Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rein (suite)

L’hémodialyse consiste à mettre en contact, en circuit extracorporel, à travers une membrane semi-perméable, qui est ici de la Cellophane, le sang et un liquide de dialyse. L’appareil utilisé s’appelle un rein artificiel. De nombreux modèles ont été tour à tour proposés, et des améliorations constantes sont apportées. Actuellement, les plus employés sont les appareils à plaques et à bobines. Pour que la dialyse soit efficace, un débit important de sang doit perfuser l’appareil (200 ml/mn environ). Deux vaisseaux sont nécessaires : l’un à forte pression, amenant le sang au dialysateur ; l’autre à faible pression, recevant le sang épuré. La nécessité de répéter les hémiodialyses, impliquant un accès facile aux vaisseaux, amène à utiliser soit un court-circuit artério-veineux type Schribner, soit une fistule artério-veineuse.

L’hémodialyse peut être utilisée dans l’I. R. A. et dans l’I. R. C. Deux ou trois séances de quatre à six heures sont, avec les appareils actuels, nécessaires pour suppléer la fonction rénale. Grâce à cette technique, les malades en I. R. C. avancée, voire sans rein sont maintenus en vie dans des conditions de confort très satisfaisantes. Les dialyses sont pratiquées soit dans des centres hospitaliers (le malade venant deux à trois fois par semaine effectuer sa séance de jour, ou de nuit), soit à domicile.

Ph. P.

A. M. et Ph. P.

➙ Acido-basique (équilibre) / Cancer / Physiologie / Transplantation / Tuberculose / Urinaires (voies) / Vessie.

 J.-L. Pasteur-Vallery-Radot et P. Delafontaine, Précis des maladies du rein (Flammarion, 1959). / J. Putois, Structure et ultrastructure rénale. La fonction biopsie du rein. Aspects normaux et pathologiques (Arnette, 1960). / J. Hamburger, G. Richet, J. Crosnier et coll., Néphrologie (Flammarion, 1966 ; 2 vol.). / B. Antoine et H. Ducrot, Le Rein et ses maladies (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969 ; 2e éd., 1973). / J. Hamburger, J. Crosnier, J. Dormont et J. F. Bach, la Transplantation rénale (Flammarion, 1971). / G. Richet et M. Beaufils, Néphrologie (Baillière, 1971). / J. Ecoiffier et coll., l’Artériographie rénale (Expansion scientif. fr., 1972). / L’Insuffisance rénale en urologie chez l’adulte (Masson, 1972).

Reinhardt (Django)

Guitariste, compositeur et chef d’orchestre français (Liberchies, Belgique, 1910 - Samois-sur-Seine, près de Fontainebleau, 1953).


Né dans une roulotte de Manouches (Tsiganes de langue française) comédiens et musiciens ambulants, Django Reinhardt suit sa tribu qui effectue de nombreuses pérégrinations en France, en Italie et en Afrique du Nord, et qui s’installe, en 1918, aux portes de Paris, dans la « zone », barrière de Choisy ; il ramasse quelque argent aux terrasses des cafés, puis il fait partie de l’orchestre de l’accordéoniste Guerino. Il commence à être recherché dans les milieux du musette, rue Monge, rue de la Huchette et rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Il travaille ainsi avec Jean Vaissade et manque, dit-on, être engagé par Jack Hylton. En novembre 1928, un incendie ravage la roulotte qui lui sert de logis. Nourri par les fleurs artificielles en Celluloïd que sa compagne fabrique, le feu brûle très grièvement Django, dont la main gauche n’est plus qu’une plaie. À force de volonté et de courage, Django réussit à crisper ses doigts sur le manche de sa guitare. Pendant une convalescence de deux ans, il récupère toute sa virtuosité et arrive même à se dépasser en inventant de nouveaux doigtés pour pallier son infirmité. En 1931, il flâne du côté de Toulon, où Émile Savitry, peintre qui revient de Tahiti, lui fait entendre des disques d’Armstrong, d’Ellington, de Joe Venuti et d’Eddie Lang, musiques qui bouleversent Django. Savitry, émerveillé par les dons de son protégé, se démène pour le faire connaître. Après le Coq Hardi de Toulon, le Lido, puis le Palm Beach de Cannes, c’est Paris, où Jean Cocteau, Jean Sablon et Mistinguett s’intéressent à ce garçon au teint basané et aux yeux noirs qui sait si bien « faire parler sa guitare ». À la Croix-du-Sud, Django fréquente Stephen Mougin et André Ekyan, pionniers du jazz français, et, en 1934, au Claridge, il crée avec le violoniste Stéphane Grappelli un quintette uniquement constitué d’instruments à corde (trois guitares, une contrebasse et un violon) et qui sera patronné par le Hot Club de France (H. C. F.). Cet orchestre, dont la formule originale rappelle le « cuadro flamenco », s’impose rapidement comme le meilleur groupe français de jazz, musique que l’Europe commence à découvrir. De nombreuses séances d’enregistrements en quintette ou en compagnie de solistes américains de passage (Benny Carter, Bill Coleman, Rex Stewart, Barney Bigard, Dickie Wells, Eddie South, Coleman Hawkins...), des concerts et des tournées en Europe démontrent au public et à la critique que Django Reinhardt est un très grand guitariste de jazz, le meilleur même pour certains. La guerre sépare Django de Stéphane Grappelli, qui restera à Londres. En France, malgré l’occupation nazie, le jazz passionne la jeunesse, et l’absence de musiciens américains apporte aux solistes français une popularité sans précédent. Django en bénéficie largement : il est une vedette, joue dans les music-halls et les clubs de Pigalle. L’une de ses compositions, Nuages, enregistrée en octobre 1940, sera un best-seller. Le clarinettiste Hubert Rostaing a remplacé Grappelli, et un batteur est substitué au second guitariste : c’est la nouvelle formule du quintette du Hot Club de France. En 1946, Django joue aux États-Unis et se produit en concert avec Duke Ellington, mais, déçu par l’accueil d’un public plus blasé que les foules françaises sous l’Occupation, revenu en France, il délaisse la guitare au profit de la peinture, tout en ayant la coquetterie de retours fulgurants — notamment au Club Saint-Germain à Paris en 1950 — où il prouve qu’il est toujours capable d’étonner, même lorsqu’il s’exprime à la guitare électrique entouré de jeunes boppers. En 1953, le promoteur Norman Granz l’engage pour participer au Jazz at the Philharmonic. La mort, suite d’une congestion cérébrale survenue le 16 mai de la même année, empêchera la réalisation du projet.