Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

radar (suite)

Pour les avions de reconnaissance, on a voulu utiliser la propriété de détection du radar à travers les nuages pour compléter les moyens photographiques ou infrarouges, qui exigent un ciel clair. L’obtention d’une bonne définition de l’image conduit au choix de courtes longueurs d’onde et de très grandes antennes (longues de plusieurs mètres), difficiles à installer à bord d’un avion léger. On emploie alors une antenne de grande longueur située sous le fuselage et émettant à 90° du sens de la marche (d’où son nom d’antenne latérale, ou side-looking radar). Le pinceau émis est très étroit et permet de distinguer des objets d’une longueur d’environ 1 m. Le mouvement de l’avion assure un balayage automatique, de sorte que les échos reçus ligne après ligne impressionnent un film photographique développé souvent en vol et utilisé dès l’atterrissage. Le résultat obtenu est très comparable à un cliché photographique légèrement flou, mais très exploitable.

Pour certaines missions particulières, enfin, on utilise à bord de gros avions porteurs des antennes radars sous radôme installées sur le dos du fuselage. Il s’agit d’antennes tournantes de grand diamètre employées en vol pour la défense aérienne comme une station radar de veille au sol. Les premières applications de ce radar de veille avancée furent faites par la marine américaine, qui disposait aussi, dès 1955-1960, d’avions piquets radars, allongeant de façon notable la portée de détection des radars des bâtiments de guerre.

Une application plus récente de cet emploi est celle d’avions de « veille aéroportée », destinés à la détection des avions pénétrant à basse altitude et échappant à la détection des stations radars terrestres. Comme les matériels au sol, de tels radars doivent être capables de résister aux contre-mesures électroniques, ce qui explique leur caractère de plus en plus complexe et coûteux.

• L’apparition des missiles air-air et air-sol a donné lieu à une nouvelle application du radar sous forme d’un système d’autoguidage électromagnétique, qui s’est ajouté à partir de 1960 aux premiers systèmes à infrarouge (lesquels connaissent des limitations assez strictes). La tête de guidage du missile, située dans l’ogive de l’engin, rappelle les radars d’interception des chasseurs. Le petit diamètre de l’antenne limite la portée de détection, ce qui reste cohérent avec la portée du missile air-air, excédant rarement quelques kilomètres.

On distingue trois types de radars de missiles :
— le radar actif, radar complet comprenant émission et réception à bord du missile ;
— le radar semi-actif, qui ne comprend que la réception, l’émission éclairant la cible étant effectuée par l’avion lanceur, qui doit donc continuer à poursuivre la cible jusqu’à l’arrivée du missile ;
— le radar passif, qui ne dispose que d’un capteur et qui se dirige sur les émissions radars de l’ennemi (ce dernier système est surtout employé pour les missiles antiradars tels que le « Martel » air-sol, destiné à l’attaque des stations radars).

On notera que la conception du missile (et donc de la solution retenue pour son radar) est étroitement liée à celle de l’avion, avec lequel le missile forme un système d’arme (v. armement).


Les radars en service dans les forces terrestres de 1975

La généralisation, dans les années 60, de l’emploi du radar dans l’artillerie, l’infanterie et l’arme blindée a conduit à en utiliser largement les possibilités.

Sur le plan technique, l’armée de terre utilise :
— des radars à impulsion, qui se servent directement de l’écho de l’objectif sous sa forme impulsionnelle et en tirent des informations de position ;
— des radars à impulsion à effet Doppler, qui, tout en possédant les caractéristiques générales des radars à impulsion, permettent par emploi de l’effet Doppler l’élimination des échos fixes et une évaluation de la vitesse radiale des objectifs ;
— des radars à émission continue, qui nécessitent l’utilisation de deux aériens, l’un pour l’émission, l’autre pour la réception.

Suivant leur emploi, on classe les matériels radars de l’armée en plusieurs grandes catégories.

