Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

articulation (suite)

Le symptôme révélateur de l’arthrose est la douleur, ou arthralgie, traduisant la souffrance de l’articulation touchée. Cette douleur, dite « mécanique », est aggravée par le mouvement, plus intense en fin de journée : elle est calmée par le repos, ne réveillant le malade la nuit que fugitivement, lorsqu’il fait un mouvement. L’articulation ne présente aucun signe d’inflammation et la limitation des mouvements est souvent la seule constatation objective. Des craquements sont parfois perçus à la mobilisation de l’articulation. Il n’y a habituellement pas d’épanchement articulaire, et, lorsqu’il existe, l’épanchement synovial n’a aucun caractère inflammatoire. Quelle que soit la localisation, la radiographie met en évidence les mêmes signes : un pincement de l’interligne articulaire par destruction du cartilage ; une ostéophytose plus ou moins importante et, dans la zone sous-cartilagineuse, une condensation osseuse parfois creusée de petites géodes (cavités). Les caractères de la douleur et les signes radiologiques sont les éléments les plus précieux pour établir le diagnostic : il n’existe en effet aucun signe biologique spécifique de l’arthrose. La vitesse de sédimentation est normale, ce fait étant à rapprocher de l’absence de fièvre et de la parfaite conservation de l’état général. D’une façon générale, l’évolution de l’arthrose est chronique, mais sa gravité est variable. Elle se fait habituellement par poussées, parfois provoquées par un surmenage, un traumatisme ou le froid. Ces poussées sont séparées par des périodes d’accalmie, pendant lesquelles les malades ne sont que modérément incommodés. Cependant, douleur et limitation de mouvements finissent souvent par devenir permanentes et aboutissent à une infirmité sévère malgré l’absence d’ankylose anatomique.

• Localisations de l’arthrose. L’arthrose a une prédilection pour la colonne vertébrale, notamment cervicale et lombaire, où elle peut atteindre les disques intervertébraux (discarthrose) et les articulations des apophyses de deux vertèbres voisines.

Près de la moitié des sujets ayant atteint la quarantaine sont porteurs d’une arthrose cervicale, ou cervicarthrose, visible radiologiquement, prédominante à la base de ce segment. L’arthrose n’est cependant douloureuse que chez une minorité, qui se plaint alors de douleurs cervicales plus ou moins chroniques et d’une gêne douloureuse à la mobilisation du cou. Des manifestations plus graves s’observent parfois : douleurs vives qui, irradiant dans le bras, l’avant-bras et parfois la main, constituent une névralgie cervico-brachiale. Celle-ci peut être secondaire à une hernie discale ou à un volumineux ostéophyte irritant une racine nerveuse cervicale. L’arthrose cervicale peut être à l’origine de vertiges, de maux de tête, de bourdonnements d’oreilles, par irritation du système nerveux sympathique ou par compression de l’artère vertébrale. Les paralysies par compression de la moelle épinière sont par contre exceptionnelles.

L’arthrose lombaire, ou lombarthrose, peut se manifester par un accident douloureux aigu, ou lumbago, souvent à l’occasion d’un effort de soulèvement. C’est le prélude possible à une névralgie sciatique qui peut d’ailleurs apparaître d’emblée. Plus souvent, la lombarthrose est responsable de douleurs lombaires, ou lombalgies, moins intenses, mais récidivantes, d’évolution chronique. L’arthrose lombaire peut être favorisée par le travail de force dans certaines professions, par l’existence d’anomalies de la statique de la colonne vertébrale ou d’anomalie congénitale de la charnière lombo-sacrée.

L’arthrose de la hanche, ou coxarthrose, se révèle lors de la marche par des douleurs de l’aine ou de la face externe de la cuisse ou de la fesse, et parfois du genou. La coxarthrose est primitive dans plus de la moitié des cas, et parfois bilatérale. Lorsqu’elle est secondaire, elle survient le plus souvent sur une malformation luxante congénitale (subluxation ou dysplasie) ; l’intérêt de ces formes secondaires réside dans le fait qu’elles sont souvent justiciables d’une chirurgie correctrice précoce. L’évolution de la coxarthrose est en général assez lente ; tardivement s’installe une attitude vicieuse qui limite la marche. C’est surtout chez les sujets âgés que s’observent les formes d’évolution rapide.

L’arthrose du genou, ou gonarthrose, est d’abord localisée aux surfaces articulaires rotulienne et fémorale. La douleur à la marche, notamment à la descente des escaliers, est un des premiers signes. La gonarthrose est souvent primitive, mais elle peut succéder à une lésion méniscale, une fracture intra-articulaire ou un trouble statique (genu valgum, genu varum et certaines affections de la hanche).

L’arthrose de la main épargne le poignet, mais touche l’articulation trapézo-métacarpienne du pouce (rhizarthrose) et les articulations des doigts. Ces dernières peuvent être le siège de tuméfactions transitoirement douloureuses : ce sont les nodosités d’Heberden au niveau des articulations interphalangiennes proximales.

Les autres localisations de l’arthrose (pied, épaule, articulation sterno-claviculaire, etc.) sont beaucoup plus rares.

• Traitement de l’arthrose. Les incertitudes concernant la cause de la maladie arthrosique rendent compte de l’inefficacité relative des médications destinées à modifier le terrain arthrosique. Parmi les médications qui visent à réparer les lésions ostéo-cartilagineuses, les plus utilisées sont : le soufre, l’iode, le calcium et le phosphore, les extraits tissulaires (placenta, amnios, os et cartilage). L’hormonothérapie repose exclusivement sur l’emploi des stéroïdes dits « anabolisants », qui sont essentiellement des stéroïdes androgènes non ou peu virilisants.

En dehors du traitement de fond, de nombreuses médications destinées à lutter contre les épisodes douloureux peuvent être proposées : le chef de file en est l’acide acétylsalicylique (aspirine) ; la phénylbutazone et ses dérivés ou l’indométhacine sont parfois nécessaires. Les corticoïdes ne sont qu’exceptionnellement indiqués, du moins par voie générale ; par contre, injectés dans l’articulation, ils calment assez rapidement une poussée évolutive. Des décontracturants peuvent être préconisés pour lutter contre une éventuelle défense musculaire, elle-même source de douleur.

Les règles d’hygiène visent à ménager l’articulation atteinte en évitant le surmenage ; une activité physique régulière est cependant souhaitable pour éviter les inconvénients de la sédentarité. Les conseils de diététique sont indispensables, afin d’éliminer toute surcharge pondérale qui accroît le travail articulaire.