révolution (sociologie de la) (suite)
Conclusion
La sociologie des révolutions ne prétend pas remplacer l’histoire des révolutions, mais, par des analyses systématiquement comparatistes, l’aider à mieux cerner les questions pertinentes qu’il convient de poser aux faits. Il semble que les recherches devraient s’orienter dans plusieurs directions.
En premier lieu, il faut déterminer qui sont les révolutionnaires, quels sont leur origine sociale, leur tempérament, leur nombre, leurs qualités... En deuxième lieu, il faut définir les fins qu’ils poursuivent, leur idéologie, la manière dont ils perçoivent la situation présente et la société qu’ils prétendent instaurer. En troisième lieu, il convient d’analyser de près les situations de crise, qui mettent la révolution à l’ordre du jour ; l’appréciation est particulièrement délicate, car il faut confronter, d’une part, les forces qui agissent dans le sens du bouleversement et, d’autre part, les facteurs de stabilité inhérents au système politique et social considéré. Enfin, il faut s’attacher au déroulement de la révolution elle-même, à la manière dont les groupes orientent leur stratégie et les événements que leur confrontation inscrit dans les faits ; on doit également préciser les résultats effectifs atteints, au-delà des projets et des intentions, en un mot tenter de dresser un bilan. Il va sans dire que c’est là une tâche qui, bien souvent, excède les possibilités de la science : comment construire le bilan de la Révolution française, alors que ses effets n’ont probablement pas encore fini de se faire sentir et que, de fait historique particulier et contingent, elle est devenue un mythe qui continue à agiter les passions à travers le monde ?
J. B.
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