Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Porcins (suite)

Sa formule dentaire est

Les canines sont très développées chez les mâles ; elles sortent de la bouche ; les inférieures se recourbent en arrière et viennent s’aiguiser contre les supérieures dirigées vers l’extérieur et en haut (elles sont appelées grès). Après l’âge de cinq ans, les défenses se recourbent ; elles sont moins dangereuses et l’animal est alors dit « mire ». Les défenses de la laie ne se voient pas. La tête, tronconique, est terminée par un boutoir plat et renforcé par un os. Le Sanglier peut ainsi fouiller les sols les plus durs. Son corps, aplati latéralement, est beaucoup plus haut aux épaules qu’à l’arrière-train. La peau des épaules, jusqu’aux dernières côtes, est particulièrement dure et protégée contre les blessures, surtout au moment du rut. Cette région est appelée armure.

Les laies entrent en rut de novembre à janvier. Après une gestation de seize à vingt semaines, elles mettent au monde vers mars-mai de 3 à 12 marcassins, alimentés à l’aide de 6 paires de mamelles pectorales et abdominales. Ces jeunes ont une livrée rayée longitudinalement de roux clair et de brun doré. À six mois, cette livrée est totalement rousse. Les marcassins sont gris à un an et prennent le nom de bêtes de compagnie. À deux ans, leurs défenses sont apparentes ; on les appelle ragots, à trois ans tiers-an et à quatre ans quartanier, puis vieux Sanglier et grand vieux Sanglier au-dessus de six ans. Un mâle isolé est qualifié de solitaire (en latin singularis, d’où vient le mot sanglier).

Ces animaux sont crépusculaires et nocturnes et vivent pendant toute l’année en petits groupes familiaux de 6 à 10 sujets : les hardes. Ils cherchent leur nourriture la nuit dans les champs de Blé ou de pommes de terre, où ils font des dégâts considérables. Ils mangent d’autres tubercules, des racines, des Champignons, des Truffes à l’occasion, car ils ont un flair très développé. Quand ils fouillent le sol pour y chercher des Vers de terre, on dit qu’ils vermillent ; s’ils font des sillons superficiels pour chercher des Rongeurs et les provisions qu’ils ont pu amasser, on dit qu’ils mulotent ; quand ils retournent la terre pour chercher des racines de Fougères, ils fougent. Leur refuge est une cuvette creusée dans le sol : la bauge. Quand ils se vautrent dans la boue d’un creux, on dit qu’ils souillent.

• En Asie, on trouve à Bornéo le Sanglier à bandes blanches (Sus barbatus), en Nouvelle-Guinée le Sanglier papou (Sus papuensis), mi-sauvage, mi-domestique, en Indochine et dans les îles de la Sonde le Sanglier verruqueux (Sus verrucosus), qui a trois énormes verrues de chaque côté de la face, dans l’Himālaya le Sanglier à crinière (Sus cristatus). C’est aux Célèbes et aux Moluques que vit le Babiroussa (Babirussa babirussa), de couleur gris sombre et presque nu. Il a la particularité d’avoir des canines en forme de croissants. Les supérieures poussent vers le haut et percent la lèvre supérieure ; elles peuvent même se recourber en un tour complet et pénétrer dans la mâchoire supérieure ; les inférieures ont la même orientation et à peu près la même forme. Ces dents sont des parures très appréciées des indigènes de ces régions. En Amérique, du sud des États-Unis au Brésil, vit le Pécari (Dicotyles tajacu). Il a trois doigts seulement aux pattes de derrière. Ses canines supérieures sont orientées vers le bas, de section triangulaire. Le pelage est semblable à celui des Sangliers européens, mais avec sur la croupe une poche glandulaire qui apparaît comme une tache sombre huileuse.

• Il existe trois genres de Sangliers africains.
— L’Hylochère (Hylochœrus Meinertzhageni), Suidé géant de la forêt africaine, a 2 m de long et plus de 1 m au garrot. Il vit dans les plus épais massifs broussailleux des forêts d’Afrique centrale. Il a une grande et large tête, et sous les yeux de grosses verrues dont les plus importantes sont en forme de demi-lune.
— Le Phacochère (Phacochœrus æthiopicus) a aussi des verrues sur la face, derrière et sous l’œil, et sur la nuque une crinière très marquée. Il est capable de marcher sur les articulations du carpe quand il fouille le sol ou quand il veut attaquer. Les défenses supérieures sont recourbées vers le haut et peuvent avoir 30 cm de long. Il vit en petites troupes. Quand il est poursuivi, il s’enfuit la queue dressée verticalement.
— Le Potamochère (Potamochœrus porcus) est un beau sanglier de couleur cuivre rouge avec du poil blanc autour des yeux et des pinceaux de poils au bout des oreilles.

Tous ces Suidés africains sont mangeurs de végétaux, de racines et de fruits de toutes sortes. Ils sont les porteurs sains d’une redoutable maladie qui décime les élevages de Porcs domestiques. Elle s’est introduite en Europe par la péninsule Ibérique, où elle a été stoppée, fort heureusement. Des travaux sont en cours pour mettre au point un vaccin efficace contre cette terrible maladie à Virus.


Famille des Hippopotamidés

Elle est représentée par deux genres africains. Ceux-ci ont un corps lourd, cylindrique, à membres courts, en piliers ; les 4 doigts sont reliés à la base par des palmures ; les doigts latéraux sont bien développés ; la queue est courte. Ils mesurent au garrot jusqu’à 1,65 m pour 4 m de long, ils pèsent alors 3 000 kg ; c’est le cas de l’Hippopotame amphibie (Hippopotamus amphibius). Leur peau est brun cuivré, le dos foncé, mais ils ont surtout la couleur de la boue desséchée dans laquelle ils aiment se vautrer. Cette peau est riche en glandes qui sécrètent des gouttelettes d’un liquide rouge. Les Hippopotames vivent tout le jour dans les fleuves, lacs ou marigots et sortent la nuit pour aller pacager souvent dans les cultures vivrières des riverains.

L’Hippopotame nain du Liberia (Chœropsis liberiensis) est de mœurs plus terrestres. Il existe au Liberia et en Côte-d’Ivoire. C’est un gibier de choix pour les populations des bords de l’eau.

L’Hippopotame amphibie ne peut rester que 4 mn sous l’eau, mais c’est un excellent nageur. On le trouve parfois en mer. Il peut traverser le détroit qui sépare le continent africain de l’île de Zanzibar. Il vit en petites troupes d’une vingtaine d’individus. La gestation dure huit mois (sept mois chez le nain). La mère met au monde en eau peu profonde et le petit (il pèse 40 kg) remonte rapidement pour respirer en surface. Puis elle l’emmène sur la berge pour qu’il se repose et en vue de son allaitement hors de l’eau. Pendant les premiers jours, elle en prend grand soin.

Ces animaux ont l’habitude de « marquer leur territoire » à l’aide d’excréments délayés par le frétillement de leur toute petite queue.

P. B.