Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

articulation (suite)

La mécanothérapie et la physiothérapie constituent un appoint thérapeutique non négligeable : la chaleur sous toutes ses formes calme les douleurs ; la radiothérapie à dose anti-inflammatoire est efficace, mais doit être maniée avec prudence ; les massages et la kinésithérapie, en dehors des poussées évolutives, visent à lutter contre l’atrophie musculaire et à accroître la mobilité articulaire.

Le traitement thermal et climatique est un complément utile, associant l’action propre des eaux ou des boues à l’effet mécanique des massages, douches et bains. Il doit cependant être conduit avec prudence, notamment chez les personnes âgées.

Le traitement chirurgical peut être préventif ou palliatif. Préventif, son but est la correction, dès que possible, des malformations articulaires, sources de troubles statiques susceptibles de favoriser dans l’avenir l’apparition de l’arthrose (traitement chirurgical d’une subluxation de hanche). Le traitement chirurgical palliatif tire pour une large part ses indications de l’échec du traitement médical ; il n’est guère utilisé que pour les grosses articulations : hanche et genou. Il peut être indiqué pour supprimer la douleur par des ostéotomies, des sections musculaires périarticulaires, ou consister en une intervention supprimant la mobilité de l’articulation (arthrodèse). D’autres interventions cherchent à rendre de la mobilité à une articulation enraidie : ce sont les arthroplasties.


Les arthrites

Les arthrites sont des maladies articulaires inflammatoires ou infectieuses dont les lésions siègent ou prédominent au niveau de la synoviale. Leurs causes sont très nombreuses, mais on peut schématiquement distinguer deux grands groupes : les arthrites rhumatismales et les arthrites infectieuses.

• Les arthrites rhumatismales. Ce sont des arthropathies de nature inflammatoire dont la cause est inconnue, la seule notion étiologique que l’on possède à leur sujet étant que la plupart d’entre elles relèvent probablement de troubles immunitaires. Au cours de ces affections, plusieurs articulations sont généralement touchées (polyarthrite). Les douleurs auxquelles elles donnent lieu sont permanentes ; mal calmées par le repos, elles comportent même parfois une recrudescence nocturne. Elles s’accompagnent d’un enraidissement accusé le matin au réveil, qui ne s’estompe qu’après un long « dérouillage ». L’arthrite comporte des signes objectifs témoignant de l’inflammation : douleur, gonflement, chaleur et parfois rougeur de la jointure. Une hydarthrose est souvent présente. Les signes biologiques (examens de sang et des liquides organiques) sont ceux des rhumatismes* inflammatoires. L’examen radiologique des articulations est négatif au cours des premières semaines ou des premiers mois de l’évolution. Ce n’est que progressivement qu’apparaissent une déminéralisation des extrémités articulaires et parfois des lésions destructrices avec pincement de l’interligne articulaire et érosion du contour articulaire. Anatomiquement, l’atteinte de la synoviale est primitive ; la destruction du cartilage et de l’os, lorsqu’elle existe, est secondaire à l’atteinte de la synoviale. Les lésions histologiques sont celles d’une synovite, avec une prolifération synoviale riche en cellules. L’évolution des arthrites rhumatismales s’étend habituellement sur des années ; elles sont souvent invalidantes. Au premier rang se place la polyarthrite rhumatoïde, encore parfois appelée polyarthrite chronique évolutive. Vient ensuite la spondylarthrite ankylosante, ou pelvispondylite rhumatismale. Les autres arthrites rhumatismales sont beaucoup moins fréquentes, les principales étant : le rhumatisme psoriasique ; les arthrites qui accompagnent les maladies dites « du collagène* », appelées aussi collagénoses, ou mieux connectivites.

Le traitement des arthrites rhumatismales demeure empirique dans la mesure où aucun traitement étiologique précis ne peut leur être opposé. Les médications symptomatiques font appel aux anti-inflammatoires : aspirine, corticoïdes, phénylbutazone et ses dérivés, indométhacine. D’autres armes thérapeutiques sont surtout utilisées dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. (V. rhumatisme.) Les massages et la kinésithérapie sont d’utiles adjuvants. Le traitement local préventif par une synovectomie chirurgicale, chimique ou radioactive (or ou yttrium) ne s’adresse qu’à certaines articulations et doit être réservé à des cas sélectionnés. La constitution, malgré le traitement, de dégâts ostéo-articulaires importants peut être l’indication d’une chirurgie réparatrice ou fonctionnelle. Tout au long de l’évolution, le retentissement psychologique de ces affections pénibles et de longue durée doit être pris en considération.

• Les arthrites infectieuses. Elles sont dues à une infection déterminée. Elles groupent les arthrites infectieuses septiques et les arthrites infectieuses aseptiques. Les premières relèvent de la présence dans l’articulation d’espèces microbiennes décelables par l’examen du liquide synovial. Elles peuvent être secondaires à une plaie communicant avec l’articulation, à une injection intra-articulaire de médicaments, ou encore à la propagation à l’articulation d’une infection de voisinage, notamment de l’os (ostéo-arthrite). Elles s’observent également au cours d’états septicémiques : les germes responsables sont nombreux (bacille de Koch, staphylocoque, brucella, streptocoque, etc.). Les antibiotiques, administrés par voie locale et générale, constituent la base du traitement. Les arthrites infectieuses aseptiques surviennent au cours de maladies infectieuses déterminées. Leur pathogénie demeure incertaine : on invoque une réaction du tissu conjonctif articulaire à une infection à distance, par un mécanisme probablement immunologique. C’est à cette dernière catégorie qu’appartiennent les arthrites du rhumatisme* articulaire aigu. Dans d’autres cas, la maladie infectieuse causale est virale : ces arthrites virales peuvent s’observer au cours de la rubéole, des oreillons, du zona et de l’hépatite épidémique. Le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter, ou oculo-urétro-synovite, paraît également relever d’une origine virale. Il se manifeste, outre une urétrite et une conjonctivite, par des arthrites et parfois une pelvispondylite.