Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rascasse (suite)

Autres familles

On range au voisinage immédiat des Rascasses, dans le même sous-ordre des Scorpénoïdes, plusieurs familles. Les Synancéjidés sont des Rascasses indo-pacifiques, à peau nue, comprenant en particulier le plus venimeux des Poissons marins, Synanceja verrucosa, dont le venin est mortel. Les Triglidés, ou Grondins, se reconnaissent aux plaques osseuses dont leur tête est armée, aux rayons inférieurs de leurs pectorales, grâce auxquels ils arpentent les fonds à la recherche de leurs proies, et à la possibilité qu’ils ont d’émettre des sons en faisant vibrer leur vessie natatoire. Il en existe sept espèces sur nos côtes, qui sont activement pêchées, notamment la Lyre (Trigla lyra) et le Rouget-Grondin (T. gurnardus), ainsi nommé pour sa couleur rougeâtre. Les Péristédiidés sont des Trigles dont le corps est entièrement cuirassé et qui vivent en profondeur. On trouve sur nos côtes (Méditerranée et golfe de Gascogne) le Malarmat (Peristedion cataphractum).


Formes apparentées

G. Cuvier avait associé aux Scorpénoïdes trois autres sous-ordres pour former son groupe des « Joues cuirassées », caractérisé par la présence d’ossifications dermiques de la région préoperculaire. Les Cottoïdes ont pour type le Chabot de mer (Cottus bubalis), à l’habitus et aux mœurs voisins de ceux des Rascasses, mais qui vit dans des eaux plus froides. Une espèce a conquis nos eaux douces et est présente partout où vit la Truite : c’est le Chaboisseau (C. gobio). Le Mollet, ou Gros Seigneur (Cyclopterus lumpus), de la famille des Cycloptéridés, est également un Cottoïde ; ses œufs (« œufs de Lump ») sont utilisés comme ersatz de caviar. Les Dactyloptéroïdes sont les Grondins volants, aux pectorales très développées, mais qui n’ont pas pour autant la possibilité de voler. Enfin, les Pégasoïdes, Poissons tropicaux de la zone indo-pacifique, sont des Dactyloptères cuirassés vivant dans les herbiers de la zone littorale.

R. B.

 L. Bertin et C. Arambourg, « Super-ordre des Téléostéens », dans Traité de zoologie sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1957).

Raspail (François Vincent)

Homme de science et militant socialiste (Carpentras 1794 - Arcueil 1878).



Une éducation d’abord tournée vers le sacerdoce

François Vincent Raspail est le septième et dernier enfant d’une famille très croyante. Son père, d’origine suisse, avait des opinions nettement conservatrices ; il mourut un an après la naissance de son dernier fils. Sa mère, d’origine italienne, très pieuse, s’en remit pour l’éducation de l’enfant à un prêtre de tendance janséniste, l’abbé Eysséric (1745-1822), qui voulait imiter les prêtres de l’Église primitive et dispensait son savoir bénévolement.

L’abbé Eysséric inculqua à François Vincent Raspail des connaissances étendues, à la fois en langues anciennes (latin, grec, hébreu) et en sciences (physique, chimie, sciences naturelles). Plus tard, François Vincent Raspail lui dédiera, en reconnaissance, plusieurs de ses ouvrages, notamment son Nouveau Système de chimie organique (1833).

À quinze ans, F. V. Raspail entre au grand séminaire d’Avignon. À dix-huit ans, il est répétiteur de philosophie, puis, un an plus tard, professeur suppléant de théologie. Malgré sa taille exiguë, il impressionne par son éloquence : on le surnomme « le Petit Bossuet ». Mais l’éloge qu’il prononce de Napoléon Ier en décembre 1813 (il salue en lui le soldat de la Révolution et le destructeur de l’Ancien Régime) marque le début d’une rupture avec l’Eglise, qui aboutit à sa révocation. Raspail applaudit au retour de l’île d’Elbe. Après Waterloo, la cour prévôtale le condamne à mort par contumace. Raspail échappe à une exécution sommaire en partant clandestinement en 1816 pour Paris, où il se perd dans la foule, jusqu’au moment où la Terreur blanche est passée.


Homme de science et militant républicain

À Paris, Raspail vit par les cours qu’il donne dans une institution privée, jusqu’au jour où ses opinions le font renvoyer, puis par des leçons particulières. Après des études de droit, il entreprend des recherches scientifiques. Il inventera un microscope et fera connaître des opinions personnelles sur la cellule vivante (1833), sur la contagion, en particulier sur l’importance du parasitisme dans l’étiologie des maladies. À partir des années 40, il attirera l’attention sur l’utilité, comme médicament, du camphre, dans lequel on lui reproche de voir une panacée. Il entrera ainsi en conflit avec Cuvier et avec Orfila, doyen de la faculté de médecine.

Sous l’influence des idées de J.-J. Rousseau, qu’il lit beaucoup, ses opinions évoluent vers la gauche. Raspail épouse une ouvrière en couture. Il collabore à la Minerve française ; en 1821, il est affilié à la Charbonnerie. En juillet 1830, lors des Trois Glorieuses, il est blessé au front à l’attaque de la caserne de la rue de Babylone. Il pourrait faire carrière dans le nouveau régime, qui lui offre la Légion d’honneur et un poste au Muséum. Il refuse tout : il reste dans l’opposition républicaine. Président de la Société des amis du peuple, dont l’action ne se limite pas à vouloir organiser des cours d’éducation populaire, il est condamné en janvier 1832 à un an et demi de prison, qu’il purge. À sa sortie, il devient président de l’Association républicaine pour la défense de la liberté de la presse patriote et de la liberté individuelle. Mais, à la différence de Blanqui*, il ne croit plus à la possibilité de réaliser la révolution par des sociétés secrètes. « Je ne conspire plus », dit-il. Impliqué dans le procès de la Société des droits de l’homme (déc. 1833), il est acquitté.

Il tente un effort de propagande ouverte en lançant, en octobre 1834, grâce à un don de 100 000 francs que lui remet un de ses amis, le Réformateur, journal quotidien des nouveaux intérêts matériels et moraux, industriels et politiques, littéraires et scientifiques, qui comportera 383 numéros, répartis sur deux ans. Le journal disparaît sous le poids des amendes. En 1835, poursuivi injustement comme complice de l’insurrection d’avril 1834, Raspail est condamné à six mois de prison pour outrage à la magistrature. Les années suivantes voient prédominer son activité de vulgarisateur scientifique, qui va lui valoir une grande popularité.