Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

projection électrostatique (suite)

Lorsque les particules sont solides, il est nécessaire, pour les charger, d’ioniser l’air ambiant, mais le dispositif est très simple. Il suffit de disposer un fil, ou quelques pointes, ou bien un tube présentant une arête vive, au voisinage du courant d’air chargé du matériau à déposer, les objets à revêtir représentant la contre-électrode à la terre. La tension à appliquer aux pointes varie de 50 à 90 kV suivant la distance de travail ; le courant d’effluve est de quelques dizaines de microampères.

Si le matériau est liquide (peinture), on peut réaliser simultanément la pulvérisation et la charge des gouttelettes en portant à la haute tension l’ajutage par lequel il s’échappe. Il faut alors que le liquide soit suffisamment conducteur pour permettre une transmission satisfaisante d’électricité aux gouttelettes durant le temps très court de leur formation, et sa résistivité doit, en conséquence, être inférieure à 108 Ωcm. La charge par conduction est plus simple et plus efficace que par ionisation de l’air, et elle est généralement préférée pour les liquides.

Dans beaucoup de cas, un courant gazeux participe au transport du matériau à déposer. Il en est presque toujours ainsi avec les poudres, qui sont mises en suspension dans l’air pour faciliter leur dispersion et leur transport jusqu’aux électrodes de charge ; avec les liquides (peinture, eau), on se sert fréquemment de pulvérisateurs à air comprimé analogues aux appareils classiques.

La présence d’un courant gazeux facilite en partie le transport des particules, mais gêne leur déposition sur l’objet à recouvrir en les entraînant rapidement hors du champ électrique. Les pulvérisateurs sans air à force centrifuge (disque, bol) n’ont pas cet inconvénient, et leur rendement de dépôt peut dépasser 90 p. 100, mais leur débit de liquide est plus limité.

La projection électrostatique a été appliquée avec grand succès à des problèmes très variés, mais sa réussite commerciale n’a été importante que dans le cas de la protection et du décor d’objets métalliques (peinture et surtout poudrage). La charge électrique permet en effet de rendre adhérente à l’objet à traiter une couche de plastique pulvérulent, jusqu’à sa fusion et sa polymérisation dans un four ; aucune autre technique ne permet d’obtenir un résultat équivalent de façon simple, et c’est un procédé de grand avenir qui se développe rapidement. Au contraire, la projection électrostatique de pesticides sur les récoltes, éprouvée avec succès à maintes reprises depuis trente ans, n’est jamais entrée dans la pratique, malgré ses avantages certains.

N. F.

➙ Précipitation électrostatique.

Prokofiev (Sergueï Sergueïevitch)

Compositeur russe (Sontsovka, près de Dniepropetrovsk, 1891 - Moscou 1953).


L’enfant vit dans une ambiance musicale grâce à sa mère, bonne pianiste, qui sera sa première éducatrice. Il ressent très jeune un besoin de création musicale, et il compose des galops, des marches, des valses, des rondos et enfin deux opéras, après avoir assisté à Moscou à des représentations d’art lyrique. Son premier maître, Pomerantsev, sera vite remplacé par Reïngold Moritsevitch Glière (1875-1956), plus compréhensif, qui laisse son élève composer à son gré. En 1904, Prokofiev entre au conservatoire de Saint-Pétersbourg. Anatoli Konstantinovitch Liadov (1855-1914), Rimski-Korsakov et Iazep Vitol (1863-1948) lui enseignent la composition et l’orchestration, Anna Nikolaïevna Iessipova (1851-1914) le piano, Nikolaï Nikolaïevitch Tcherepnine (1873-1945) la direction d’orchestre. En décembre 1908, Prokofiev, devenu excellent pianiste, joue ses œuvres en public avec succès. L’année suivante, il quitte la classe de composition : ses maîtres le rebutent par leur académisme. Le jeune musicien juge avec sévérité la musique des auteurs passés et présents. Il se fait connaître comme antiromantique et affirme sa personnalité dans le premier concerto (1912) pour piano. En 1914, il remporte avec ce concerto le premier prix de piano au concours Rubinstein ; son jeu puissant et percutant étonne le jury. La même année, au cours d’un voyage à Londres, il fait la connaissance de Diaghilev ; celui-ci lui commande un ballet qui ne voit pas le jour et dont Prokofiev tire la Suite scythe (1915), et Chout (1920). De retour en Russie, il compose son premier opéra important, le Joueur (1916), d’après Dostoïevski, la Symphonie classique (1917), des œuvres pour le piano (sonates, 2e concerto, Visions fugitives), la cantate Sept, ils sont sept (1918).

Après la Révolution, il s’installe aux États-Unis. Pour l’Opéra de Chicago, il écrit l’Amour des trois oranges (1919), mais, s’il obtient un certain succès à Chicago, il reste totalement incompris à New York. Pour gagner sa vie, il doit effectuer des tournées de concerts dans lesquelles il ne peut que rarement jouer sa musique. De ce séjour américain datent les Contes de la vieille grand-mère (1918), l’Ouverture sur des thèmes juifs (1919), le 3e concerto pour piano (1921). Désorienté par l’hostilité du public, Prokofiev part pour Ettal (Alpes bavaroises) en 1922. L’année suivante, il se fixe à Paris, où il se produit comme pianiste et compositeur. Il méprise la musique française contemporaine, en particulier celle du groupe des Six*, mais admire Ravel. Il regrette de ne pouvoir composer autant qu’il le désire, de nombreuses tournées de pianiste l’obligeant à travailler son instrument. Cependant, il écrit trois symphonies, un quintette, l’Ange de feu (1927), le Fils prodigue (1928), deux concertos pour piano et entreprend un concerto pour violoncelle.

En 1927, au cours de concerts qu’il donne en U. R. S. S., il reçoit un accueil triomphal. L’idée d’un retour définitif en Russie naît en lui ; il reste profondément attaché à son pays et il a reçu l’assurance de pouvoir se consacrer entièrement à la composition. Prokofiev se partage entre Paris et l’U. R. S. S., qu’il regagne définitivement en 1933. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, il effectue des tournées de concerts en France, en Suisse et aux États-Unis. Une intense activité créatrice marque ce retour au pays natal (soixante-dix-huit numéros d’opus) : musiques de scène, de film, ballets, opéras, trois symphonies, trois sonates de piano, musique de chambre.

L’homme, franc de caractère, était réputé pour ses colères. Précis, méthodique, d’une grande honnêteté, il jouissait d’une capacité de travail considérable et menait de front plusieurs partitions.