Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rousseau (Henri) (suite)

 M. Gauthier, le Douanier Rousseau (Les Gémeaux, 1949). / P. Courthion, Henri Rousseau, dit le Douanier (Hazan, 1956). / H. Perruchot, le Douanier Rousseau (Éd. universitaires, 1957). / J. Bouret, Henri Rousseau (Ides et Calendes, Neuchâtel, 1961). / H. Certigny, la Vérité sur le douanier Rousseau (Plon, 1961). / D. Vallier, Rousseau (Flammarion, 1961) ; Tout l’œuvre peint de Henri Rousseau (Flammarion, 1971). / P. Descargues, le Douanier Rousseau (Skira, Genève, 1972). / D. Larkin, le Douanier Rousseau (Chêne, 1975).

Roussel (Albert)

Compositeur français (Tourcoing 1869 - Royan 1937).



La vie

Orphelin tôt, il est recueilli par son grand-père paternel. À la mort de celui-ci en 1880, il va vivre chez un oncle. Les premières notions de musique lui sont données par un organiste de sa ville natale, mais, à quinze ans, Albert Roussel décide de devenir marin. En 1884, il entre au collège Stanislas à Paris pour se préparer à l’École navale. Jules Stoltz, organiste de Saint-Ambroise, l’initie alors à l’art de Bach, de Mozart, de Beethoven et de Chopin. En 1887, Roussel est reçu brillamment à l’École navale et s’embarque sur le navire-école Borda. Deux ans plus tard, il navigue pendant dix mois sur la frégate-école Iphigénie, puis sur le cuirassé Dévastation. En 1892, il fait partie de la croisière atlantique de la dernière frégate à voiles, Melpomène. Cependant, malgré l’attirance de la mer, sa vocation musicale se précise, puisque, à cette époque, il effectue ses premiers essais de composition (Fantaisie pour piano et violon). Roussel embarque à Cherbourg sur le cuirassé Victorieuse. À l’église de la Trinité de Cherbourg, son Andante pour violon, alto, violoncelle et orgue est exécuté pour la fête de Noël de 1892. Peu après, Roussel compose une Marche nuptiale. Nommé enseigne de vaisseau, il commande un torpilleur pendant les grandes manœuvres de 1893. Puis il part sur le Styx, que la France envoyait en expédition en Extrême-Orient jusqu’à Saigon. En 1894, ayant obtenu un congé de plusieurs mois, il se rend à Roubaix, où sa famille s’est fixée, et demande conseil à J. Koszul, directeur du conservatoire. Après avoir longuement réfléchi sur sa vraie voie, il choisit la musique. Sa démission d’officier de marine est acceptée le 23 juin 1894.

En octobre, à Paris, Roussel entreprend sous la direction d’Eugène Gigout — ancien condisciple de Koszul à l’école Niedermeyer — l’étude du piano, de l’orgue et de l’écriture. En 1898, il suit à la Schola cantorum, fondée depuis deux ans par Vincent d’Indy*, ses cours de composition. Dès 1902, ce dernier lui confie l’enseignement du contrepoint à la Schola. Dans sa classe, qu’il conservera jusqu’en 1914, Roussel compte parmi ses élèves Erik Satie*, Roland-Manuel, Bohuslav Martinů*, Edgard Varese*... Le 3 mai 1898, il avait dirigé lui-même à la salle Pleyel deux madrigaux à quatre voix a cappella : Chanson du xve siècle et le Soucy, couronnés au concours de la Société des compositeurs et qui demeurent les premières pièces conservées par le compositeur. En effet, il détruisit ses essais de jeunesse, dont une sonate pour violon et piano, jouée en 1902 à la Société nationale.

Son opus 1 est constitué par une suite pour piano : Des heures passent (1898). Viennent ensuite Premier Trio op. 2 (1902), Quatre Poèmes d’Henri de Régnier op. 3 (1903), Résurrection op. 4 (1903), sa première œuvre symphonique, inspirée par le roman de Tolstoï, Rustiques pour piano op. 5 (1904-1906) et Divertissement pour flûte, hautbois, clarinette, cor et basson op. 6 (1906). La composition de sa Première Symphonie, le Poème de la forêt op. 7, s’échelonne de 1904 à 1906. Des mélodies précèdent la Première Sonate pour piano et violon op. 11 (1907-08), où transparaît l’influence de Vincent d’Indy.

Le 7 avril 1908, Albert Roussel épouse à Paris Blanche Preisach, d’origine alsacienne. Lui et sa femme visitent en 1909 l’Inde et le Cambodge. Inspiré par ce long voyage, le musicien composera en 1910-11 Évocations pour soli, chœurs et orchestre op. 15, puis, reprenant la forme opéra-ballet chère à Rameau, Padmâvatî op. 18 (1914-1918). Pour la première fois en février 1909, un concert consacré à ses œuvres est présenté au Havre. C’est dans cette même ville que le Marchand de sable qui passe, musique de scène pour le conte de G. Jean-Aubry, sera donné le 16 décembre 1909. En 1911, Blanche Selva crée à la Société nationale la Suite en « fa » dièse pour piano op. 14 (1909-10). Après la Sonatine pour piano op. 16 (1912), Roussel écrit à la demande de Jacques Rouché le Festin de l’araignée op. 17 (1912), ballet sur un argument de Gilbert de Voisins. Cette partition, dont l’auteur tirera une suite d’orchestre, deviendra vite célèbre. Rayé des cadres de la marine, Roussel, en 1914, à la déclaration de la guerre, est engagé volontaire et sert sous les drapeaux jusqu’en janvier 1918, où il est définitivement réformé. À Perros-Guirec, il achève Padmâvatî, commandée dès 1913 par Jacques Rouché peu après sa nomination de directeur de l’Opéra. Padmâvatî retrace le drame de la reine de Tchitor au xiiie s., qui, après avoir poignardé son mari, le roi Ratan-Sen, monte sur le bûcher pour échapper à Alaouddin, sultan des Mongols, qui a pris la ville. Padmâvatî ne sera représentée qu’en 1923 sous la direction de Philippe Gaubert. En 1919, Roussel entreprend près de Toulon sa Deuxième Symphonie en si bémol op. 23. Le scherzo initialement prévu pour cette symphonie sera détaché et deviendra Pour une fête de printemps op. 22.

En 1920, Roussel séjourne à Varengeville-sur-Mer, en Normandie. Quelques mois après, il s’installe près de là, à Sainte-Marguerite-sur-Mer, où il passera les étés dans son domaine de Vasterival. Là, il composera la majorité de ses œuvres. Des années suivantes datent Fanfare pour un sacre païen (1921), la Naissance de la lyre op. 24 (1922-1924), conte lyrique d’après Sophocle, des pièces vocales, Joueurs de flûte op. 27 (1924), Deuxième Sonate pour piano et violon op. 28 (1924), une page pour guitare dédiée à Andrés Segovia, Sérénade pour flûte, harpe, violon, alto et violoncelle op. 30 (1925), Suite en « fa » pour orchestre op. 33 (1926), Concert pour petit orchestre, op. 34 (1926-27), concerto pour piano et orchestre op. 36 (1927) et Psaume LXXX pour ténor, chœurs et orchestre op. 37 (1928), composé sur le texte anglais de la Bible anglicane. Roussel fera une adaptation française de ce psaume.