Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

risque minier (suite)

• Dégagement instantané (D. I.). La libération quasi instantanée de grands volumes de bioxyde de carbone (houillères du Gard) ou de grisou, avec projection de folle farine de charbon, peut être provoquée par la détente brusque des tensions préexistantes dans certains charbons contenant du bioxyde de carbone ou du grisou occlus. L’exploitation des couches sujettes à ces dégagements instantanés exige des mesures spéciales, soit par tir d’ébranlement pour provoquer cette détente en l’absence du personnel, soit par détente progressive des terrains en avant de l’exploitation (sondages de détente, longues tailles avec foudroyage, exploitation préalable d’une couche égide voisine non sujette aux dégagements instantanés). En l’absence de précaution, en zone vierge, un dégagement instantané peut projeter des milliers de mètres cubes de gaz et de tonnes de charbon.


Dangers provenant de l’eau

Si l’exploitation s’approche trop près d’anciens travaux abandonnés, dans lesquels de l’eau s’est accumulée, un dangereux coup d’eau peut survenir, la pression de l’eau faisant céder la trop étroite bande de terrain séparant les deux exploitations. Pour s’en prémunir, on laisse inexploité un stot suffisant et, pour ne pas avoir à pomper les venues d’eau de quartiers abandonnés, on isole ceux-ci par des serrements en béton calculés pour résister à la pression de l’eau. Si on craint des venues d’eau dépassant la capacité des pompes, on protège les organes vitaux, salles de pompes et puits, par des portes étanches.

J. A.

➙ Abattage / Exploitation à ciel ouvert et souterraine / Extraction dans les mines / Galerie de mine / Soutènement.

rites (querelle des)

Grand débat missionnaire qui opposa aux xviie et xviiie s. les jésuites de Chine aux pouvoirs ecclésiastiques.


C’est le P. Matteo Ricci (1552-1610), débarqué à Macao en 1581, bien qu’il ait été précédé d’un an par le P. Michele Ruggieri, qui va orienter tout l’esprit de la future évangélisation. Quelque trente ans auparavant, les jésuites portugais avaient entrepris de christianiser le Japon. Les succès avaient été considérables, mais bientôt l’esprit de lucre des missionnaires avait rendu ceux-ci odieux, et des ordres de persécution avaient provoqué le martyre de nombreux chrétiens.

Le génie du P. Ricci fut de comprendre qu’il fallait s’adapter aux mœurs et aux usages chinois, qu’on ne pouvait évangéliser cet État de haute culture comme une tribu d’Amérindiens encore au stade de la cueillette.

Ricci se rendit également compte que deux sectes spirituelles se partageaient le pays : celle des bonzes bouddhistes, jugée idolâtre, et celle des lettrés confucéens, considérée comme plus proche de la pensée occidentale. Le jésuite croit qu’il y aurait avantage pour les missionnaires à se présenter aux Chinois avec l’habit et le rang des lettrés, de les impressionner par la science européenne, l’astronomie surtout, et, par là, de les amener à s’intéresser à la pensée chrétienne.

Un autre intérêt résidait dans le fait que les confucéens étaient les favoris du pouvoir impérial ; on retrouve ici le souci traditionnel de la Compagnie de gagner d’abord les princes, les populations devant suivre ainsi plus facilement.


L’incompréhension de l’Europe

Mais, dans leur apostolat, les Jésuites allaient se trouver en butte à deux difficultés majeures. Tout d’abord, ils s’opposèrent aux ordres missionnaires anciens (Dominicains, Capucins, etc.), résolus à imposer en Chine un christianisme d’autorité, d’esprit colonisateur, à l’instar de ce qui s’était déjà passé en Afrique et en Amérique.

L’autre obstacle, c’était l’étroitesse intellectuelle des clercs européens, incapables d’admettre que la culture chinoise pouvait être semblable à celle de la chrétienté. Bon exemple de cet état d’esprit, la Sorbonne condamna comme « scandaleuse et impie » la proposition suivante : « La Chine a pratiqué les maximes les plus pures de la morale tandis que l’Europe et presque tout le reste du monde étaient dans l’erreur et la corruption. »

Quoi qu’il en soit, la doctrine du P. Ricci restera celle de la Compagnie. Celui-ci s’efforça d’interpréter dans un sens chrétien les livres chinois au sujet de Dieu, des âmes, des esprits. Parmi les problèmes qui se posaient, il y avait les rites chinois, ou cérémonies traditionnelles envers Confucius, les défunts et les génies des cités. Ricci les considéra comme non idolâtriques. À sa mort, en 1610, le P. Niklaas Trigault (1577-1628) établit une distinction très nette entre rites civils et rites religieux. Les libations envers les morts, par exemple, pouvaient être considérées soit comme des « offrandes » sur des « tables » — et c’étaient donc des rites civils — ou bien comme des « sacrifices » sur des « autels » — et c’étaient par conséquent des rites religieux. Toute la question, en effet, était là.

Des jésuites espagnols de Manille, des missionnaires d’autres ordres dénoncèrent, dès la fin du xvie s. et au cours du xviie, ces « tolérances » ; ils critiquaient l’attitude des jésuites de Chine, l’adoption d’un nom chinois et du costume du pays, la célébration liturgique et la langue chinoise, etc.


Les tergiversations romaines

Ces religieux portèrent l’affaire devant leurs supérieurs, et, la question s’envenimant, un appel fut porté à Rome en 1645. De locale, l’affaire désormais devenait occidentale.

On allait assister alors à un grand dialogue entre l’Occident et la Chine ; des milieux missionnaires, il gagna l’opinion publique. En 1645, le pape Innocent X (1644-1655) donna raison aux religieux ennemis des Jésuites et approuva l’exposé du dominicain espagnol Juan Bautista Morales (1597-1664) hostile aux rites. Les Jésuites ripostèrent et envoyèrent à Rome le P. Martino Martini (1614-1661), qui, en 1656, fit décider par le successeur d’Innocent X, Alexandre VII (1655-1667), que, les rites chinois étant purement civils, les Jésuites pouvaient les accepter.