Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pyrénées (Hautes-). 65 (suite)

Au pied de la montagne s’étendent, vers 500 à 600 m, des plateaux qui s’effilent, s’abaissent et se morcellent vers le nord : ces plateaux de piémont se sont constitués à la fin du Tertiaire. À l’ouest, un camp militaire occupe la majeure partie du plateau de Ger, inclus dans les Hautes-Pyrénées ; à l’est de l’Adour, les cultures tiennent une large place sur le plateau de Cieutat ; au milieu des landes du plateau qui l’entoure, Lannemezan (8 499 hab.) est un centre administratif, commercial et industriel (électrométallurgie et électrochimie) ; la prospection des hydrocarbures suscite un intérêt certain.

Entre les coteaux gascons à l’est et ceux du Béarn à l’ouest, une ample conque s’allonge sur une cinquantaine de kilomètres du nord au sud. Une ligne interne de coteaux y sépare la vallée de l’Arros de la plaine de Tarbes. Venue de l’accidenté pays des Baronnies, où bois et landes couvrent de vastes espaces, la vallée herbagère de l’Arros est jalonnée par les gros bourgs de Tournay et de Miélan (Gers). Plus ample est la plaine de Tarbes, où les rideaux d’arbres et les rubans de prairies isolent des campagnes ouvertes, au milieu desquelles les hommes vivent en villages. Les céréales (maïs et blé) alternent avec les prairies dans ces régions de tradition d’élevage (notamment des chevaux) ; des quartiers de vignes sur les premières pentes à l’est et à l’ouest ainsi qu’au milieu de la plaine s’y individualisent. En fait, le paysage de la plaine de Tarbes se modifie par touches insensibles à mesure qu’on va vers le nord. Au sud de Tarbes, les herbages occupent une place de choix en avant des collines morainiques de Lourdes ; l’industrie aéronautique a été développée près de l’aéroport international d’Ossun. Autour de Tarbes, les terroirs sont peu à peu grignotés par les constructions et les industries ; les villages accueillent des industries (Bazet) ou des personnes travaillant à la ville. Rurale, la partie nord de la plaine offre aussi des ressources plus variées autour des petits marchés de Vic-en-Bigorre (5 048 hab.) et de Maubourguet (2 583 hab.).

S. L.

➙ Midi-Pyrénées / Tarbes.

Pyrénées-Orientales. 66

Départ. de la Région Languedoc*-Roussillon ; 4 086 km2 ; 299 506 hab. Ch.-l. Perpignan*. S.-pr. Céret et Prades.


Malgré sa faible étendue, le département présente des contrastes importants, des sommets du Carlitte (2 921 m) et du Canigou (2 785 m) au littoral méditerranéen. C’est un triangle ouvert sur la mer et bloqué entre le Languedoc et l’Espagne par une ligne de crêtes qui enchâssent la plaine du Roussillon.

La Côte Vermeille introduit un élément de variété au sud du littoral sablonneux de la Salanque (où s’installe la station touristique nouvelle du Barcarès) et des basses vallées de la Têt et du Tech (étangs de Salses, de Canet). Taillée dans les schistes des Albères, elle ménage une série d’abris occupés par des ports : Collioure, spécialisé dans la pêche et le conditionnement des anchois ; Port-Vendres, en liaison avec l’Algérie. Les pentes abruptes sur la mer, aménagées en terrasses, sont occupées par un vignoble de qualité qui produit le banyuls. Cerbère est la dernière gare avant l’Espagne, où s’effectuent les transbordements.

La montagne est disséquée par les bassins et les hautes vallées du Tech (Vallespir), de la Têt (Conflent), de l’Aude (Capcir), du Sègre (Cerdagne), qui ménagent des voies de passage et concentrent l’essentiel d’une population tournée vers l’agriculture, mais conquise peu à peu par le tourisme sous plusieurs formes ; thermalisme et cures à Amélie-les-Bains-Palalda, à Prats-de-Mollo-la-Preste, à Vernet-les-Bains et à Molitg-les-Bains ; sports d’hiver à Font-Romeu, aux Angles, à Porté-Puymorens, plus l’implantation en cours de « Pyrénées 2000 » ; itinéraires archéologiques jalonnés par les monuments de l’art roman catalan (Saint-Michel-de-Cuxa, Saint-Martin-du-Canigou, Serrabone).

Les terres sèches des Corbières et du Fenouillet, plus basses et plus âpres, multiplient collines calcaires conquises par la vigne, gorges profondes (Galamus, sur l’Agly) et ruines médiévales. C’est l’ancienne frontière du royaume de France accessible par le pas de Salses, là où finit le Languedoc.

Le Roussillon est la partie la plus favorisée par son agriculture, la plus dynamique par la présence de Perpignan, la plus originale par son entité culturelle : c’est le cœur de la Catalogne française depuis 1659. On y distingue trois types de paysages : les terrasses caillouteuses des aspres (domaine de la vigne et du verger), le regatiu (la huerta aux irrigations savantes, productrice de primeurs) et la salanque (plaine littorale encore marécageuse, mais aux riches terres alluviales).

La douceur du climat et la rareté des gelées favorisent la précocité des récoltes, ce qui permet une production agricole de qualité et de valeur. Le cloisonnement des haies de cyprès établies contre la tramontane révèle une association horticulture-arboriculture-viticulture. L’horticulture, essentiellement spéculative et fondée sur plusieurs récoltes annuelles, se porte sur les laitues, le persil, la tomate au gré des années ; l’arboriculture repose sur l’abricot et la pêche, alors que les pommiers se trouvent plus haut dans les vallées et les cerisiers autour de Céret ; en dehors des vins de consommation courante, le vignoble donne des produits de qualité : les vins doux naturels, banyuls et grand roussillon (côtes d’Agly, côtes de Haut-Roussillon, maury) ; les muscats de Rivesaltes, liquoreux et généreux ; les mistelles, utilisées pour les fabrications d’apéritifs à Thuir.

Cet ancien couloir d’invasions entre l’Europe du Nord et les pays méditerranéens maintient sa vocation de carrefour routier important vers Le Perthus et l’Ampurdán, vers Port-Bou et la Costa Brava, vers le Puymorens et l’Andorre, vers Lérida, en Catalogne, et vers Carcassonne, en Languedoc. Il est un des secteurs les plus saturés en été, lors de la descente des touristes vers les plages, et l’autoroute qui reliera Perpignan à Barcelone n’atteint pas encore la frontière.