Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Ruminants (suite)

Le Museum de Paris a pu, dans son parc zoologique, obtenir la première naissance d’Okapi conçu en captivité ; cet animal y a vécu longtemps. Cet élevage a, par la suite, été couronné de succès, puisque cet établissement a pu, à un certain moment, présenter au public un petit troupeau de sept de ces animaux ainsi qu’un jeune sujet de deuxième génération né en captivité en Europe. Les Okapis sont très spectaculaires grâce à leur belle robe, avec leurs curieuses zébrures horizontales qu’ils portent sur les fesses et sur la partie arrière de leurs membres antérieurs.

La surveillance de l’Okapi s’étant un peu relâchée dans son pays d’origine, cet animal risque de disparaître.

P. B.

➙ Antilopes / Bison / Bovidés / Bovins / Caprins ou Caprinés / Chameau / Mammifères / Ongulés / Ovins ou Ovinés / Renne.

 A. Haukland, la Saga de l’Élan, roi des forêts sauvages (en norvégien, Christiana, 1921 ; trad. fr., Delamain et Boutelleau, 1931). / A. R. Evans, Reindeer trek (New York, 1935, nouv. éd., 1946 ; trad. fr. le Long Voyage des rennes, Grasset, 1938, nouv. éd., 1955). / M. S. Garretson, The American Bison (New York, 1938 ; trad. fr. les Bisons d’Amérique, Payot, 1939). / R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe, t. II : Pinnipèdes, Rongeurs, Ongulés, Cétacés (Delachaux et Niestlé, 1949). / P.-P. Grassé (sous la dir. de). Traité de zoologie, t. XVI et XVII : Mammifères (Masson, 1955-1973 ; 8 vol. parus). / H. Manhès d’Angeny, le Chevreuil. Histoire naturelle et chasse (Librairie des Champs-Élysées, 1959). / M. Couturier, le Bouquetin des Alpes (l’auteur, Grenoble, 1963). / I. Dorst et P. Dandelot, A Field Guide to the Larger Mammals of Africa (Londres, 1970). / I. Krumbiegel, Die Giraffe. Die Neue Brehm-Bücherei (Wittenberg Lutherstadt, 1971).

Runeberg (Johan Ludvig)

Poète finlandais d’expression suédoise (Pietarsaari [en suédois Jakobstad] 1804 - Porvoo [en suédois Borgå] 1877).


De famille bourgeoise, il entre après des études axées sur les langues anciennes, à l’université de Turku (en suédois Åbo), qu’il abandonne un temps pour gagner sa vie comme précepteur dans une campagne isolée. Là, en contact avec la nature, il apprend à connaître les paysans finnois, dont il admire le courage et la simplicité. Il se plaît à noter leurs vieux chants, leurs légendes et, de la bouche même d’un vétéran, des récits sur la guerre russo-suédoise de 1808. Tout en préparant sa thèse de doctorat — une comparaison des Médée de Sénèque et d’Euripide —, il écrit des poèmes, des articles et devient un des membres les plus influents du « Cercle du samedi », où des hommes, ardents nationalistes, cherchent à retrouver le passé et à faire du finnois une langue de culture. En 1837, il quitte Helsinki (en suédois Helsingfors) pour enseigner les langues anciennes dans la petite ville de Porvoo, qu’il habitera jusqu’à sa mort. Le romantisme suédois, le nouveau classicisme allemand, Ossian, la poésie populaire serbe et sa profonde connaissance des auteurs grecs l’influencèrent harmonieusement sans aliéner su finie personnalité. Son premier recueil de poésies (1830) exprime, dans une langue encore romantique, les beautés de la nature, l’ivresse de vivre, où se mêle parfois la nostalgie de la mort. Dans la seconde partie de ce recueil, Idylles et épigrammes, le ton se fait plus personnel. On y voit pour la première fois des thèmes sur les paysans les plus humbles, peints dans des vers concis aux images plastiques d’un réalisme nouveau teinte souvent d’idéalisme qui rend proches et vivants des héros à l’âme simple et droite, tel Paavo de Saarijärvi, image idéale du paysan finnois tenace et taciturne. Le poète traite avec émotion et simplicité le thème de la douceur de l’amour et du foyer (Hanna, Nadeschda, Un soir de Noël) et celui du patriotisme (la Tombe à Perho, Frère de nuage). Les Lettres du vieux jardinier sont un de ses rares écrits en prose où s’épanouissent son sentiment profond de la nature, sa conception du monde à la fois panthéiste et chrétienne ainsi que son refus des pratiques sclérosantes du piétisme. Dans son long poème les Chasseurs d’élans (1832), Runeberg conte, dans un style narratif, à la lacon d’Homère, une demande en mariage dans un milieu rustique, prétexte à de petits tableaux réalistes, souvent humoristiques sur la vie paysanne au sein des solitudes. Avec le Roi Fjalar (1844), sa renommée grandit encore. D’une frappe classique, cette sombre épopée en cinq chants, une des grandes œuvres de la littérature en suédois, met en scène un vieux roi de Gothie dont l’orgueil a longtemps bravé les dieux et qui, sous leurs coups vengeurs, finit par s’incliner devant leur puissance. Influences grecque, nordique, celtique se retrouvent dans cette lutte tragique entre l’homme et la volonté divine. Plus que cette saga d’un passé lointain, un peu froide dans sa perfection classique, les Récits de l’enseigne Stål (t. I, 1848 ; t. II, 1860) rallièrent tous les suffrages et valurent à Runeberg le titre de poète national de Finlande. Cette épopée sur la guerre russo-suédoise de 1808-09 comprend trente-cinq courts poèmes tour à tour dramatiques, lyriques, humoristiques, souvent assez près de la vérité historique et dont le poème liminaire, « Notre pays », hymne à la beauté de la Finlande et au courage de son peuple, est devenu le chant national finlandais. Des personnages très divers, des généraux célèbres comme Yrjö Kaarle von Döbeln (1758-1820) et Juhana August Sandels (1764-1831) luttent côte à côte avec d’humbles paysans, tel ce Sven Dufva à la « pauvre cervelle mais au noble cœur » devenu légendaire. D’un héroïsme tranquille, leur patriotisme ardent atteint parfois l’idéalisme le plus pur. Quelques portraits de femmes donnent une douceur poétique à ces récits profondément humains —, d’où est exclue toute haine —, et toujours optimistes en dépit des souffrances et des revers. Un seul grand drame, les Rois à Salamine (1863), tiré de l’Antiquité grecque, des psaumes, des traductions complètent l’œuvre de l’écrivain, dont l’influence fut profonde non seulement en Finlande, mais aussi en Suède. Runeberg sut traiter les thèmes paysans avec simplicité et avec un réalisme encore inconnu dans la littérature finlandaise ; tout Finlandais se reconnaît chez lui. À défaut de grandes idées philosophiques, sa confiance dans la vie et les hommes, son équilibre, son amour de la nature et de son pays, son christianisme éclairé donnent à son œuvre, d’une grande valeur artistique, une haute portée morale.

L. T.