Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

artère (suite)

Artérites

Ce sont au sens propre des inflammations des artères, entraînant des phénomènes d’obstruction artérielle plus ou moins intenses. On peut les observer au cours des maladies infectieuses (septicémies, fièvre typhoïde, typhus, grippe) sous une forme aiguë (douleur atroce, disparition du pouls, gangrène rapide), mais leur fréquence a beaucoup diminué depuis l’emploi des antibiotiques.

La syphilis* provoque également une atteinte inflammatoire des artères et, bien que l’évolution soit plus lente que dans les cas précédents, il s’agit bien d’une artérite, mais la tendance à la sclérose s’installe sans tarder, aboutissant à une artériosclérose précoce. L’aorte thoracique est le plus souvent touchée, et avec elle la valvule aortique (aortite syphilitique). Le traitement par la pénicilline a beaucoup réduit la fréquence de ces atteintes.


Plaies artérielles

Elles sont consécutives à un traumatisme par armes à feu ou par des objets coupants (coup de couteau), ou encore par écrasement de membre ou éclatement d’organes (grands traumatismes). Leur gravité dépend du type et du siège de la plaie. Leur traitement relève de la chirurgie. Si les tissus irrigués par l’artère atteinte possèdent d’autres artères nourricières anastomosées avec la première, on peut ligaturer celle-ci. Dans le cas contraire, si l’artère est seule à irriguer un territoire important, on doit rétablir sa continuité par suture, ou par greffe d’un autre vaisseau provenant du sujet lui-même (une veine en général), ou encore par une prothèse artérielle en matière plastique. Si la continuité ne peut être rétablie, on est parfois obligé de faire l’ablation de la zone précédemment irriguée par l’artère (ablation du rein en cas de plaie de l’artère rénale non réparable), ou même l’amputation d’un membre (lésion non réparable de l’artère humérale).

J.-L. S.

 R. Leriche, Physiologie pathologique et chirurgie des artères (Masson, 1943) ; les Embolies de l’artère pulmonaire et des artères des membres. Physiologie pathologique et traitement (Masson, 1947). / K. von Kremer, Chirurgie der Arterien (Stuttgart, 1959). / W. F. Barker, Peripheral Arterial Disease (Philadelphie et Londres, 1966). / J. Ecoiffier, la Pratique de l’angiographie (Masson, 1966). / W. L. Ashton, Human Atheroma (Londres, 1967). / J. Vollmar, Rekonstructive Chirurgie der Arterien (Stuttgart, 1967). / P. Thiroloix, l’Artériosclérose (Laffont, 1975).
On peut également consulter la revue Athérosclérose, publiée depuis 1952 (Baillière).

Arthropodes

Animaux à « pieds articulés », c’est-à-dire dont les appendices sont constitués par un certain nombre d’articles mobiles les uns par rapport aux autres. Mais ce n’est là qu’un caractère parmi beaucoup d’autres, et les Arthropodes peuvent se définir ainsi : Métazoaires protostomiens à symétrie bilatérale, à corps métamérisé, mais à segmentation hétéronome aboutissant à la constitution de groupes spécialisés de métamères : les tagmes.


Chaque segment porte typiquement une paire d’appendices pluriarticulés. L’ectoderme sécrète une cuticule chitineuse rigide généralement épaisse ; il y a donc un exosquelette. La présence de ce revêtement chitineux nécessite non seulement l’articulation des segments du corps et des articles des appendices mais aussi un développement entrecoupé de mues (qui, en outre, présente souvent des métamorphoses), et qui conduit à l’absence de cils vibratiles, même aux stades larvaires. La présence d’une cuticule chitineuse et la métamérisation commandent tout le développement postembryonnaire et la structure des Arthropodes. La musculature est du type strié, à faisceaux musculaires bien individualisés. Le système nerveux, ventral par rapport au tube digestif (Hyponeuriens), est construit sur le type « en échelle » comme chez les Annélides. En règle générale, les sexes sont séparés. Les Arthropodes (Insectes sociaux notamment) forment le groupe d’Invertébrés qui présente les facultés psychiques les plus élevées, traduites par un comportement hautement complexe.

En fait, l’austérité même de cette description masque la grande richesse de l’embranchement. C’est ainsi que les appendices peuvent se spécialiser dans les usages les plus divers : ramper, marcher, courir, sauter, nager, respirer, capturer, manger, percer, injecter, pondre... Cette plasticité a certainement largement contribué à l’extraordinaire « réussite » de l’embranchement, qui est connu du Précambrien à nos jours (plus d’un demi-milliard d’années). Dans la nature actuelle, les Arthropodes représentent l’un des deux plus hauts « sommets », l’autre étant constitué par les Vertébrés.

L’embranchement représente un sommet par le nombre : environ 80 p. 100 des espèces animales actuelles, avec plus d’un million de formes vivantes différentes (dont les dimensions s’échelonnent de 0,1 mm, pour certains Acariens, jusqu’à plus de 3 m pour l’envergure de certains Crabes), qui, grâce à d’étonnantes variations, se sont répandues partout où la vie est possible, et même là où elle semble impossible : sur mer et sur terre, des abysses ténébreux aux rochers battus de vagues ou de soleil, des pôles à l’équateur, des régions les plus sèches aux plus humides, dans l’air et dans les fleuves, dans les grottes et sur les pics neigeux, dans les sources froides ou chaudes, dans les mares de pétrole même, sur les fleurs, les feuilles, les tiges ou les racines de végétaux, en surface ou en intimité du corps d’autres animaux, etc.

C’est aussi un sommet par la splendeur des couleurs ou des formes — ou leur cocasserie —, un sommet par ses « inventions », qui vont du bouton-pression au couteau pliant, des fanaux de signalisation au camouflage et au schnorchel, des aiguilles à injection aux pinces à mors multiples, des pompes aspirantes et foulantes à pistons et clapets ou à membranes jusqu’à la fermeture à glissière...

C’est enfin un sommet par les problèmes que les Arthropodes posent à l’Homme.