Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Reynolds (sir Joshua) (suite)

C’est vers 1760 que sa réputation s’établit ; il a peint, en 1755, le portrait du commodore, ce qui a contribué à le faire connaître ; il produit beaucoup, malgré une vie mondaine ardente. En cette année 1760, il est l’un des fondateurs de la Society of Artists, mais, en 1768, après un voyage en France, il la quitte pour constituer avec une trentaine de confrères, dont Thomas Gainsborough*, la Royal Academy, dont il est nommé président. Peu après, sir Joshua Reynolds est anobli, ce qui lui permet de donner beaucoup d’audience au nouveau groupement : rattachement d’écoles, adhésion de personnalités qui apportent leur soutien. Lui-même est un membre fort actif : entre 1768 et 1790, il enverra près de deux cent cinquante œuvres aux expositions.

Vingt ans durant, il jouit d’une primauté qui ressemble à une dictature artistique. Peintre non de la famille royale, mais de la noblesse, administrateur, rassembleur de talents divers, il reçoit dans son atelier, où opinions et courants de pensée divers se confrontent, les grands par la naissance, la fortune, l’esprit, l’art. Il fréquente Edmund Burke, homme politique et écrivain, l’auteur dramatique et acteur David Garrick, l’écrivain Oliver Goldsmith*, le docteur Samuel Johnson*, dont il fera quatre portraits, tous d’une présence étonnante. Il collectionne depuis toujours les œuvres d’art. Depuis ses débuts, il tient régulièrement son journal et, à partir de 1755, y ajoute des notes sur les séances de pose avec les noms des clients. Il prend son rôle très au sérieux et lorsque, président de l’Académie, il remet les récompenses annuelles, son discours (il y en a quinze en tout) résume dans un esprit d’orthodoxie classique les exigences sévères de la peinture.

Avec les années, il peint un peu moins de portraits et se dirige vers l’allégorie, la mythologie, les grands sujets. La soixantaine lui apporte maux physiques et épreuves. Une attaque de paralysie, due aux excès de table, l’atteint ; il ne s’en remettra qu’en partie. Des tableaux pour la Shakespeare Gallery, son Hercule enfant pour Catherine II sont discutés. Son cher ami le docteur Johnson meurt en 1784 ; en juillet 1789, il perd presque la vue, devient sourd ; il a des difficultés avec son comité de la Royal Academy : fin de vie assez triste, à laquelle il se soumet avec résignation.

Reynolds est venu au bon moment pour donner, avec son aîné Hogarth*, une école nationale à son pays. Il associe au caractère anglais les leçons italiennes — surtout bolonaises — et aussi une forte influence de Rembrandt, tirant une harmonie de ces sources disparates. Il unit le vrai et le beau, préférant, comme on a pu le dire, l’embellissement à la création pure. En cela, il est parent des paysagistes du xviiie s. La couleur, chez lui, va de pair avec ce choix. Il la traquera sans cesse, consacrant sa vie à sa recherche, sur un plan plus intellectuel que technique (car, faute d’une attention suffisante aux moyens, certaines œuvres se sont dégradées) : il est l’initiateur du colorisme anglais.

Il ne cessera de produire, et son œuvre va en se perfectionnant, du moins en ce qui concerne ses portraits. Ses tableaux de genre et d’histoire sont inférieurs à ceux-ci, malgré son ambition de produire de « grandes machines » : Ugolin et ses enfants, la Continence de Scipion (Ermitage, Leningrad), la Mort du cardinal de Beaufort (Dulwich), d’autres sur des thèmes shakespeariens, ou encore religieux.

Peintre d’histoire, il l’a été dans ses portraits lorsque le vêtement ou un détail frappé fixent le personnage dans le temps, la hiérarchie sociale, la fonction. Il a ainsi représenté l’Angleterre familiale (« high society »), politique, militaire, littéraire, artistique ; là, il est incomparable, vrai reporter qui réussit davantage ses portraits masculins que féminins : ainsi dans son Lord Hearthfield (National Gallery, Londres), où la grandeur est intimement liée à un réalisme audacieux. Cette vigueur ne l’empêche pas de donner de délicieuses effigies de femmes (Nelly O’Brien, Wallace Collection, Londres), dont quelques-unes composent des scènes : Lady Cockburn et ses enfants (National Gallery). Parfois, une identification mythologique prétend « hausser le ton » (Mrs Sheridan en sainte Cécile), tandis que bon nombre de portraits d’enfants sont d’une pose affectée.

M. B.

 E. K. Waterhouse, Reynolds (Londres, 1941 ; nouv. éd., 1973).

Rhaznévides

En turc Gazneliler, dynastie d’origine turque (xe-xiie s.).


La décadence des ‘Abbāssides au xe s. provoque la formation de principautés indépendantes en Iran et en Afghānistān. La plus célèbre est celle des Rhaznévides (ou Ghaznévides), constituée autour de Rhaznī (ou Ghaznī), ville de montagne située au sud de l’actuelle Kaboul. En 962, un mercenaire turc, Alp Tigin (ou Alp-Tegīn), ancien commandant de la garde royale sāmānide, s’empare de Rhaznī et bat les Sāmānides. Son fils Sebük Tigin (ou Subuk-Tegīn) [977-997] fait la paix avec ces derniers et obtient, outre le gouvernement de Rhaznī, celui du Khorāsān en Iran ; il étend même sa domination sur une partie du Pendjab.

Le véritable fondateur de la dynastie rhaznévide est Maḥmūd de Rhazna (ou de Rhaznī) (999-1030], fils aîné de Sebük Tigin. Il se débarrasse de son frère cadet et rival, Ismail (997), et entreprend d’éliminer les Sāmānides. Maître du Khorāsān, reconnu souverain par le calife ‘abbāsside, Maḥmūd de Rhazna étend son empire en Inde et en Iran (au détriment surtout des Buwayhides). Après s’être emparé des trésors fabuleux de Somnāth au Kāthiāwār (1025), il annexe le Pendjab, enlève la Transoxiane, Rey et Ispahan. Sur ses pas, l’islām sunnite s’impose à nombre d’hindous et fait reculer le chī‘isme. En quelques années, l’empire de Maḥmūd s’étend d’Ispahan à Lahore, de l’Amou-Daria aux côtes du Makrān (Balūtchistān) ; Maḥmūd reste un héros musulman légendaire en Hindoustan. Son gouvernement, très centralisé, est essentiellement militaire, féodal et bureaucratique, la hiérarchie sociale étant dominée par les Turcs, les Perses constituant l’élément essentiel de l’administration, en matière fiscale notamment.