réserves biologiques (suite)
La différenciation, chez les animaux, des tissus adipeux de réserves au service de l’organisme exige que leurs cellules — adipocytes — soient informées de l’état nutritionnel de l’organisme et réagissent rapidement à une demande énergétique par une mobilisation de leurs acides gras. Un mécanisme complexe mettant en jeu les systèmes nerveux et surtout hormonal assure cette fonction. De façon schématique, alors que l’insuline commande l’utilisation des sucres et leur transformation en acides gras, l’adrénaline commande au contraire la libération des acides gras des triglycérides des réserves adipeuses et leur mise en circulation. Remarquons que, lorsque cela est nécessaire, l’accélération des débits circulatoire et respiratoire participe au même objectif de satisfaction du besoin énergétique.
L’oxygène étant généralement indispensable, qu’en est-il des réserves d’oxygène de l’organisme ? Ces réserves sont infimes (chez l’Homme, 2 litres dissous ou combinés à l’hémoglobine du sang et à la myoglobine du muscle) et doivent être très rapidement renouvelées.
Autres réserves
L’animal adulte ne dispose pas de réserves protéiques. Par contre, les organismes végétaux en développement en disposent dans les graines en vue de la germination. Ces réserves protéiques se présentent sous forme de grains d’aleurone dans les cellules ; le gluten du blé en est un exemple.
Les réserves de nutriments nécessitent pour leur utilisation des facteurs coenzymatiques, dont beaucoup sont des dérivés de vitamines. Les réserves de vitamines sont très variables selon leur nature. Localisées dans les fruits ou les graines chez les végétaux, elles se trouvent généralement dans le foie chez les animaux. Le foie des Mammifères détient un stock de vitamine A dont le terme d’utilisation est de un à deux ans. En raison d’une concentration d’utilisation métabolique infime, la réserve hépatique de vitamine B 12 est à échéance encore plus longue, de dix à vingt ans.
En ce qui concerne les constituants minéraux, la réserve structurale osseuse de calcium est énorme (1,5 kg chez l’Homme). En fait, le calcium osseux, malgré un apport exogène optimal, est constamment recyclé dans l’organisme. Par contre, les réserves minérales mobiles, comme l’eau et les ions dissous, sont très faibles, aussi bien chez les végétaux que chez les animaux. Leur apport régulier est donc fondamental pour la vie des organismes.
Conclusion
Une vue d’ensemble des formes chimiques et des localisations anatomiques des réserves chez les êtres vivants met en évidence une certaine variabilité. Il ressort, cependant, de façon générale, que ces réserves, aussi bien énergétiques que structurales, caractérisent, plus que l’adulte, l’organisme prêt à se développer : graine de végétal, œuf d’animal. Encore doit-on remarquer que les réserves (albumine, lipides), bien qu’à sa disposition, sont, en fait, extérieures à l’organisme en développement.
Plus qu’au service de l’individu, la différenciation des réserves nutritionnelles apparaît au service de l’espèce, permettant sa perpétuation. Par son alimentation quotidienne, l’Homme a détourné à son avantage cette finalité des graines et des fruits végétaux. Il convient, toutefois, de ne pas rompre, par une expansion démographique non contrôlée, l’équilibre entre les besoins de consommation humaine et la production de ces réserves végétales.
M. P.
➙ Amidon / Glucides / Lipides / Métabolisme / Nutrition / Protides.
C. Kayser (sous la dir. de), Physiologie, t. II (Flammarion, 1963 ; nouv. éd., 1970). / H. Laborit, les Régulations métaboliques (Masson, 1965).