Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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profession (suite)

Les critères de classification de la population active

La population officiellement recensée est divisée en deux grandes catégories : la population active et la population inactive.

La population active, au sens du recensement, est formée :
— des personnes « ayant un emploi » âgée de quatorze ans et plus, et qui déclarent exercer une profession ;
— des personnes « disponibles à la recherche d’un emploi » âgées de quatorze ans et plus, et qui affirment être sans travail et en chercher un.

Par convention sont classés comme inactifs les détenus, les militaires du contingent. Sont, en revanche, considérés comme actifs les religieux vivant en communauté et les malades déclarant exercer une profession.

Lors des enquêtes annuelles sur l’emploi, la notion d’actif reçoit une définition un peu plus large. Sont alors considérées comme « actifs marginaux » les personnes déclarant simplement avoir travaillé au moins une heure dans la semaine précédant l’interview.

L’activité professionnelle peut être classée de quatre façons.

• La classification des activités économiques. Elle consiste à classer les personnes actives selon l’activité économique principale de l’établissement dans lequel elles travaillent, cette classification pouvant être complétée par une distinction entre établissements privés, nationalisés ou d’État (cf. la Nomenclature des activités économiques, Imprimerie des journaux officiels, 1959).

• La classification des « métiers » ou « activités individuelles ». Pour dépouiller le recensement de 1946, l’I. N. S. E. E. (Institut national de la statistique et des études économiques) a dû établir un répertoire des « très nombreuses dénominations par lesquelles les personnes sont susceptibles de déclarer leur activité à l’occasion d’un recensement » (cf. le Dictionnaire des métiers et appellations d’emploi, P. U. F., 1955. Introduction de Louis Closon, directeur général de l’I. N. S. E. E.).

En 1954, ces appellations (environ 10 000) furent regroupées en une « nomenclature des métiers et activités individuelles » de 1 200 postes.

Pour le chiffrement de la profession au recensement de 1962, cette nomenclature fut condensée en 391 postes.

Enfin, le code des métiers mis au point pour le recensement de 1968 (code no 2 du recensement de la population de 1968 : code des métiers, index analytique détaillé, I. N. S. E. E., 1968) se présente sous trois formes :
— un code de chiffrement, plus large que celui de 1962 (444 postes) et permettant le passage automatique à la catégorie socio-professionnelle par une table de correspondance ;
— un code de publication, plus condensé que celui de 1962 et comprenant 327 postes ;
— un code simplifié, regroupant ces 327 postes en 110 ou en 42 professions, le regroupement en 110 postes étant très proche de celui que propose l’Institut national d’études démographiques (105 professions).

• La classification par statut. La notion de statut correspond partiellement à la notion traditionnelle de « situation dans la profession ». Il n’est pas possible de définir de manière abstraite le « statut », car il tient compte simultanément de plusieurs aspects de la profession individuelle.

Parmi ces différents aspects, il y en a deux, cependant, que le statut traduit de façon systématique : la distinction entre les personnes à leur compte et les salariés ; la distinction entre les salariés du « secteur privé » et ceux du « secteur public ».

On distingue neuf statuts :
1. indépendants sans salariés ;
2. employeurs ;
3. aides familiaux ;
4. apprentis sous contrats ;
5. salariés d’établissements privés ;
6. travailleurs à domicile ;
7. salariés des services publics ;
8. salariés de l’État et des collectivités locales ;
9. population disponible à la recherche d’un emploi ;
0. sans objet (réservé au cas où le classement d’un individu dans un des autres postes du statut n’aurait aucun sens) [clergé par exemple].

Ces classifications traditionnelles permettent de donner une description assez précise de l’activité professionnelle d’un individu : ainsi, un homme pourra être tourneur sur métaux (métier), exercer ce métier en tant que contremaître (situation dans la profession), travailler dans une usine de construction d’automobiles (activité économique) appartenant à l’industrie privée.

Les classifications habituelles suffisent pour rendre compte de tous ces aspects, mais elles ne permettent pas de traduire la situation sociale de l’individu. C’est pourquoi l’Institut national de la statistique et des études économiques a été conduit à élaborer un code complémentaire, le code des catégories socio-professionnelles.

• La classification des catégories socio-professionnelles. Son objectif est de « classer l’ensemble de la population active en un nombre restreint de grandes catégories ayant une certaine homogénéité sociale ».

Cette notion d’homogénéité sociale signifie que les personnes appartenant à une même catégorie sont présumées :
— être susceptibles d’entretenir des relations personnelles entre elles ;
— avoir des comportements et des opinions analogues ;
— se considérer comme appartenant à une même catégorie ;
— être considérées comme telles par les autres.

En conséquence, les catégories choisies correspondent à des mots usuels de la langue française (ouvriers, employés, commerçants, etc.), et les personnes appartenant à ces catégories auront tendance à utiliser ces mêmes termes pour désigner leur profession.

D’un point de vue pratique, le code vise explicitement trois buts :
— obtenir une classification donnant des corrélations fortes avec les diverses caractéristiques (économiques, politiques, démographiques, psychologiques, sociologiques, etc.) étudiées par les utilisateurs potentiels du code dans leurs travaux ;
— satisfaire les utilisateurs qui demandent une classification simplifiée de la population en quelques grands groupes ;
— permettre un chiffrement facile et facilement interprétable.