fréquemment en massifs (ergs [’arq]), formés par la réunion de cordons alignés parallèlement à la direction des vents dominants (nord-est) et séparés par des couloirs (feidj, lorsqu’ils sont creusés dans le sable ; gassi, si le plancher est un reg) qui servent de voies de passage pour les caravanes. Sur ces cordons, les dunes se rassemblent parfois en pyramides appelées ghroud (rhurūd) [ghourd (rhurd) au singulier]. Certaines régions sont situées au-dessous du niveau de la mer : les dépressions fermées à fond salé du sud de l’Aurès descendent jusqu’à – 31 m au chott Melrhir le terme arabe de chott [chaṭṭ] désigne le pâturage situé au bord de ces dépressions, appelées sebkhas [sabkha] ; par extension, il désigne la sebkha elle-même). La dépression de Qattara, au nord-ouest de l’Égypte est à – 133 m.