Sculpteur français (Paris 1809 - id. 1879).
Il naît dans une famille de petits artisans du Marais. Après des études au collège Charlemagne, il travaille quelque temps chez un sculpteur d’ornements, puis devient l’élève de Pierre-Jean David d’Angers (1788-1856) ; dans l’atelier de celui-ci, il fait la connaissance du peintre et sculpteur Antonin Moine (1796-1849), dont il sera toujours l’ami.
Passionné de théâtre — et singulièrement de mélodrame —, il participe à la bataille d’Hernani. Ses premières œuvres dénoncent des tendances violentes et passionnées, nettement romantiques. En témoignent la hardiesse, voire l’extravagance des esquisses qu’il envoie au Salon de 1833 : la Misère, groupe en terre cuite représentant une jeune fille qui expire dans les bras de sa mère ; l’Agonie du poète Gilbert ; la Famine, bas-relief colossal ; le buste de Gabriel Laviron et des médailles de bronze.
Au Salon de 1834, il expose le bas-relief la Tuerie (musée de Chartres), « mêlée de mains crispées, de bouches hurlantes, de chevelures hérissées comme les flammes d’un incendie ». Mais ses autres envois — notamment de grands médaillons d’empereurs romains frôlant la caricature — sont refusés par un jury que scandalisent le désordre et l’exagération de l’école nouvelle. On raconte que le très officiel Jean-Pierre Cortot (1787-1843) n’a laissé passer la Tuerie que « pour punir l’auteur » et comme « exemple effrayant pour la jeunesse ». Cette hostilité exile Préault des Salons durant quatorze ans.
Ses plâtres, non traduits dans le bronze, sont le plus souvent perdus. En 1840, le curé de Saint-Gervais accepte son Christ en croix sculpté dans le bois, une commande de l’État obtenue par l’entremise de David d’Angers. En 1844, Préault fait le buste de l’abbé de l’Épée pour la façade de l’Hôtel de Ville ; il termine la Clémence Isaure du jardin du Luxembourg en 1848.
De nouvelles commandes prennent place après la révolution de 1848 : ainsi un masque du Silence pour la tombe de Jacob Roblès au cimetière israélite du Père-Lachaise, un Christ en bronze pour l’église Saint-Ferdinand-des-Ternes, le tombeau de l’abbé de l’Épée à l’église Saint-Roch, la statue de Marceau en bronze (place des Épars à Chartres) et le groupe en pierre du Cheval et Cavalier gaulois pour le pont d’Iéna — « figure en lutte avec un infini d’espace », dira Michelet. La mort ne cesse de hanter l’œuvre de Préault : Masque funéraire (Salon de 1849), Ophélia (1850), la Mort cueillant une fleur (1854), Hécube (1863), masque du tombeau d’Adam Mickiewicz (1868, Montmorency), Ophélie (1876, Marseille). L’artiste continue à donner des médaillons de grand format : Virgile et Dante, pour la maison de l’empereur (1852 et 1853, Louvre), le médaillon funéraire de Paul Huet (1870). Il exécute divers reliefs ainsi que la statue de Jacques Cœur, en marbre, pour la ville de Bourges (1879).
Salué par Baudelaire, qui a parlé du « plaisir immatériel » que lui donnaient ses « rêves tumultueux, même incomplets », Préault n’a pas connu la gloire. Mais ses audaces de pensée et d’exécution, sa verve baroque, sa recherche expressive, à la fois lyrique et réaliste, ont exercé une influence certaine sur toute la sculpture indépendante jusqu’à Rodin* inclus.
E. M. et G. G.
E. Chesnau, Peintres et statuaires romantiques (Charavay frère, 1880). / Luc-Benoist, La Sculpture romantique (Renaissance du livre, 1928).