Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Różewicz (Tadeusz) (suite)

Ses illusions vite perdues, il se veut moraliste, plein de sarcasme à l’égard du conformisme, du mal et de l’injustice des temps présents. Sa première pièce de théâtre, Kartoteka (le Dossier, 1959), dont le héros est un « automate » enregistrant les événements de la guerre, de l’Occupation et de l’après-guerre, connaît un grand succès tant en Pologne qu’à l’étranger. Dès lors, Różewicz se passionne pour la scène. Dans son théâtre de l’absurde et du grotesque défilent des personnages sans individualité réelle, indifférents et égoïstes, poursuivant leur « petite stabilisation » (Świadkowie albo nasza mala stabilizacja [les Témoins ou Notre petite stabilisation], 1962 ; Wyszedł z domu [Sans laisser d’adresse], 1964). Les poèmes des années 60 sont des images d’un monde qui va vers sa propre ruine (Rien dans le manteau de Prosper, 1962 ; la Chute, 1964 ; Visage, 1964-1966). Aux enfants et aux vieilles femmes, aux innocents et aux simples (Sur les vieilles femmes, 1963 ; À un poste diplomatique, 1966), Różewicz oppose le monde des adultes, corrompus et ridicules, soumis à leur chair, dans ses comédies (l’Acte interrompu, 1964 ; Un petit vieux ridicule, 1963), ses poèmes (Voix anonyme, 1961 ; Regio, 1969), ses nouvelles (Ma petite fille, 1966).

Son œuvre témoigne du conflit de l’homme d’aujourd’hui, pris entre le besoin de s’intégrer à tous les phénomènes du monde moderne et le désir de rester libre. Ce conflit est à l’origine de ses derniers récits (la Mort dans de vieux décors) et de sa pièce de théâtre la Vieille Femme qui couve (1970), image de la vieille Europe qui, encombrée des débris de ses institutions sociales et mentales, rêve, sur un tas d’ordures, à une vie nouvelle.

K. S.

Ruanda

État de l’Afrique centrale ; 26 338 km2 ; Capit. Kigali.



La géographie

Le Ruanda (ou Rwanda) est situé pour 95 p. 100 au-dessus de 1 000 m. Au nord-ouest dit pays, l’ensemble volcanique des monts Birunga (anc. Virunga) est dominé par le Karisimbi (4 507 m) et se prolonge au sud par la crête Congo-Nil, d’altitude supérieure à 2 000 m. À l’ouest, le lac Kivu occupe, à 1 459 m, une partie du grand fossé tectonique d’Afrique centrale ; des accumulations de laves ont provoqué sa formation, par ennoiement d’un relief différencié, d’où le découpage des rives et la présence de nombreuses îles. Au centre et à l’est, l’aspect est celui d’une vieille pénéplaine reprise par l’érosion ; cette pénéplaine est ainsi sculptée en collines aux sommets arrondis et aux pentes convexes. Au nord-est apparaît un relief appalachien de crêtes quartzitiques allongées. Les vallées ont des fonds plats, semés de lacs et de marécages. Les altitudes décroissent vers le cours de la Kagera, où elles sont à 1 400 m.

La dorsale Congo-Nil est bien arrosée (de 1 500 à 1 800 mm de pluies), et les températures varient de 5 à 20 °C au cours de l’année. Le bassin du Kivu et de la Ruzizi jouit d’un climat tropical. Sur les plateaux, les précipitations sont plutôt faibles (990 mm à Kigali), avec une grande saison sèche de juin à septembre et une petite en janvier-février, tandis que les températures restent modérées (moyenne de 18 °C). La végétation forestière naturelle n’existe plus que sur les plus hauts reliefs et couvre 150 000 ha ; ailleurs, pasteurs et agriculteurs n’ont laissé subsister qu’une savane arborée très dégradée. On a replanté eucalyptus et acacias sur 26 000 ha. Des actions anti-érosives sont menées contre la dégradation des sols (banquettes sur les pentes).

La population est formée de paysans bantous, les Hutus (85 p. 100), et de pasteurs hamitiques, les Tutsis (14 p. 100), arrivés plus tardivement et qui ont organisé à leur profit une société de type féodal. Avec un total de 4,2 millions d’habitants, s’accroissant de 2,8 p. 100 au moins par an, le pays a une densité moyenne de 160 habitants au kilomètre carré ; la densité est plus élevée dans l’Ouest, où elle dépasse 220 habitants au kilomètre carré, que dans l’Est. Des milliers de familles ont été installées dans les zones moins peuplées, au sein de paysannats. L’urbanisation a progressé depuis l’indépendance, mais les villes restent de petite taille : Kigali, la capitale, atteindrait 60 000 habitants, et Gisenyi 20 000 habitants. L’habitat rural est très dispersé ; chaque enclos familial, ou rugo, est isolé au milieu de sa bananeraie.

Une exploitation agricole comporte une bananeraie permanente, fumée soigneusement, dont les fruits fournissent surtout de la bière, et des parcelles dispersées sur les pentes et dans les bas-fonds, portant des cultures mélangées (maïs, haricots, manioc, sorgho, patates douces, pois, ignames) ainsi que du gros et petit bétail. Les cultivateurs pratiquent un labour profond à la houe, l’assolement, la jachère périodique. Le troupeau compte notamment 75 000 bovins, rentrés chaque soir, mais dont le rendement en lait et en viande est très médiocre. Les vaches jouent surtout un rôle social (dots, paiements). La principale culture commerciale est le café arabica (14 200 t) ; plus de 50 p. 100 des paysans y consacrent une parcelle. Le thé (1 500 t) et le pyrèthre (2 000 t) proviennent de plantations industrielles privées ou sous régie d’État. La culture du coton n’a encore donné que des résultats modestes (2 000 t).

Le sous-sol est assez minéralisé, mais les réserves sont faibles et l’exploitation est irrégulière. Celle-ci porte sur la cassitérite (2 000 t), le wolfram, le béryl, la columbo-tantalite. L’énergie électrique (30 GWh) alimente la consommation urbaine domestique et un secteur industriel hétérogène et encore peu développé : traitement des cultures de plantation (café, thé, tabac), brasseries et limonaderies, fabriques alimentaires (biscuiterie, confiserie), ateliers et manufactures de textiles, petites industries métalliques, savonneries, fabrique de peinture, montage de récepteurs de radio. Une trentaine d’entreprises seulement emploient plus de 50 ouvriers.