Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

ruthènes (Église et rite) (suite)

Dans les régions ruthènes du royaume de Pologne, l’Union, soutenue par les autorités, parvient à s’affermir, jusqu’à rallier quelque 10 millions de fidèles. Les évêchés de Przemyśl, de Lwów (Lvov) et de Łuck (Loutsk), qui sont demeurés longtemps réfractaires à l’Union, y adhèrent entre 1692 et 1702. Ainsi, toute la hiérarchie ruthène du royaume de Pologne est en communion avec Rome, mais la résistance persiste dans le peuple et une notable partie du bas clergé, entretenue par les pressions qui s’exercent dans le sens de la latinisation. Cependant, l’immixtion de plus en plus accentuée du patriarcat de Moscou dans la vie des communautés orthodoxes et la russification à laquelle sont soumis les Ruthènes de l’Ukraine kiévienne donnent à l’Église catholique ruthène le prestige d’une Église nationale, sauvegarde de l’identité ruthène. Les partages successifs de la Pologne (1772, 1793, 1795), qui rattachent à la Russie la majeure partie des provinces ruthènes, à l’exception de la Galicie (avec Halicz), devenue autrichienne, entraînent un véritable effondrement de l’Église catholique ruthène ; celle-ci, à partir de 1839, n’a plus d’existence légale en Russie que dans l’évêché de Chełm, qui sera lui-même finalement supprimé en 1875.

Il en va autrement dans l’empire des Habsbourg. En Ukraine subcarpatique, partie intégrante de la Hongrie des Habsbourg, un évêché de rite grec rattaché directement au patriarcat de Constantinople est érigé à la fin du xve s. à Munkács (Moukatchevo). Il adhère à l’Union au synode d’Ungvár (Oujgorod) [15 janv. 1652], ville dans laquelle est transférée en 1775 la résidence de l’évêque, qui a obtenu en 1771 son entière autonomie par rapport à la hiérarchie latine. Cette région ayant été rattachée à l’U. R. S. S. en 1945, l’Union est abrogée en 1946, et le diocèse est soumis au patriarcat de Moscou. Mais de nombreux fidèles ont émigré aux États-Unis depuis 1880. En leur faveur, un « exarchat apostolique pour les Ruthènes subcarpatiques » est érigé le 8 mai 1924 à Pittsburgh ; sa juridiction s’exerce également sur les catholiques de rite byzantin originaires de Hongrie, de Tchécoslovaquie et de Croatie (300 000 fidèles environ). C’est lui qui constitue présentement l’Église ruthène au sens strict. Les Ruthènes orthodoxes établis aux États-Unis sont estimés à environ 400 000 fidèles.

En Galicie autrichienne, l’ancienne métropole de Halicz est rétablie par Pie VII (1807) avec résidence à Lwów en faveur des Ukrainiens. Avec ses diocèses suffragants de Przemyśl et de Stanisławów (auj. Ivano-Frankovsk), elle rassemble en 1943 quelque 3 400 000 fidèles. Elle a à sa tête de 1899 à 1944 le métropolite Andrzej Szeptycki (1865-1944), personnalité exceptionnelle par ses dons d’organisateur, sa profondeur spirituelle et son énergie. Après le rattachement de la Galicie à l’U. R. S. S. en 1945, l’Union est abrogée en 1946, et la métropole de Halicz (Galitch) est soumise au patriarcat de Moscou. Le successeur d’Andrzej Szeptycki, le métropolite Joseph Slipi, arrêté le 8 juin 1946, est libéré en 1963 ; créé cardinal en 1965, il réside dans la cité vaticane avec le titre d’archevêque majeur des Ukrainiens, mais l’étendue de sa juridiction n’a pas été jusqu’ici (1973) déterminée avec précision à l’égard des émigrés, pour lesquels ont été institués une métropole à Philadelphie (États-Unis) en 1924, une autre à Winnipeg (Canada) en 1956 et des exarchats apostoliques en Angleterre (1957), en Australie (1958), en Allemagne (1959), en France (1960), au Brésil (1962). Malgré des demandes de plus en plus instantes, la création d’un « patriarcat catholique ukrainien » n’a pas été jusqu’ici agréée ; celui-ci pourrait regrouper quelque 800 000 fidèles dans l’émigration.


Usages particuliers

Depuis l’Union de Brest-Litovsk, l’Église catholique ruthène a subi l’influence prédominante des institutions et des usages de l’Église catholique latine, à laquelle elle s’était unie. Cette influence s’est exercée tant dans l’organisation ecclésiastique et la formation théologique du clergé que dans la spiritualité, les dévotions et la liturgie elle-même. Celle-ci est, cependant, restée substantiellement fidèle à la tradition byzantine ; elle a même sauvegardé des usages anciens abandonnés dans les Églises orthodoxes, qui ont généralement adopté les textes et les rites fixés par les livres liturgiques édités à Venise au xvie s. pour le patriarcat de Constantinople. Il faut, enfin, signaler le rôle important joué dans la vie de l’Église catholique ruthène par les moines de l’ordre basilien (congrégation ruthène du Saint-Sauveur), organisé, à l’initiative de saint Josaphat Kuncewicz, par le métropolite de Kiev Valamin Joseph Rutski en 1617 et approuvé par le Saint-Siège en 1624. À la demande de Léon XIII, cet ordre fut réorganisé avec l’aide de la Compagnie de Jésus à la fin du xixe s. et ses Constitutions furent approuvées en 1896 et réformées en 1932. On estime le nombre de ses moines à environ 800.

H. I. D.

➙ Églises orientales / Ukraine.

 M. Harasiewicz, Annales Ecclesiae ruthenae (Lwów, 1862). / J. Pelesz, Geschichte der Union der ruthenischen Kirche mit Rom (Würzburg, 1878-1811 ; 2 vol.). / A. Korczok, Die Griechisch Katholische Kirche in Galizien (Leipzig et Berlin, 1921).

Rutherford of Nelson (Ernest)

Physicien anglais (Brightwater, près de Nelson, Nouvelle-Zélande, 1871 - Cambridge 1937).


Quatrième d’une famille de douze enfants, Rutherford est le petit-fils d’un charron qui, en 1842, émigre d’Écosse en Nouvelle-Zélande et le fils d’un entrepreneur qui s’adonne à la culture du lin. Il reçoit sa première instruction au collège de sa ville natale, puis devient étudiant au Canterbury University College de Christchurch. Là son ingéniosité native se fait remarquer par la construction d’un détecteur d’ondes électromagnétiques. Ayant obtenu ses diplômes en 1893, il poursuit ses études en Angleterre, au laboratoire Cavendish de Cambridge, où il travaille sous la direction de sir J. J. Thomson*.