Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rotifères (suite)

Reproduction

Les sexes sont séparés, et le mâle est souvent beaucoup plus petit que la femelle. Comme les Daphnies et les Pucerons, les Rotifères font alterner des générations de femelles parthénogénétiques et une génération de sexués pondant des œufs fécondés. Dans le cas le plus simple, les premières se succèdent pendant la belle saison, et les sexués apparaissent en automne ; protégé par une coque épaisse, l’œuf fécondé passe l’hiver, puis éclôt en donnant une femelle ; dans d’autres cas, les mâles apparaissent à deux ou à plusieurs périodes pendant l’année. Dans l’ordre des Bdelloïdés, les mâles sont inconnus ; il y a parthénogenèse indéfinie.


Écologie

Les Rotifères les plus caractéristiques abondent dans le plancton des eaux douces (Hydatina) ; d’autres restent sur le fond ou près des rives, se déplaçant en rampant ou par arpentage, comme des Sangsues (Philodina) ; certains, comme Floscularia, vivent fixés dans un tube gélatineux transparent ; il arrive même que les individus se groupent dans une substance gélatineuse commune.

Il y a peu d’espèces franchement marines ; celles qu’on rencontre sur le littoral peuvent souvent vivre en eau saumâtre et même en eau douce.

On considère comme terrestres les Rotifères bdelloïdes des Mousses, des Lichens ou des écorces ; ce sont en réalité des formes aquatiques qui ne sont actives que si le substrat est suffisamment humide ; ils possèdent l’étonnante propriété de pouvoir survivre à de longues périodes de déshydratation (anhydrobiose) et résister à des conditions extrêmes de température ; humectés, ils reprennent rapidement leur vie normale.

On connaît quelques cas de parasitisme. On rencontre diverses espèces de Proales à l’intérieur d’Algues du genre Volvox ou Vaucheria, ou sur les pattes ou les branchies de Crustacés d’eau douce. Albertia et Balatro vivent dans le tube digestif ou le cœlome d’Annélides Oligochètes.

Les Rotifères constituent un groupe très particulier, dont les affinités restent incertaines : la segmentation du type spiral évoque celle des Annélides et des Mollusques, mais l’absence de cœlome véritable et de tête bien délimitée les rapprocherait plutôt des Némathelminthes.

M. D.

Rotsés

Ethnie de la Zambie, dont les membres sont également connus sous le nom de Lozis.


Les Rotsés occupent la plaine alluviale du Zambèze et toute la vie rotsé dépend de son inondation. Les villages sont construits sur des buttes au-dessus du niveau de l’eau ; à chaque butte sont rattachés des jardins et des lieux de pêche définis. Le travail agricole s’échelonne sur toute l’année selon des modes différents (jardins bas - jardins irrigués - savane - jardins hauts). Les gens des villages voisins coopèrent à la pêche, à la chasse, au jardinage et au gardiennage des troupeaux. Les cultures pratiquées sont le sorgho et le maïs. Pendant la période de l’inondation, on remarque des migrations de populations, car les ressources sont médiocres.

Les droits de propriété sont très complexes. C’est le chef de village qui distribue la terre, mais le droit de cultiver provient du roi.

Le village est l’ultime unité politique. La filiation est bilinéaire ; les Rotsés ont un nom de descendance (mishiku), mais il n’y a pas de clans. Le système de parenté des Rotsés est fluide et correspond à leur type de résidence et de production.

Le couple mari-femme représente une unité économique. Le mariage peut avoir lieu entre gens de famille royale et gens du commun ; il est souvent instable et la polygamie se pratique chez les Rotsés.

Le roi autrefois était puissant, on lui devait respect et allégeance ; il organisait toute la vie économique au travers des échanges, ce qui explique la domination des Rotsés sur beaucoup de tribus. En échange, ces dernières étaient protégées. Le roi est entouré de conseillers ; près de la maison du conseil sont conservés les grands tambours que l’on bat pour la guerre, pour une grande chasse, en cas d’urgence ou de voyage du roi. Le roi a beaucoup de propriétés personnelles (villages, jardins, lieux de pêche) ; il assure le percement des canaux. Son royaume n’est pas divisé territorialement, mais en sections politiques définies par un titre.

Les Rotsés vouent un culte aux ancêtres. Il faut y ajouter le culte de la fécondité et le culte du héros. Il existe des devins chez les Rotsés.

J. C.

 M. Gluckman, « The Lozi of Barotseland in Northwestern Rhodesia » in Seven Tribes of British Central Africa sous la dir. de E. Colson et M. Gluckman (Manchester, 1959).

Rotterdam

Deuxième ville des Pays-Bas* (province de Hollande-Méridionale) et le plus grand port mondial ; 670 000 hab. (plus d’un million pour l’agglomération).



