Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

programmation (suite)

• Remarque de programmation. Chaque processus de rangement d’un élément à sa place définitive partage le tableau en deux, de proche en proche jusqu’à ce que tous les sous-tableaux de plus bas niveau ne comportent plus qu’un ou deux éléments. Mais, comme, lorsqu’on scinde un tableau en deux morceaux, la méthode ci-dessus ne permet que d’en traiter un à la fois, il sera nécessaire de stocker les informations permettant de retrouver la partie de tableau non prise en considération (par exemple les indices respectifs de ses bornes) ; d’où, par récurrence, la génération d’une pile d’informations. Si l’on décide systématiquement de traiter en premier la plus petite en nombre d’éléments des sous-suites envisagées, la pile nécessaire pour le traitement d’une suite de n nombres aura pour hauteur maximale log2 n.


Description sous forme d’organigramme d’un algorithme associé à la méthode de Hibbard

(Ce graphique a le même symbolisme que celui de l’ordinogramme fonctionnel.)

N : nom de la mémoire contenant le nombre d’éléments de la suite à trier.

A : nom du tableau dans lequel sont rangés ces éléments, A devant être de dimension au moins égale à [N].

B : nom d’une mémoire.

[B] : contenu de cette mémoire.

IP : nom du tableau associé à la pile engendrée par les couples (indice de début, indice de fin) caractérisant les segments de la suite non immédiatement pris en considération au cours du déroulement de l’algorithme, IP devant être de dimension au moins égale à 1 + log2 [N].

J : nom de la mémoire contenant l’indice courant associé à la pile IP. Il repère la première case vide au sommet de la pile.

T : nom de la mémoire dans laquelle est rangé l’élément à classer.

L, MR : nom de la mémoire contenant l’indice de début (resp. fin) du segment de la suite sur lequel on travaille.

K, MP : nom de la mémoire contenant l’indice repérant le dernier élément (resp. >) au contenu de T, dans le segment de la suite sur lequel on travaille.

progrès technique

Autrefois, on considérait le progrès technique uniquement comme un changement dans les techniques de fabrication de produits, de telle sorte qu’il devenait possible de lancer sur le marché soit plus de produits, soit des produits nouveaux. À présent, l’expression englobe non seulement les applications industrielles des inventions scientifiques, mais encore la diffusion, dans l’ensemble de l’économie, de techniques déjà connues, leur perfectionnement ainsi que la mise en œuvre de méthodes nouvelles se rapportant à l’organisation de la production* ou de la vente des biens* (v. innovation). Le progrès touche toutes les « fonctions » de l’entreprise*.



L’accélération du progrès technique

Cet élargissement de la notion de progrès s’accompagne d’un changement radical du rythme auquel il se déroule. On observe une accélération du progrès technique, symbolisée par une réflexion formulée chez Du Pont de Nemours (1960) : « La moitié des ventes réalisées cette année par Du Pont de Nemours ont été obtenues par des produits qui n’étaient pas commercialisés il y a dix ou quinze ans. La moitié des ventes que fera, dans dix ou quinze ans, Du Pont de Nemours concernera des produits qui ne sont pas encore commercialisés aujourd’hui. »

Au départ, cette rapidité de l’évolution technique tient au fait que la recherche* voit ses résultats se matérialiser et se diffuser de plus en plus vite. Il a fallu cinquante-six ans au téléphone pour être mis à la disposition du public et trente-cinq ans à la radio ; de même, trente-cinq ans se sont écoulés entre la découverte de l’effet thermo-ionique et la mise en vente de la première lampe ionique. Il a fallu quatorze ans pour mettre à la disposition du public la télévision, mais dix ans ont suffi pour passer de la découverte du neutron à la première pile atomique, huit ans pour passer de l’étude des ondes ultracourtes au radar, trois ans pour passer de la purification des semi-conducteurs à la vente du premier poste à transistor. Le laser, mis au point en 1960, a atteint le stade des applications industrielles deux ans plus tard ; dix-huit mois après qu’on eut découvert le pyrocéram pour les ogives de fusée, on s’en servait pour fabriquer des casseroles ! Par ailleurs, les techniques de fabrication se trouvent bouleversées. Ainsi, les tolérances d’impuretés admises à l’occasion du travail des métaux passent du dixième au centième, au millième, voire au millionième avec l’apparition successive de l’aluminium, des aciers spéciaux, enfin des métaux rares utilisés dans l’industrie atomique.


Le progrès technique et l’entreprise

Ce rétrécissement de la durée de diffusion d’une découverte — base de l’accélération du progrès technique — comporte deux séries de conséquences.

D’une part, à cette accélération du progrès technique correspondent pour l’entreprise des risques autrefois inconnus. En effet, celle-ci risque de se trouver brutalement en difficulté si un nouveau procédé technique permet de satisfaire d’une manière plus parfaite ou à un moindre prix* les besoins auxquels répondaient jusqu’ici ses fabrications (le meilleur exemple qu’on peut donner est la substitution des plastiques à certains métaux). Aussi arrive-t-il parfois que les promoteurs de la recherche appliquée s’efforcent de dissimuler le plus longtemps possible l’objet de leurs travaux (dans le domaine du textile, une découverte de laboratoire a pu être retardée jusqu’à dix ans) ou que, dans d’autres cas, les entreprises adoptent une attitude de refus du progrès technique. L’entreprise cède alors à des tentations malthusiennes ; elle fait appel au protectionnisme professionnel ou national pour vivre à l’abri d’une barrière douanière ou d’un prix d’entente ; elle se sert comme d’un paravent de l’entreprise marginale.

Par ailleurs, cette rapidité de l’évolution technique se manifeste par un changement dans le processus de concurrence*. Cette dernière s’exerce à travers le lancement sur le marché de produits nouveaux (ou obtenus par la mise en œuvre de procédés nouveaux), qui apparaissent plus vite sur le marché et meurent aussi plus vite. Selon le ministère du Commerce des États-Unis, 90 p. 100 des produits nouveaux lancés sont remplacés par d’autres bien avant leur quatrième année. Ainsi, pour trente produits ménagers, la durée de vie atteignait trente-quatre ans vers 1920, vingt-deux ans en 1940, huit ans en 1960 et seulement cinq ans en 1970. De même, on a pu estimer que le cycle de vie des produits de l’industrie électronique n’excède pas une moyenne de cinq ans ; pour les tubes micro-ondes, la durée tombe à trois ans. McGraw-Hill Book Company indique que 55 p. 100 des entreprises interrogées par son département économique s’attendaient à un remboursement de leurs frais de Recherche-Développement en trois ans, 34 p. 100 en quatre ou cinq ans et 11 p. 100 seulement en six ans ou plus. En conséquence, comme l’entreprise doit amortir des immobilisations dispendieuses et vite périmées, elle recherche la domination du marché* dont elle ne veut pas être éliminée et tend à se mécaniser, à diversifier son activité sans perdre de vue cependant la spécialisation, afin d’abaisser ses prix de revient. Dans ces conditions, la gestion de l’entreprise devient de plus en plus complexe. Ne se limitant d’ailleurs pas à la maîtrise des seuls processus techniques, son rôle s’étend à la surveillance rigoureuse de l’évolution du marché et de la concurrence.

G. R.

➙ Innovation.