Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pontoise-Cergy (suite)

Le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la Région parisienne (1965) a prévu que l’une des cinq villes nouvelles des environs de Paris serait édifiée sur le rebord du plateau, à Cergy, commune limitrophe de Pontoise. Là est en service depuis 1970 la nouvelle préfecture du Val-d’Oise. Le quartier de la préfecture est aux deux tiers réalisé. Le centre de la ville renfermera l’E. S. S. E. C. (École supérieure des sciences économiques et commerciales), des services publics et des bureaux privés, un centre commercial régional. Plusieurs milliers de logements sont achevés, et les premiers habitants déjà installés.

Une base de loisirs, avec plan d’eau dans la boucle de l’Oise, sur la rive gauche, à Neuville-sur-Oise, est partiellement en service. De petites zones d’activité sont situées entre la ville nouvelle et Pontoise, tandis qu’une zone industrielle à Saint-Ouen-l’Aumône est en cours d’aménagement.

La déviation autoroutière de Pontoise est en service depuis 1970, tandis que l’autoroute A 15 Pontoise-Gennevilliers-la Défense relie la ville nouvelle à Paris.

J. B.

➙ Paris / Val-d’Oise.

Pontoppidan (Henrik)

Écrivain danois (Fredericia 1857 - Copenhague 1943).


Henrik Pontoppidan représente la seconde génération des écrivains naturalistes : dans son œuvre se reflète toute la vie du Danemark à la fin du xixe s.

Né dans le Jylland, où son père est pasteur, il commence des études d’ingénieur à Copenhague en 1873, mais il les interrompt six ans plus tard, alors qu’elles sont sur le point d’aboutir. Un voyage en Suisse lui révèle sa véritable vocation : il veut être romancier et, dès lors, il ne vivra plus que du produit de sa plume. Il épouse en 1881 Mette-Marie Hansen, la fille d’un simple paysan, mais leur union n’est pas heureuse ; en 1892, il obtient le divorce, et son second mariage, la même année, avec Antoinette Kofoed, fille d’un haut fonctionnaire de la capitale, marque un tournant décisif dans sa vie comme dans son œuvre.

Ses débuts littéraires sont dominés par quatre recueils de nouvelles : Ailes rognées, qui paraît en 1881 ; Images de la campagne, en 1883 ; les Taudis et Nuages, publiés respectivement en 1887 et en 1890. Ces nouvelles constituent un ensemble de récits dont la matière est politique et sociale, fruit de l’expérience de l’auteur. C’est le village que celui-ci prend pour cadre, avec ses fermes coquettes et ses taudis ; car, à la campagne, il y a deux classes : celle des riches fermiers et celle des pauvres ouvriers agricoles. Pontoppidan défend ces prolétaires par trop oubliés et attaque les gros propriétaires avec une indignation encore sans réserve. Il faut ajouter à ces nouvelles le petit roman intitulé l’Ours blanc, qui paraît en 1887, critique de l’arrogance et de l’intolérance du clergé campagnard.

Tous les éléments que l’auteur a déjà élaborés dans ces nouvelles sont repris dans son premier grand roman, la Terre promise, dont les trois volumes paraissent entre 1891 et 1895 : la Terre, la Terre promise et Jugement dernier. On y trouve un tableau très réaliste et global de la campagne danoise de l’époque ; le roman retrace l’histoire d’un jeune bourgeois, Emanuel Hansted, qui tente de vivre son rêve, être à la fois paysan et pasteur. Emanuel épouse une paysanne, Hansine, mais bientôt cède aux charmes de Ragnhild, du même milieu que lui. Son apostolat est à l’image de son mariage : après l’avoir durement gagnée, Emanuel perd la confiance de la communauté, dont il se détache enfin, avant de perdre la raison.

L’année 1892 met un terme à l’épisode campagnard, et Pontoppidan se tourne vers la ville, dont il fait désormais le point de départ de sa création littéraire. Il écrit toute une série de petits romans, qui ont en commun un fond d’inquiétude dû à l’état d’esprit même de l’auteur. C’est ainsi que paraissent en 1894 Veillée et le Vieil Adam, en 1900 le Foyer idéal, en 1905 le Bourgmestre et son épouse. Mais, de 1898 à 1904, Pontoppidan rédige également les huits tomes du plus célèbre de ses ouvrages, Pierre de Chanceux. Tout comme la Terre promise, ce roman étudie la personnalité du héros et les mœurs du temps ; mais ce n’est plus la campagne qui y est évoquée, c’est la ville, et l’atmosphère n’est plus celle du grundtvigianisine, mais porte la marque de l’influence de Georg Brandes*. Tous les milieux y sont représentés, intellectuels et artistes, bourgeois et financiers, et, là encore, l’autobiographie est apparente. Pierre quitte son Jylland natal pour faire ses études à Copenhague et tombe amoureux d’une Juive, Jakobe. Il désire accroître l’industrialisation du Danemark et réussit à disposer de capitaux importants, mais, au moment même où il va arriver à ses fins, il éprouve le besoin de fuir la ville et les personnes qu’il fréquente. Il s’établit à la campagne, essaie d’y fonder un foyer, mais renonce une nouvelle fois et finit ses jours seul, comme pauvre cantonnier.

Le troisième grand roman de Pontoppidan, l’Empire des morts, qui paraît en cinq volumes de 1912 à 1916, est le plus sombre de tous. Contrairement aux deux précédents, il n’est pas construit autour d’un seul personnage central, mais il associe plusieurs personnes de différents milieux du début du siècle dans une intrigue ingénieuse : Torben Dihmer, riche propriétaire terrien, Jytte, son amie d’enfance, Karsten From, artiste très superficiel, et Enslev, homme politique malchanceux. Le pessimisme de l’auteur est à son comble lorsqu’il aborde les plus grands problèmes de l’existence et qu’il compare, pour conclure, la vie à un enfer.

Pontoppidan, que les milieux intellectuels et politiques ont déçu, vit retiré à Charlottenlund ; il reçoit le prix Nobel de littérature en 1917, qu’il doit partager avec Karl Gjellerup. Il publie en 1927 un dernier roman, le Paradis de l’homme, dans lequel il expose l’échec complet d’un idéaliste, Niels Thorsen, et de 1933 à 1940 paraissent quatre volumes de souvenirs, plus tard regroupés en un seul sous le titre d’En route vers moi-même, dans lequel il cherche à cerner sa propre vérité. Pontoppidan meurt dans sa retraite le 21 août 1943.

À la fois ouvert aux problèmes de la société qui l’entoure et torturé par l’introspection et le doute, il compte parmi les plus grands romanciers danois. Dans un style merveilleusement pur et dépouillé, il a su exprimer la complexité de la vie par-delà les limites du temps.

J. R.

 V. Andersen, Henrik Pontoppidan (en danois, Copenhague, 1917). / A. Jolivet, les Romans de Henrik Pontoppidan, 50 années de vie danoise (Bibliothèque nordique, 1960).