Quito (suite)
À 270 km de la mer, le bassin de Quito dépend, pour le commerce extérieur, du port de Guayaquil. Mais Quito, ville historique de cette zone, est la capitale politique de la république. Avant la période coloniale, elle fut le centre d’un royaume indépendant au xe s., puis, après l’expansion inca, la seconde ville de cet empire. Conquise par les Espagnols en 1533, Quito devint, dès 1563, le centre administratif d’une partie des territoires espagnols de l’Amérique andine. De ce fait, lorsque l’indépendance aboutit au fractionnement de ces possessions espagnoles, la république de l’Équateur, constituée en 1830, prit Quito comme capitale. Pourtant, l’Équateur, comme toutes les républiques d’Amérique latine, est un pays d’économie ouverte qui exporte des produits de base et importe des produits fabriqués. Aussi les fonctions économiques ne pouvaient-elles se fixer dans cette capitale intérieure, loin des axes de circulation permettant ces relations internationales. Quito reste donc à l’écart de l’essentiel des fonctions de direction ou de relais concernant les activités d’importation et d’exportation ainsi que du faible mouvement d’industrialisation amorcé en Équateur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est la raison pour laquelle sa croissance est moins rapide que celle de Guayaquil.
Quito est le centre universitaire le plus important du pays. En revanche, ses fonctions bancaires et commerciales demeurent à l’échelle de sa région ; la ville est le centre d’un bassin bien cultivé où alternent de grandes fermes d’élevage et des villages de cultivateurs qui font des marchés de Quito des éléments dynamiques dans l’économie de la ville. D’autre part, sa fonction de capitale politique en fait le lieu de résidence de la plupart des gens riches du pays, ainsi que des étrangers à haut niveau de vie, ce qui assure une clientèle suffisante pour le développement des commerces et des activités tertiaires induites. Cette fonction de centre régional et de résidence de minorité aisée a également donné naissance à une petite industrie de biens d’usage et de consommation, particulièrement dans le domaine du textile, du meuble et de la chaussure. De ce fait, Quito comptait 551 200 habitants en 1971, contre 348 150 en 1962 et 209 200 en 1950. Les migrations vers la capitale accroissent rapidement sa population, mais multiplient particulièrement le nombre des gens pauvres.
L’espace urbain porte en lui tous les contrastes résultant à la fois de l’évolution historique et de la structure sociale. Aux quartiers de villas modernes autour de grands parcs ombragés s’opposent le centre ancien et les zones d’habitat spontané ayant parfois l’allure de bidonvilles. Le noyau urbain primitif, aux rues étroites et tortueuses, rappelle encore l’origine précoloniale de Quito, mais, actuellement, le centre réel de la ville est la plaza Independencia, de la période espagnole, place centrale à partir de laquelle la ville a été construite selon un plan quadrillé qui a nécessité de grands travaux en raison du site de collines. La poussée démographique du xxe s. a donné d’une part des riches quartiers de villas au-delà du centre ancien, d’autre part, vers le nord-est moins accidenté, une série de nouveaux quartiers à la fois d’industrie et d’habitat de classe moyenne ou de zones d’habitat très pauvre.
M. R.
➙ Équateur.