Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arrhenius (Svante August) (suite)

Il a donné l’expression de la chaleur latente de vaporisation en fonction de l’élévation du point d’ébullition obtenue par la dissolution d’un corps non volatil. On doit encore signaler qu’il a développé, en 1900, une théorie de la queue des comètes, fondée sur l’existence de la pression de radiation, et qu’il a expliqué les aurores polaires par l’enroulement dans le champ magnétique terrestre de rayonnements issus du Soleil.

Il a enfin émis l’hypothèse de la « panspermie », selon laquelle la vie pourrait se transmettre d’un astre à un autre par des germes vivants très petits, spores ou bactéries, se déplaçant sous l’action de la lumière à travers les espaces intersidéraux, et élaboré une théorie cosmogonique expliquant l’évolution des étoiles et des nébuleuses.

R. T.

 E. Riesenfeld, Svante Arrhenius (Leipzig, 1931).


Les continuateurs d’Arrhenius


Johannes Nicolaus Brønsted,

chimiste danois (Varde, Jylland, 1879 - Copenhague 1947). Professeur de chimie physique à l’université de Copenhague, il apporte une importante contribution à l’étude cinétique des réactions chimiques et à la thermodynamique des solutions. Il est surtout connu pour avoir, grâce à sa définition nouvelle des couples acide-base, renouvelé la théorie des ions d’Arrhenius.


Gilbert Newton Lewis,

physicien et chimiste américain (Weymouth, Massachusetts, 1875 - Berkeley 1946). On lui doit, en 1916, une interprétation de la covalence par mise en commun d’électrons. Il a modifié les théories d’Arrhenius et de Brönsted sur les réactions acide-base.


Wilhelm Ostwald,

chimiste allemand (Riga 1853 - Grossbothen, près de Leipzig, 1932). Directeur de l’Institut d’électrochimie de Leipzig, il est principalement connu pour ses travaux sur les électrolytes, dérivant de la théorie d’Arrhenius, et sur la catalyse, qu’il ramène à un problème de cinétique chimique. Il met au point, en 1907, la préparation industrielle de l’acide nitrique, par oxydation catalytique de l’ammoniac.

Niant la réalité des atomes, il propose en 1908 une vue « énergétique » du monde et devient l’un des chefs d’une école philosophique fondée sur cette notion. (Prix Nobel de chimie, 1909.)

arriération mentale

Insuffisance de développement psychique portant essentiellement sur l’intelligence.



Degrés des arriérations mentales

On oppose l’arriération mentale, qui est une déficience de l’intelligence innée ou très tôt acquise dans l’enfance, à la démence, affaiblissement secondaire d’une intelligence originellement normale. L’arriéré mental est un pauvre d’esprit de toujours, le dément un riche devenu pauvre. Le quotient intellectuel (Q. I.) des arriérés mentaux, mesuré par les tests psychologiques, se situe au-dessous d’une limite évaluée en principe à Q. I. = 85. (On admet que la plupart des individus normaux d’une population se groupent autour de la valeur moyenne Q. I. = 100.) Il existe entre 100 et 85 une zone intermédiaire où l’on peut classer des individus dont bon nombre sont tout près de la limite supérieure de l’arriération mentale.

Si l’on envisage le classement des déficients mentaux selon le quotient intellectuel on peut distinguer :
— les idiots, dont le niveau ne dépasse pas l’âge de 2 à 3 ans (Q. I. inférieur à 30) ;
— les imbéciles, dont le niveau mental ne dépasse pas celui d’un enfant de 6 à 7 ans (Q. I. compris entre 30 et 50) ;
— les débiles mentaux, dont le niveau ne dépasse pas l’âge de 10 ans (Q. I. compris entre 50 et 70). On les appelle encore débiles moyens ;
— les débiles légers, dont le quotient intellectuel oscille entre 70 et 85.

Actuellement on a coutume de distinguer les arriérés profonds, les débiles profonds et les débiles mentaux proprement dits.


Les arriérés profonds

Leur quotient intellectuel est inférieur à 30, et ils comprennent 7 p. 100 des déficients mentaux. Les plus profondément atteints sont des enfants dressables tout au plus, dans la mesure où tout effort d’éducation aboutit à une amélioration minime mais certaine. À l’inverse, traités en « hommes-plantes », ces enfants régressent à un niveau de vie purement végétative. Les moins atteints sont dits « semi-éducables », car ils sont capables d’un certain apprentissage. Ils peuvent apprendre à s’alimenter seuls et à contrôler leurs sphincters. Il est fréquent d’observer chez eux des comportements pathologiques (automutilation, jeux fécaux, stéréotypies verbales et gestuelles, perversions alimentaires, masturbation frénétique), mais ces comportements s’estompent si les enfants sont soumis à un maternage vigilant. Il faut insister aussi sur la fréquence des troubles moteurs, qui vont gêner considérablement la rééducation de ces sujets. Au mieux, ces enfants pourront prononcer quelques mots adaptés, ils en comprennent plus qu’ils n’en disent ; leur attention peut être captée pendant de brefs instants.

Soulignons qu’il n’est pas d’enfant absolument inéducable. Les arriérés profonds, si touchés soient-ils, sont toujours capables, pourvu que l’on s’occupe d’eux, d’un certain dressage. Néanmoins, dans les cas les meilleurs, les progrès réalisés ne permettent jamais à l’enfant d’atteindre à une autonomie véritable.


Les débiles profonds

Ce sont des sujets dont le quotient intellectuel est compris entre 30 et 50 ; ils comprennent 18 p. 100 des déficients mentaux. On distinguait autrefois ceux du premier degré, qui ont une parole libre et facile, ceux du deuxième degré, pour qui la parole est moins facile, le vocabulaire plus circonscrit. Ils comprennent les ordres simples, sont capables de certaines performances qui peuvent tromper sur leur capacité véritable. Leur mémoire est parfois excellente, mais leur jugement et leur faculté d’abstraction inexistants. Ces malades peuvent bénéficier d’un apprentissage et être utilisés dans d’étroites limites. Ils peuvent remplir les tâches usuelles de la vie quotidienne, ils sont capables des quelques gestes simples et stéréotypés d’un travail artisanal, mais ils doivent être soumis à une surveillance constante car ils manquent absolument de constance et d’esprit de suite. Leurs réactions sont imprévisibles et même parfois dangereuses. On ne saurait leur confier de véritables responsabilités. Les moins touchés pourraient apprendre à lire et à écrire, mais lecture et écriture n’ont pas pour eux valeur de communication, et mieux vaut les faire bénéficier d’une éducation gestuelle, qui peut aboutir, dans les cas favorables, à une adaptation professionnelle en atelier protégé.