Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Porto Rico ou Puerto Rico (suite)

Le noyau central de ce horst comprend un tréfonds plutonique (granodiorites), qui affleure sur le versant nord, et surtout un empilement de laves et de sédiments intercalaires, d’âge crétacé, plissé, aplani partiellement et soulevé à diverses reprises depuis le début de l’ère tertiaire ; il forme l’ossature montagneuse de l’île. Dans sa couverture sédimentaire (calcaires et marnes), on observe tantôt des plateaux fortement karstifiés (dans le nord-ouest), tantôt un assemblage du type cuesta (faisant front au noyau central) et dépression périphérique, assez continu sur le versant nord, partiellement ennoyé sur la côte sud. L’érosion des cours d’eau agressifs du versant atlantique a accentué la dissymétrie structurale du relief, ouvert des percées à travers la cuesta et alimenté en alluvions une plaine côtière étendue.

Situé entre 18 et 18° 30′ de latitude, Porto Rico possède un climat tropical d’alizé. La variation annuelle des températures est faible : à San Juan, la moyenne de janvier et février est de 23,5 °C, celle d’août de 27 °C, le minimum moyen de février de 19,5 °C et le maximum moyen d’août et septembre de 31 °C. En altitude, les moyennes des mois le plus froid et le plus chaud s’abaissent à 21 et 24 °C vers 500 m, à 19 et 20 °C vers 1 000 m. Les brises de mer, associées ou non à l’alizé, rendent la chaleur supportable ou même agréable.

L’effet de l’alizé, qui souffle de nord-est, est aussi d’opposer un versant au vent très arrosé et un versant sous le vent aux précipitations réduites ; le total des pluies, qui est de 1 600 mm à San Juan, s’accroît avec l’altitude sur le versant nord, où il atteint de 2 à 3 m ; la Sierra de Luquillo, qui dépasse 1 000 m et reçoit de plein fouet l’alizé, enregistre 4 600 mm. Au contraire, la plaine littorale du Sud reçoit moins de 750 mm et localement moins de 500 mm, montant inférieur à celui de l’évaporation ; l’agriculture y est souvent impossible sans irrigation. Sur le versant nord et la plaine septentrionale, on compte plus de 200 jours de pluie ; le minimum pluviométrique se place en mars, et le maximum en août. Les typhons, rares mais violents et dévastateurs, apportent des pluies diluviennes provoquant crues et inondations.

La végétation naturelle, qui ne couvre plus qu’un cinquième du sol, est représentée par une forêt tropicale exubérante de palmiers, d’ébènes, de bambous, de laurels (du genre Magnolia) avec un sous-bois impénétrable d’épineux, de grandes fougères et de lianes. Le versant méridional est occupé, à l’état naturel, par une steppe ou une sorte de chaparral (nom hispano-américain du maquis) à la base et par une savane sur les pentes.

Constitués d’alluvions fines, les sols des plaines sont profonds et riches en éléments nutritifs ; sur les collines et montagnes, les sols appartiennent au type podzolique rouge ; ils sont souvent appauvris ou entraînés par l’érosion. Les montagnes, bien arrosées, nourrissent des cours d’eau qui actionnent les centrales électriques et alimentent les réservoirs et canaux d’irrigation.


La population

Les indigènes Arawaks furent rapidement décimés ou absorbés, puis remplacés par des esclaves noirs. Ceux-ci ne furent jamais très nombreux, car Porto Rico compta dès l’origine de petits colons blancs, venus d’Andalousie pour la plupart, et la traite prit fin au début du xixe s. ; aussi la population est-elle aujourd’hui blanche à 80 p. 100. Malgré cela, la démographie de Porto Rico s’apparente à celle du tiers monde ; la natalité, supérieure à 40 p. 1 000 au début du siècle, est aujourd’hui de 25 p. 1 000, la mortalité tombant plus rapidement de 36 à 6,5 p. 1 000. Aussi l’accroissement naturel annuel, qui n’était que de 4 p. 1 000 en 1901, est-il actuellement de 18,5 p. 1 000 (après être passé par un maximum de 28,7 p. 1 000 en 1938 alors que la natalité était encore de 38,6 p. 1 000, mais la mortalité déjà tombée à 9,9 p. 1 000). Cette évolution démographique a provoqué le surpeuplement de l’île, dont la densité est passée de 107 à 310 habitants au kilomètre carré, depuis 1901. En conséquence, l’émigration vers les États-Unis, où les Portoricains peuvent entrer librement, a pris une grande ampleur, surtout depuis 1950 (70 000 immigrants pendant la seule année 1953) ; on compte près d’un million de Portoricains aux États-Unis, dont les sept dixièmes à New York. Malgré les transformations récentes de la structure économique de l’île et les nouvelles sources d’emploi, il existe encore un taux de chômage très élevé (15 p. 100 de la population active).

La population se partage également entre citadins et ruraux ; près du quart de la population totale se rassemble dans les deux villes principales, San Juan (455 000 hab.), capitale, centre commercial, foyer industriel (textile, confection, métallurgie, construction mécanique et surtout électrique et électronique), et Ponce (156 000 hab.), centre commercial de la côte sud, ville industrielle (cimenterie, industries pétrochimiques et chimiques).


L’économie

Elle s’est profondément transformée depuis la guerre et surtout depuis une vingtaine d’années. Le produit national brut augmente de 10 à 12 p. 100 par an : il est passé de 287 millions de dollars en 1940 à 1 687 millions en 1960 et à 4 500 millions en 1970 (499 millions en 1940 et 2 700 millions en 1970 en dollars de 1954). Le revenu net a presque triplé depuis 1960. Le niveau de vie a augmenté notablement (60 000 véhicules en 1950, 674 000 en 1972). En même temps, l’agriculture (175 millions de dollars de revenu net) a perdu sa place dans l’économie nationale au profit de l’industrie (910 millions de dollars de revenu net) et du tourisme (230 millions). L’agriculture n’occupe plus que 12,2 p. 100 de la population active ; l’industrie en emploie 20,6 p. 100 ; le secteur tertiaire (services, notamment les activités liées au tourisme, commerce et administration publique, transports) retient 67,2 p. 100 de la population active. Les secteurs secondaire et tertiaire rassemblent ainsi 87,8 p. 100 de la population active d’un pays qui était essentiellement agricole il y a seulement trente ans.