L’histoire

À l’origine petit village de Hollande septentrionale, Rotterdam est née de la construction d’une digue, ou dam, vers 1240 sur la Rotte, rivière qui se jetait dans la Nieuwe Maas (l’un des bras du delta commun de la Meuse et du Rhin), et de l’installation d’une colonie près de cette digue. Elle accède à l’état de cité par des chartes successives : en 1299, puis en 1328 ; en 1340, Guillaume IV, comte de Hollande, lui accorde son statut définitif de ville, concédant en même temps aux citoyens le droit de creuser un canal jusqu’à la Schie, autre affluent de la rive droite de la Nieuwe Maas. Rotterdam est ainsi en liaison avec de grands centres d’affaires : Leyde, Delft et Dordrecht. Port de pêche et de commerce accessible à des navires de fort tonnage, la ville bénéficie de l’industrie drapière à Delft et à Leyde et de l’invention de la mise en caque, qui rend possible l’exportation massive des harengs. Mais son véritable essor ne date que de la seconde moitié du xve s. — illustré également par la naissance d’Érasme vers 1469, dont la gloire contribue au renom de la ville. Les navires de Rotterdam, comme ceux d’Amsterdam, participent à l’expansion maritime et commerciale des Hollandais, auxquels le roi de Danemark ouvre en 1431 les détroits par la paix de Copenhague, qui leur permet de ruiner progressivement le monopole du commerce maritime que détenaient jusque-là les Hanséates. Mais le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien* d’Autriche en 1477 ralentit cette croissance, l’autoritarisme centralisateur provoquant des troubles dont l’instigateur est Frans Van Brederode (1465 ou 1466-1490) ; mais la situation est encore plus critique sous les règnes de Charles Quint* et surtout de Philippe II*. D’abord en partie détruite accidentellement par un incendie en 1563, la ville est occupée et pillée par les troupes espagnoles du stathouder Maximilien Van Boussu qui tentent de reprendre Brielle, où les « gueux de mer » calvinistes venus d’Angleterre ont débarqué le ler avril 1572. Rotterdam, qui a chassé les Espagnols en juillet, se range aux côtés du prince Guillaume Ier * d’Orange-Nassau, qui anime l’opposition protestante aux Habsbourg catholiques et qui est reconnu stathouder par les états de Hollande réunis au milieu du mois à Dordrecht. Partie intégrante des Provinces-Unies* nées en fait de l’Union d’Utrecht du 23 janvier 1579, Rotterdam bénéficie dès lors du blocus de l’Escaut (1585). Conséquence de la guerre menée contre l’Espagne*, celui-ci détourne en effet les courants commerciaux qui animaient les ports flamands et brabançons restés espagnols vers les ports zélandais et hollandais, où affluent les marchands et les artisans d’Anvers* victimes du sac de 1576 ou fuyant l’Inquisition* après la reconquête de cette ville par Alexandre Farnèse en 1585. Conçu à la fin du xvie s. par le Conseil de la ville à l’instigation du pensionnaire Johan Van Oldenbarnevelt (1547-1619), un plan d’agrandissement et de rénovation du port et du canal maritime dote alors Rotterdam d’un nouveau et vaste quartier portuaire équipé de plus de dix bassins profonds. Le port dispose en outre d’un nouvel outil de transport, la flûte, navire gros porteur mis au point avant 1590 et qui sort en partie de ses chantiers navals. Rotterdam reste non seulement un centre actif de la pêche artisanale du hareng, dont 80 p. 100 du produit est exporté, mais devient également au xviie s. la deuxième place marchande des Provinces-Unies. Accueillant à ce titre de 1635 à 1656 la compagnie des Marchands aventuriers, exportateurs de draps anglais non apprêtés, la ville entretient en outre au xviie et au xviiie s. avec la France et l’Angleterre un trafic dont la régularité est interrompue par les nombreuses guerres qui opposent les Provinces-Unies principalement à la première de ces puissances. Enfin, elle se tourne vers l’Indonésie et l’Amérique et devient l’une des étapes les plus importantes de la Compagnie des Indes orientales. Un tel essor commercial entraîne dès 1609 la création d’une banque de dépôt organisée sur le modèle italien ; de plus, il enrichit la bourgeoisie, ainsi qu’en témoignent les investissements que consent cette dernière à l’extension des polders et à la culture de la garance. De 1622, date à laquelle elle compte 45 000 habitants, jusqu’en 1795, Rotterdam accroît sa population de 117 p. 100. Un tel taux s’explique non seulement par sa prospérité économique, mais aussi par l’ouverture religieuse de la ville. Adhérant surtout à la forme la plus tolérante du calvinisme, l’arminianisme, acceptant la présence d’un service d’assistance catholique, Rotterdam accueille en effet en 1685, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, de nombreux protestants chassés de France, parmi lesquels Pierre Bayle, qui y publie en 1696-97 le célèbre Dictionnaire historique et critique.