Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pop music (suite)

En 1964, les Beatles passent pour la première fois à Paris, à l’Olympia, au même programme que Sylvie Vartan et Trini Lopez ; en 1964 encore, ils tournent un premier film sous la direction de Richard Lester, A Hard Day’s Night ; en 1965, ils en tournent un second, Help ; le 12 juillet 1965, ils sont faits membres de l’ordre de l’Empire britannique. À la fin de 1965, ils repassent à Paris au palais des Sports et, en août 1966, après d’innombrables tournées, dont quatre aux États-Unis, ils abandonnent la scène. En août 1967, alors qu’ils quittent une période LSD pour suivre le Maharishi dans son initiation à la méditation transcendantale, ils apprennent la mort de B. Epstein.

En 1968, après la réalisation de ce qui est considéré comme leur chef-d’œuvre, l’album Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band, ils décident de fonder leur propre marque de disques, Apple, qu’ils espèrent voir devenir un label pour toute une production artistique, des films aux vêtements, reflet du monde merveilleux qu’ils ont peu à peu découverts en musique. Les résultats ne seront pas à la hauteur de leurs espoirs, et, après avoir produit un remarquable dessin animé, Yellow Submarine, et quelques autres disques plus que jamais couronnés de succès, les Beatles se séparent en 1970. Paul McCartney avec ses Wings, John Lennon avec Plastic Ono Band ne pourront retrouver l’équilibre étonnant d’une musique aussi populaire, subtile, pleine d’humour et typiquement contemporaine.


Les groupes

Quelles seront, en dehors des Beatles, des Rolling Stones et des Animais, les révélations anglaises ? Parmi les groupes les plus fameux citons : les Yardbirds, chez qui se firent successivement connaître les trois grands guitaristes anglais, Eric Clapton, Jeff Beck, Jimmy Page ; les Cream, formation éphémère composée d’Eric Clapton, du bassiste Jack Bruce et du batteur Ginger Baker ; les Nice, dont l’organiste leader Keith Emerson, très attiré par la musique classique, a ensuite fondé ELP avec Gregory Lako et Carl Palmer ; les Bluesbreakers avec John Mayall, vétéran du blues anglais, qui ont accueilli quantité de jeunes instrumentistes ; Fleetwood Mac, qui regroupe d’autres adorateurs du blues avec le guitariste Peter Green ; les Kinks, chroniqueurs amers par la voix de leur chanteur Ray Davies ; les Moody Blues, célèbres pour Nights in White Satin ; les Who, anciens « mods », très précis, au métier particulièrement achevé, auteurs du premier opéra-rock, Tommy ; les Soft Machine, avec les expérimentateurs Mike Ratledge, Kevin Ayers, Daevid Allen ; Procol Harum, dont le chanteur Gary Brooker et le parolier Keith Reid eurent du mal à se débarrasser de l’image imposée par leur célèbre « tube » de 1967 A Whiter Shade of Pale ; les champions d’un hard rock parfois virtuose (Ten Years After), souvent gratuitement (Deep Purple) ; les Them (premier groupe du chanteur Van Morrison) ; les trop séduisants Bec Gees ; le bruyant et factice Black Sabbath ; Colosseum, les Troggs, les Small Faces, les Pretty Things, East of Eden, Family (chanteur Roger Chapman), Jethro Tull (vocal et flûte Ian Anderson)...

À côté des groupes déjà cités, le Pink Floyd est à placer un peu à part en raison de son grand succès en France (puis aux États-Unis), également parce qu’il se situe à la tête d’une école qui s’éloigne délibérément de l’influence harmonique du blues pour explorer les possibilités sonores offertes par les techniques électroacoustiques. Sans craindre d’emprunter à des musiques de provenances et d’époques diverses, bâtardisation caractéristique de l’esprit pop tel que l’ont imposé les Beatles, animé dès 1966 par Syd Barrett (peu après remplacé par David Gilmour), il sera le premier groupe ; anglais à utiliser les light show (jeu de lumières et d’images projetées sur le groupe et sur les spectateurs). Révélé en 1969 au public français grâce à sa musique pour le film More, le Pink Floyd imposera, album après album, son univers, où nappes sonores, chœurs aériens, stridences électroniques s’appuient sur une pulsation rythmique héritée du jazz.

Dans le même courant se situent King Crimson (leader Robert Fripp), Hawkwind, Van Der Graaf Generator, Genesis (chanteur Peter Gabriel), Yes et certains groupes allemands (Amon Düüll II, Can, Faust).


Les chanteurs

Parmi les chanteurs anglais qui auront marqué ces années de renouveau pop, il faut citer Mick Jagger (Rolling Stones), Paul McCartney, John Lennon, George Harrison (Beatles), Eric Burdon (Animais), Joe Cocker, Stevie Winwood (également guitariste et organiste, vedette du Spencer Davis Group avant d’animer Traffic), Roger Daltrey (Who), Robert Plant (Led Zeppelin), Donovan (plus proche de la tradition folklorique), Julie Driscoll (avec Brian Auger), Rod Stewart (Faces), Ray Davies (Kinks), Marc Bolan (T. Rex), Sandy Denny (Fairport Convention), Maggie Bell (Stone the crows), Tom Jones, Elton John.


Les guitaristes

Parmi les guitaristes (la guitare électrique est l’instrument-roi de la pop music) citons : Eric Clapton, Jeff Beek, Jimmy Page (Led Zeppelin), Pete Townshend (Who), Peter Creen (Fleetwood Mac), Alvin Lee (Ten Years After), Ritchie Blackmore (Deep Purple), Robert Fripp (King Crimson), Mick Taylor (remplaçant chez les Rollings Stones de Brian Jones, mort le 3 juillet 1969), l’Irlandais Rory Gallagher.

Pour en terminer avec la scène anglaise, il faut mentionner les noms en vue des premières années 70 : Roxy Music (résumé en synthèse des modes passées), David Bowie (même démarche en tant que chanteur soliste), Slade (piètres musiciens, mais doués pour l’impact scénique auprès des nouvelles générations), tous en revenant à une conception du spectacle plus traditionnelle, imprégnée de nostalgies hollywoodiennes et marquée par un hommage à la bisexualité ; d’où l’étiquette rock décadent accordée en France à ce mouvement.


La réponse américaine

La réponse de l’Amérique à l’explosion anglaise va se manifester vers le milieu des années 60, après qu’un nouveau prophète, Bob Dylan, a secoué les consciences en donnant au rock américain le signal du nouveau départ. Le « protest song » prendra alors son essor à l’échelle industrielle, supporté par les médias (radio, télévision, disque), et l’on va bientôt assister aux premiers débats sur l’utilité politique d’une révolte vendue en 33 et en 45 tours, tandis que sera remise en cause la sincérité de ceux à qui profite cette forme de chanson : impossible de trancher devant ces questions sans cesse reposées, l’importance de la pop music étant liée à son succès au sein d’un système marchand qui en fait évidemment un produit comme un autre. Il n’y a pas d’alternative possible.