Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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relativité (suite)

Quelques conséquences de la relativité générale

Certains phénomènes importants que pensent avoir observés les astronomes ne peuvent pas être prévus par la théorie newtonienne de la gravitation et peuvent être à bon droit considérés aussi comme des indications de la validité de la relativité générale ou de certaines théories dérivées.

• Les ondes gravitationnelles. La relativité générale prévoit qu’un système de masses se déformant émet de l’énergie sous forme d’ondes se propageant à la vitesse de la lumière et pouvant être captées par les vibrations qu’elles induisent sur un système de masses récepteur. De telles ondes gravitationnelles ont peut-être été détectées en provenance du centre de la Galaxie ; cependant, des observations récentes n’ont pas confirmé ce phénomène, qui correspondrait, s’il existait, à une incroyable libération d’énergie gravitationnelle.

• Les trous noirs. Lorsqu’une masse sphérique M occupe un rayon R inférieur à un rayon critique, dit rayon de Schwarzschild, R = GM/c2, aucun rayonnement ne peut en sortir en raison de la grande courbure locale de l’espace-temps, et l’objet ne se manifeste à l’extérieur que par son champ de gravitation. De plus, toute matière tombant sur cet objet y est absorbée, sans espoir d’en ressortir. On appelle ce type d’objet un trou noir ; il se peut que toutes les étoiles massives finissent leur évolution sous cette forme, et l’on pense que certaines sources célestes de rayons X sont des étoiles binaires dont l’une des composantes est un trou noir. L’effondrement relativiste d’une très grande masse devenant un trou noir peut s’accompagner d’une libération d’énergie considérable, et c’est une des explications qui ont été suggérées pour expliquer la grande quantité d’énergie émise par les quasars.

• La structure de l’Univers. À l’échelle de l’Univers, les effets de la relativité générale, peu importants dans la vie courante, deviennent tout à fait prépondérants. En particulier, la géométrie de l’Univers et son devenir sont entièrement déterminés par la densité de masse qu’il contient. Les modèles cosmologiques issus de la relativité générale permettent de rendre compte de l’ensemble des observations actuelles : décalage vers le rouge, comptages d’objets (galaxies ou radiosources), existence d’un rayonnement isotrope sur ondes millimétriques. Mais, encore une fois, ces observations ne peuvent être considérées comme des preuves de la seule relativité générale.

J. L.

➙ Cinématique / Dynamique / Einstein (A.) / Énergie / Géométrie / Gravitation / Mécanique / Physique / Univers.

 P. Couderc, la Relativité (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1941 ; 15e éd., 1973). / H. Arzeliès, Relativité généralisée, gravitation (Gauthier-Villars, 1961-1963 ; 2 vol.). / O. Costa de Beauregard, Précis de relativité restreinte (Dunod, 1964). / V. Kourganoff, Initiation à la théorie de la relativité (P. U. F., 1964). / D. W. Sciama, The Physical Foundations of General Relativity (Garden City, N. Y., 1969, trad. fr. les Bases physiques de la relativité générale, Dunod, 1971). / M. A. Tonnelat, Histoire du principe de la relativité (Flammarion, 1971).

religieuse chrétienne (vie)

« La vie religieuse est une forme particulière de vie chrétienne, dont le but est d’honorer Dieu de façon plus parfaite. La religion étant une vertu qui porte l’homme à rendre à Dieu le culte et les devoirs qui lui sont dus, ceux que l’on appelle religieux se consacrent librement et de façon stable à ce service divin par des engagements plus stricts (vœux de religion), dépassant l’accomplissement des simples préceptes » (A. Bride).


D’une manière plus précise, le code de droit canonique (canon 487) définit ainsi l’état religieux : « Une manière stable de vivre en commun, par laquelle les fidèles s’engagent à observer non seulement les préceptes communs, mais encore les conseils évangéliques, par les vœux d’obéissance de chasteté et de pauvreté. »

C’est en Orient que la vie religieuse s’ébauche, au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne. Elle s’y développe sous deux formes différentes, suivant que le religieux, l’ascète, vit en solitaire ou en communauté. Les déserts de l’Égypte, notamment, voient affluer des ermites, ou anachorètes, qui, dans l’isolement complet, mènent une vie d’une incroyable austérité : les plus célèbres d’entre eux sont saint Paul de Thèbes (v. 228 - v. 341), saint Antoine* (v. 251-356) et saint Hilarion (v. 291 - v. 371). Les persécutions qui favorisaient l’érémitisme ayant cessé, la vie commune, ou cénobitique, s’organise, son premier législateur étant saint Pacôme (v. 290-346). Mais le véritable père du cénobitisme en Orient est saint Basile* (v. 329-379), qui, en Asie Mineure, conduit l’institution monastique à une rare perfection.

D’Orient, la vie religieuse passe en Occident. En Afrique du Nord (Tagaste, Hippone), saint Augustin* constitue des communautés d’hommes et de femmes, auxquelles, en 423, il donne une « règle », en réalité simple ligne de conduite qui, enrichie de textes augustiniens et d’autres dont il est difficile d’établir la genèse, sera utilisée au Moyen Âge par de nombreuses congrégations de chanoines réguliers et d’ermites.

À Lérins, à Arles, à Marseille, à Poitiers (saint Hilaire), à Tours (saint Martin), en Irlande (saint Colomban)..., des formes diverses et plus ou moins complètes de vie religieuse s’organisent. Mais c’est incontestablement saint Benoît, père du monachisme bénédictin (vie s.), qui jette les bases d’un état religieux stable s’épanouissant dans le cadre d’une abbaye et sous l’autorité paternelle d’un supérieur (abbé). Durant des siècles, la notion de moine se confond avec celle de Bénédictin.