Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Roumanie (suite)

Consacrant ses efforts à la création du système de sécurité collective, dont l’initiative appartient à la France et à l’U. R. S. S., la Roumanie propose la réorganisation de la Petite-Entente (1933) ; elle signe les conventions de Londres en vue de la définition de l’agresseur (1933) et, aux côtés de la Yougoslavie, de la Turquie et de la Grèce, adhère à l’Entente balkanique (1934) ; elle renoue les relations diplomatiques avec l’U. R. S. S. (1934) ; en 1936, elle mène des négociations tendant à la conclusion d’un pacte d’assistance mutuelle roumano-soviétique, qui ne sera cependant pas ratifié.

En février 1938, le roi Charles II impose un régime autoritaire (abolition de la Constitution de 1923, dissolution des partis politiques, restriction des attributions du Parlement, etc.).

Après les accords de Munich (sept. 1938) et l’invasion de la Tchécoslovaquie (mars 1939), la Roumanie doit accepter en 1939 et en 1940 la conclusion de traités économiques avec l’Allemagne, traités qui subordonnent entièrement l’économie nationale du pays aux intérêts de la politique d’expansion allemande.

Après l’agression de l’Allemagne hitlérienne contre la Pologne (1er sept. 1939), le gouvernement roumain proclame la neutralité du pays (4 sept.) et permet, malgré les risques que cette attitude comporte, le transit, sur son territoire, du matériel de guerre destiné à la Pologne.

Dans la période qui suit le déclenchement de la Seconde Guerre* mondiale, la situation de la Roumanie empire ; elle devient extrêmement grave après la capitulation de la France (juin 1940) et la défaite, sur le continent, de la Grande-Bretagne.


La Seconde Guerre mondiale

Le 27 juin 1940, la Bessarabie et la Bucovine du Nord sont incorporées à l’U. R. S. S. Après les défaites subies par la Grande-Bretagne et la France sur le front de l’Ouest, les positions, dans les milieux gouvernementaux de Roumanie, des groupements politiques proallemands s’affermissent. En exécution du diktat de Vienne (30 août 1940), imposé par l’Allemagne et l’Italie, la Roumanie cède à la Hongrie le nord de la Transylvanie, soit une superficie de 43 000 km2, peuplée par environ 2 600 000 habitants, en majorité des Roumains. À la suite des négociations roumano-bulgares de Craiova (7 sept. 1940), le sud de la Dobroudja (le quadrilatère) est cédé à la Bulgarie.

Soutenus par l’aide financière et politique des milieux nazis ainsi que par les chefs de la réaction à l’intérieur du pays, les groupements fascistes et profascistes de Roumanie obligent Charles II à abdiquer (6 sept. 1940) en faveur de son fils, Michel Ier, et portent au pouvoir le général Ion Antonescu (1882-1946). Celui-ci instaure une dictature militaire dont la base politique est jusqu’en janvier 1941 l’organisation fasciste de la Garde de Fer ; à cette date, voulant accaparer le pouvoir, la Garde de Fer provoque une rébellion qui est écrasée par Antonescu.

La dictature militaire, subordonnant entièrement la Roumanie aux intérêts de l’Allemagne, liquide les dernières traces des libertés et des droits démocratiques ; elle accepte l’entrée des troupes allemandes dans le pays et, le 22 juin 1941, précipite la Roumanie dans la guerre contre l’U. R. S. S. L’armée roumaine, aux côtés des troupes hitlériennes, prend part aux opérations de Bessarabie, d’Odessa, de Crimée, du Don et de Stalingrad, subissant de lourdes pertes en hommes (plus de 200 000 morts, blessés et disparus) et en matériel.

Au cours des années de guerre, l’économie de la Roumanie s’effondre : à la fin des hostilités, la production industrielle du pays ne représentera plus que 50 p. 100 environ de celle d’avant guerre. De grandes pertes matérielles sont provoquées par le pillage des nazis.

Dès les premiers mois de la guerre, se forme un large front national ayant pour objectif le renversement de la dictature militaire et fasciste, la cessation de la guerre contre l’U. R. S. S., la participation à la lutte contre l’Allemagne hitlérienne, la constitution d’un gouvernement d’indépendance nationale comprenant des représentants de toutes les forces patriotiques, la libération de la Transylvanie du Nord, l’abolition du diktat de Vienne et des réformes démocratiques. Des détachements de partisans mènent leurs actions dans les monts Bucegi, les monts de Caraş, de Vrancea et du Parîng, dans le delta du Danube, dans le Maramureş et les zones de Suceava et de Bacău. En juin 1943 prend naissance le Front patriotique antihitlérien (Frontul Patriotic Antihitlerist [F. P. A.]), qui réunit le parti communiste, le Front des laboureurs, l’Union des patriotes, le Madosz (Union des travailleurs magyars de Roumanie), le parti socialiste paysan ainsi que certaines organisations locales du parti social-démocrate.

Le 1er mai 1944, sur la base d’une plate-forme affirmant des principes antifascistes et formulant des revendications ouvrières, se crée le Front unique des travailleurs (Frontul Unic Muncitoresc [F. U. M.]) ; dans le courant du printemps et de l’été de 1944 prend corps et se développe la collaboration avec tous les partis, groupements et personnalités politiques favorables au renversement de la dictature militaire et fasciste ainsi qu’au retournement des armes contre l’Allemagne hitlérienne.

En juin 1944 sont jetées les bases du Bloc national démocratique (B. N. D.), auquel, à côté du parti communiste et du parti social-démocrate, adhèrent les partis national-paysan et national-libéral. Dans le courant des mois de juillet et d’août, le plan concret de l’insurrection armée est arrêté.

Mettant à profit la tournure favorable prise par la situation intérieure et par la conjoncture internationale, les forces nationales patriotiques de Roumanie — dont le parti communiste constitue le noyau principal — déclenchent (23 août 1944) et mènent à bonne fin l’insurrection nationale armée. Les membres du gouvernement Antonescu sont arrêtés, l’armée roumaine attaque les troupes hitlériennes et, aux côtés des formations de combat patriotiques, libère la capitale.

Le 12 septembre 1944, la Roumanie signe à Moscou la convention d’armistice avec les gouvernements des Alliés, qui consacre une situation de fait ; elle retourne ses armes contre l’Allemagne hitlérienne.