Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rubiales (suite)

Les Chèvrefeuilles (Lonicera, 150 espèces) sont des arbrisseaux ou des lianes. Parmi les plus employés dans les jardins, il faut citer L. Caprifolium (à belles fleurs odorantes), L. periclymenum, L. sempervirens, L. cærulea, L. xylosteum, le Chèvrefeuille des haies, à fleurs insignifiantes, mais à fruits rouge foncé très décoratifs. Toutes ces espèces sont, en outre, intéressantes grâce à la délicate odeur de leurs fleurs.

Citons, pour terminer, le genre Symphoricarpus d’Amérique du Nord, dont une espèce, S. racemosus, qui est cultivée dans les jardins et se trouve fréquemment à l’état sauvage dans les haies, a des fruits sphériques blancs ; enfin le genre Linnaea, dédié au célèbre botaniste et dont les espèces sont surtout localisées dans les régions arctiques.


Valérianacées

Cette famille d’une dizaine de genres et de 400 espèces (respectivement 4 et 30 en France) comprend surtout des herbes à feuilles opposées ; les fleurs sont en cymes bipares. Les genres importants sont : les Valérianelles, dont une espèce, V. olitoria, est consommée en salade (mâche) ; les Valérianes, dont on extrayait autrefois un parfum ; les Centranthus, belles plantes rouges ou blanches vivant dans les rocailles ; les Patrinia, les Fedia...


Dipsacées, ou Dipsacacées

Cette famille, assez proche de celle des Valérianacées, comprend 10 genres et 200 espèces (respectivement 4 et 26 en France). Les fleurs sont groupées en capitules provenant de la réduction des cymes ; la corolle, plus ou moins tubuleuse, est du type 5, parfois du type 4, par concrescence de deux pétales. Comme genres, il faut mentionner : les Cardères, dont les inflorescences, hérissées d’aiguillons, servaient autrefois à fouler, c’est-à-dire à apprêter le drap ; les Scabieuses, dont certaines espèces (S. caucasica, S. atropurpurea) sont horticoles ; les Knautia...

J. M. T. et F. T.

Rude (François)

Sculpteur français (Dijon 1784 - Paris 1855).


C’est l’excellent François Devosge (1732-1811), directeur de l’école de dessin de Dijon, qui enseigne l’admiration des Anciens et l’étude du modèle antique au jeune Rude. À partir de 1807, celui-ci travaille à Paris sous la direction de Pierre Cartellier (1757-1831), représentant officiel de l’académisme impérial. Bien qu’ayant obtenu le prix de Rome, il ne peut séjourner en Italie en raison des événements politiques, et c’est au contraire un exil à Bruxelles que lui valent, après les Cent-Jours, ses positions bonapartistes. Appuyé par le peintre David*, exilé lui aussi, Rude obtient en Belgique la commande d’un décor d’inspiration mythologique — aujourd’hui détruit — pour le château de Tervuren.

De retour en France, il commence sa véritable carrière en 1827 avec le Mercure rattachant sa talonnière (bronze, Louvre), qui rassemble dans un seul élan les multiples attitudes de son mouvement. Ce sujet mythologique dans la manière du xviiie s. traduit bien l’idéal de beauté des formes que Rude doit à son admiration de l’Antiquité. En 1833, le souci de vérité, la joie de vivre du Petit Pêcheur napolitain (marbre, Louvre) marquent déjà une rupture avec l’académisme, mais c’est dans le Départ des volontaires en 1792, décorant l’un des pieds droits de l’arc de triomphe de l’Étoile, qu’éclatent les nouvelles conceptions plastiques de Rude. Combien les allégories antiquisantes d’Antoine Étex (1808-1888) et de Jean-Pierre Cortot (1787-1843), les auteurs des autres hauts-reliefs, semblent fades devant l’outrance romantique de la fameuse Marseillaise, qui bafoue les règles académiques !

Par contre, c’est un romantisme historique d’un délicat pittoresque, issu du style « troubadour », qui inspire le Louis XIII adolescent (château de Dampierre) commandé en 1842 par le duc de Luynes.

1847 est l’année de trois chefs-d’œuvre inspirés aussi par ce même goût du passé national, proche ou lointain : la statue en bronze de Gaspard Monge à Beaune, puissante évocation du savant au geste démonstratif ; le tombeau de Godefroy Cavaignac au cimetière de Montmartre, où le corps, à demi recouvert d’un linceul tourmenté, rappelle les plus impressionnants gisants de bronze de la Renaissance ; le Napoléon s’éveillant à l’immortalité (Fixin, Côte-d’Or), vision d’outre-tombe commandée par un fervent demi-solde, sans doute le monument le plus évocateur et le plus symbolique engendré par la légende napoléonienne.

Inaugurée en 1853 au carrefour de l’Observatoire à Paris, la statue du maréchal Ney, dont Rodin* admirait le savant enchaînement de mouvement saisi dans l’instant dramatique de l’action, est aussi l’une des meilleures œuvres inspirées par l’histoire impériale.

L’œuvre religieux de Rude — le Calvaire de l’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris — montre des réminiscences de la puissante plastique bourguignonne de la fin du Moyen Âge. Quant à ses dernières sculptures, telle Hébé (Dijon, musée des Beaux-Arts), elles marquent l’influence d’un voyage tardif en Italie ainsi qu’un retour aux formes lisses, plus épurées encore que celles du Mercure de ses débuts.

Par son attachement aux intentions classiques, par son goût pour la vérité des formes et des gestes, par l’exploitation novatrice des thèmes et des sentiments de son époque, par sa volonté de style enfin, Rude représente au sein de la période romantique un art éclectique et indépendant, servi par un génie épique.

M. L.

 P. Quarré, la Vie et l’œuvre de François Rude (Palais des États de Bourgogne, Dijon, 1947). / H. Drouot, Une carrière : François Rude (Les Belles Lettres, 1960).

Rudistes

Bivalves à coquille épaisse, très inéquivalve, presque toujours fixée.


Fixation et adaptation aux milieux récifaux ont souvent fait perdre aux Rudistes toute ressemblance avec les Bivalves. Apparus au Jurassique supérieur, les Rudistes ont leur apogée au Crétacé et s’éteignent à la fin de cette période. On les divise en sept familles : Dicératidés, Réquiénidés et Monopleuridés, Caprotinidés et Caprinidés (Rudistes à canaux), Hippuritidés et Radiolitidés (Rudistes au sens strict).

Les Rudistes sont caractéristiques des faciès récifaux et prérécifaux de la province mésogéenne en Eurasie, en Afrique et en Amérique. On ne les connaît pas en Australie, et les Dicératidés sont inconnus en Amérique.

Relativement peu modifiés, ces derniers apparaissent à l’Oxfordien. La coquille est très épaisse, tordue, arrondie et peu ornée, plus ou moins inéquivalve. La valve libre est souvent operculaire. En France, Diceras et Heterodiceras sont fréquents dans les faciès récifaux du Jurassique supérieur du Jura et de l’est du bassin de Paris.