Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rameau (Jean-Philippe) (suite)

Jamais Rameau n’atteindra à la popularité de Vivaldi ou de Händel. Comme Fauré ou Roussel, c’est un génie fier et raffiné. Comme le Basque Ravel, le Bourguignon Rameau « éprouve violemment, mais se livre peu, et à quelques-uns seulement ». Cependant, que de tendresse dérobée, que d’intense nostalgie, parfois, pour celui qui sait écouter ! Faire vivre toujours davantage l’art de Rameau est la tâche la plus exaltante et la plus nécessaire qui incombe à notre vie musicale !

Principaux ouvrages théoriques de Rameau

• Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels (1722).

• De la mécanique des doigts sur le clavecin... (préface du recueil de Pièces de clavecin de 1724).

• Nouveau Système de musique théorique... pour servir d’introduction au « Traité de l’harmonie » (1726).

• Remarques sur les Pièces de ce livre et sur les différents genres de musique (préface du recueil de Pièces de clavecin de 1728).

• Dissertation sur les différentes méthodes d’accompagnement pour le clavecin et pour l’orgue (1732).

• Génération harmonique ou Traité de musique théorique et pratique (1737).

• Démonstration du principe de l’harmonie, servant de base à tout l’art musical théorique et pratique (1750).

• Nouvelles Réflexions de M. Rameau sur sa « Démonstration du principe de l’harmonie » (1752).

• Observations sur notre instinct pour la musique et sur son principe... (1754).

• Code de musique pratique ou Méthode pour apprendre la musique... avec de nouvelles réflexions sur le principe sonore... (1760).
(Tous ces ouvrages ont été publiés à Paris.)

• Nombreux articles polémiques, lettres et réponses aux philosophes dans le Mercure ou les Mémoires de Trévoux.

On peut consulter également le résumé de la doctrine de Rameau in d’Alembert, Éléments de musique théorique et pratique suivant les principes de M. Rameau... (1752).

Les œuvres de Rameau

• tragédies lyriques : Hippolyte et Aricie (1733) ; Castor et Pollux (1737) ; Dardanus (1739 ; 2e version, 1744) ; Zoroastre (1749) ; Abaris ou les Boréades (1764).

• opéras-ballets : les Indes galantes (1735) ; les Fêtes d’Hébé (1739) ; la Princesse de Navarre (1745) ; les Fêtes de Polymnie (1745) ; le Temple de la Gloire (1745) ; les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour (1747) ; les Surprises de l’Amour (1748).

• comédies lyriques : Platée (1745) ; les Paladins (1760).

• pastorales héroïques : Zaïs (1748) ; Naïs (1749) ; Acanthe et Céphise (1751) ; Daphnis et Eglé (1753).

• actes de ballet : Pygmalion (1748) ; la Guirlande (1751) ; les Sybarites (1753) ; la Naissance d’Osiris (1744) ; Anacréon (1754) ; Nélée et Myrthis ; Zéphyre ; Io.

• cantates : Orphée (av. 1721) ; les Amants trahis (av. 1721) ; l’Impatience (av. 1722) ; Aquilon et Orithie (av. 1727) ; Thétis (av. 1727) ; le Berger fidèle (1728) ; quelques canons et airs à boire.

• motets : Deus noster refugium (av. 1716) ; In convertendo (v. 1718 ; 2e version, 1751) ; Quam dilecta (v. 1720) ; Laboravi (av. 1722).

• clavecin : 3 recueils de Pièces de clavecin (1706, 1724, v. 1728) ; la Dauphine (1747).

• musique de chambre : Pièces de clavecin en concerts (1741).

H. H.

 L. Laloy, Rameau (Alcan, 1908). / L. de La Laurencie, Rameau (Laurens, 1908). / P. Lasserre, l’Esprit de la musique française de Rameau à l’invasion wagnérienne (Payot, 1917). / P.-M. Masson, l’Opéra de Rameau (Laurens, 1930). / G. Migot, Jean-Philippe Rameau et le génie de la musique française (Delagrave, 1930). / J. Gardien, Jean-Philippe Rameau (la Colombe, 1949). / H. Charlier, Jean-Philippe Rameau (E. I. S. E., 1955). / P. Berthier, Réflexions sur la vie et l’art de Rameau (Picard, 1957). / J. Malignon, Rameau (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1960). / R. Suaudeau, Introduction à l’harmonie de Rameau (École nat. de musique, Clermont-Ferrand, 1962).

Ramsès II

Roi d’Égypte de 1298 à 1235 av. J.-C.


Fils de Seti Ier, il est le troisième souverain de la XIXe dynastie, qui a pris le pouvoir vers 1314, soixante ans après le bref épisode d’Amarna*. Les années troublées qui suivent directement celui-ci (règnes de Smenkhkarê, de Toutankhamon, de Aï) sont mal connues ; mais on sait que, vers 1339, le général Horemheb, qui a su conserver l’intégrité des frontières de l’Empire menacé, est désigné comme roi par un oracle d’Amon ; il restaure l’Empire et l’État. Sans héritiers, il adopte pour successeur un général originaire, semble-t-il, de Tanis, Ramsès Ier, qui, très vite, associe son fils Seti Ier au trône. Avec cette dynastie de monarques guerriers, provenant des marches de l’Asie, la politique égyptienne devient résolument impérialiste, l’idéologie se fait violente : Amon rétablira par la terreur la domination du roi, qui sera « celui qui s’élance sur ses ennemis comme un lion terrible, qui entasse leurs cadavres auprès de leurs vallées, qui les renverse dans leur sang... »

Quand Ramsès II monte sur le trône, la situation extérieure est de nouveau menaçante. Il y a un danger principal : le royaume du Hatti (constitué dans la région des plateaux de l’Anatolie actuelle lors des invasions indo-européennes du IIe millénaire av. J.-C.) et son actif souverain, Mouwattali. Une intense activité diplomatique a permis à celui-ci de nouer un réseau d’alliances en Asie Mineure, constituant ainsi un bloc de puissance politique rival du « groupe » égyptien ; de plus, à l’hégémonie économique de l’Égypte en Méditerranée, le Hatti oppose maintenant une politique concurrente en Égée, à laquelle la puissance mycénienne (succédant à celle de la Crète) donne une importance nouvelle ; les commerçants des îles égéennes se tournent naturellement vers le Hatti, installé sur les côtes occidentale et méridionale de l’Asie Mineure. La clef de cette double hégémonie est la Syrie et les ports phéniciens ; Ramsès et Mouwattali se préparent ouvertement à la lutte.