• Les radars de surveillance terrestre. Ils sont employés dans les forces françaises depuis la guerre d’Algérie. Leur mission est la recherche, la détection, puis la localisation des objectifs liés au sol et parfois le réglage de tir sur ces objectifs. Leur portée, fonction des objectifs et de leur emploi tactique, varie entre 1,5 et 30 km. Dans leur ensemble, ces radars ont dans l’artillerie une portée moyenne (de 15 à 30 km) et dans l’infanterie une faible portée (de 1,5 à 5 km). Les premiers sont transportés et mis en œuvre à bord de véhicules ; les seconds sont le plus souvent portables à dos d’homme.

Ce sont tous des radars à effet Doppler éliminant les échos fixes et permettant la détection d’objectifs mobiles lents (piétons) ou rapides (véhicules ou aéronefs volant bas). La fréquence Doppler est rendue audible par haut-parleur ou écouteur. Un opérateur très entraîné peut, par ces radars, distinguer un piéton, plusieurs piétons, des véhicules, des blindés et des échos mobiles parasites tels que des feuillages agités par le vent. Les radars suivants entrent dans la catégorie des radars de surveillance terrestre :
1. Le radar de surveillance du sol (ou S. D. S.) D. R. M. T. 1 A, puis 2 A, construit en 1960, est en service dans l’artillerie française. Il assure une surveillance automatique d’une zone de terrain en forme d’élément de couronne circulaire et la poursuite manuelle d’un objectif détecté avec mesure précise de la distance. L’ouverture maximale de la zone de surveillance est de 2 800 millièmes et la profondeur de 35 km, par bandes successives de 5 km. Ce radar détecte un véhicule à 30 km, un piéton à 15 km, avec une précision de l’ordre de 5 millièmes en direction et de 20 m en portée. Il peut suivre des objectifs dont la vitesse radiale est comprise entre 1,8 et 108 km/h. Il est transporté sur un camion avec une remorque et peut être mis en œuvre en un quart d’heure (si l’ensemble est mis à terre, ce délai est plus élevé). Si sa mission première est la détection et l’acquisition des objectifs situés au voisinage immédiat du sol, il peut, en outre, servir à guider des éléments amis, faire une topographie sommaire et rapide, chercher les points d’impact de l’artillerie amie. Comme tous les radars de ce type, il a l’inconvénient d’être vulnérable aux détecteurs et aux localisateurs adverses.
2. Le radar de tir de l’artillerie de campagne (ou RATAC) a été conçu pour remplacer le D. R. M. T. 2 A. Plus léger que ce dernier (150 kg pour le radar proprement dit), moins encombrant, mais avec des caractéristiques voisines (portée inférieure, mais meilleure précision), il est normalement monté sur véhicule blindé type transport de troupe. Le RATAC, fabriqué en France et en Allemagne fédérale, et cédé aux États-Unis en 1970, permet, avec une très bonne précision, de régler le tir d’un canon sur un point quelconque du terrain. Utilisé à l’échelon du régiment d’artillerie, il peut, en outre, assurer des missions de surveillance du champ de bataille.
3. Le Rapace, radar de tir monté sur une tourelle de char permet d’effectuer la surveillance, l’acquisition et l’identification de véhicules jusqu’à 5 km et de piétons jusqu’à 1,5 km. Sa précision est de 25 m en portée et de 10 millièmes en gisement sur des cibles se déplaçant à des vitesses comprises entre 3 et 50 km/h.
4. Le Rasura, radar d’infanterie, permet la détection d’un homme rampant à 2 km, d’un piéton à 5 km et d’un véhicule à 10 km. Portable à dos d’homme en trois colis de 20 kg chacun, il est en service en France, en Allemagne fédérale et en Hollande.
5. L’Olifant, beaucoup plus léger, peut être employé par une patrouille à pied (il détecte un piéton à 1 500 m et un véhicule à 2 200 m).