Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rugby (suite)

Le hors-jeu est essentiel pour garder au rugby son caractère collectif, car il apporte une remise en ordre permanente dans l’action. On distingue deux sortes de hors-jeu. Il existe d’abord des hors-jeu bien définis par les mêlées et les touches, c’est-à-dire lors des phases ordonnées par l’arbitre. Les joueurs qui, sur ces phases, se trouvent en position de hors-jeu sont pénalisables par leur seule position illicite. Il y a ensuite des hors-jeu qui surviennent dans le cours du jeu de manière spontanée. C’est ainsi que, lors de la formation d’une « mêlée ouverte » (regroupement de joueurs autour d’une balle mise à terre), d’un « maul » (regroupement de joueurs autour d’une balle portée par l’un des joueurs) ou d’un « tenu » (joueur porteur du ballon plaqué et dont le ballon a touché le sol ou qui est dans l’impossibilité de jouer le ballon), tout joueur qui se trouve au-delà du ballon est surpris en position de hors-jeu et ne peut faire action de jeu avant d’avoir été remis en jeu.


En jeu

Un joueur hors-jeu est remis en jeu s’il se replie derrière le ballon, si un partenaire porteur du ballon ou venu de derrière la ligne de hors-jeu et suivant un coup de pied le dépasse, et si, enfin, un adversaire a touché volontairement ou passé le ballon, ou parcouru 5 m avec.


Placage et tenu

Le placage est un moyen licite d’arrêter un adversaire, mais on n’a le droit de plaquer que le porteur du ballon. Le placage, voire la bousculade ou l’accrochage d’un joueur sans ballon sont pénalisés. Tout joueur plaqué dont le ballon a touché le sol ou qui ne peut jouer le ballon doit immédiatement lâcher le ballon et s’éloigner de celui-ci afin qu’il puisse être joué.


Avantage

Le rugby obéit à un grand principe de base : tout ce qui s’oppose au mouvement du ballon doit être sanctionné, tout ce qui aide le mouvement du ballon doit être favorisé. C’est ce que l’on définit par « règle de l’avantage ». Dans tous les cas où une faute ne nuit pas au camp non fautif, l’arbitre doit appliquer la règle de l’avantage et laisser le mouvement se développer.


International Board et F. I. R. A.

Sport de tradition, le rugby ne possède pas d’organisation mondiale. L’International Board fut créé en 1886 pour régler des différends sur l’interprétation des règles survenus entre les unions britanniques. Il n’a jamais été un organisme d’administration. Aujourd’hui encore, il est avant tout une autorité morale, sans siège social et se réunissant ordinairement la veille du match Angleterre-Écosse, dans un hôtel de Londres ou d’Édimbourg, pour reviser les règles du jeu et fixer les tournées internationales. Longtemps, la Rugby Union, anglaise, considérée comme la « maison mère », garda la majorité. Ce n’est, en effet, qu’en 1948 que les anciens dominions d’Australie, de Nouvelle-Zélande et d’Afrique du Sud, jusque-là représentés par l’Angleterre, se virent accorder un siège. En 1958, enfin, chacune des sept unions membres eut deux délégués.

L’International Board a toujours entretenu avec la France des relations privilégiées, mais il n’a jamais admis la Fédération française de rugby (F. F. R.) comme membre à part entière. Afin d’éviter un isolement total après la rupture prononcée par le Board en 1931, la F. F. R. fonda en 1934 la Fédération internationale de rugby amateur (F. I. R. A.), qui regroupa bientôt la quasi-totalité des nations européennes continentales. L’action de la F. I. R. A. est toujours demeurée réservée ; la France est restée le chef de file de cette dernière.

À partir de 1971, année du centenaire de la Rugby Union, un nouveau système a été mis en place pour harmoniser les relations entre l’International Board et la F. I. R. A. Une conférence des Cinq Nations réunit régulièrement les Britanniques et les Français, établissant ainsi un pont entre les deux groupements. Le Board a marqué ainsi une volonté d’ouverture, confirmée par le développement de ses relations avec l’Argentine, le Japon, le Canada et la Roumanie.


Le tournoi des Cinq Nations

C’est uniquement la force de la tradition britannique qui a fait de ce tournoi une institution internationale. Sans aucun organisme pour la diriger, cette compétition annuelle entre l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande, le pays de Galles et la France est remarquablement ordonnée, les matches étant fixés plusieurs années à l’avance. L’entrée de la France s’est faite progressivement. Chacune des nations britanniques ayant conclu des matches annuels avec les Français, il se trouva qu’à partir de 1910 le championnat international disputé par les Britanniques devint, de facto, le tournoi des Cinq Nations.

Longtemps, les relations des Britanniques avec leur partenaire continental furent incertaines, car le rugby français n’évoluait pas dans le même esprit d’amateurisme rigoureux et de bonne tenue.

Les incidents du match France-Écosse du 1er janvier 1913 au parc des Princes, où l’arbitre anglais échappa de peu au lynchage, provoquèrent une crise grave et une première rupture avec l’Écosse. Les brutalités nombreuses dans le championnat de France, le professionnalisme à peine voilé de certaines équipes entraînèrent en 1930 la dissidence des plus grands clubs, créant une fédération rivale, l’Union française du rugby amateur. Les Britanniques rompirent en 1931, pour ne reprendre les relations qu’en 1939, après que l’unité eut été refaite en France et que le championnat eut été supprimé par le congrès de la F. F. R. D’autres menaces pesèrent après la Seconde Guerre mondiale, mais un certain assouplissement de l’attitude des Britanniques, admettant à leur tour le championnat, a, semble-t-il, renforcé les liens entre la F. F. R. et ses partenaires.

Malgré une victoire précoce sur l’Écosse dès 1911, la première période internationale du rugby français fut marquée par de très lourdes défaites, l’équipe de France manquant de joueurs d’expérience. Cette époque fut dominée par le pays de Galles, qui réalisa le grand chelem (c’est-à-dire remporta tous ses matches dans le tournoi des Nations) en 1908, en 1909 et en 1911, et par l’Angleterre, auteur d’un même exploit en 1913 et en 1914.