ponte (suite)
Dans certains cas, les œufs tombent simplement sur le sol et ne sont pas fixés ; dans d’autres cas, au contraire, au moment où ils traversent l’oviducte ou le vagin, ils recueillent une sécrétion des parois de ces conduits, sécrétion plus ou moins visqueuse qui durcit à l’air, les colle au substrat et les agglutine. Il se peut que cette sécrétion ne forme autour des œufs qu’une couche très mince, mais il arrive aussi que la substance glaireuse, abondante, acquiert, une fois émise, une certaine consistance, qui varie avec les espèces. Elle englobe alors et enferme tous les œufs d’une ponte, affectant des formes diverses selon la conformation des voies génitales, le mode d’activité des voies sécrétrices, le rythme d’émission des œufs et les mouvements divers qui animent les organes génitaux externes de la femelle.
La sécrétion glaireuse, qui reste molle et prend une forme sphérique chez divers Polychètes phyllodociens, est relativement consistante chez de nombreux Mollusques gastropodes et revêt différentes formes chez divers Batraciens anoures ; elle agglomère les œufs sans forme définie (Grenouilles) ou les dispose en cordons alignés sur un rang au début de la ponte, puis sur deux et enfin sur trois (Crapauds). Il en va pareillement chez divers Insectes (Chironomes, Culicides, Éphémères, etc.), dont les œufs, inclus dans une masse gélatineuse, se disposent en pontes de formes variées.
En d’autres cas, la sécrétion s’accumule en masse spumeuse, abondante, qui prend une consistance dure et enferme les œufs : on réserve le nom d’oothèque à de telles pontes, caractéristiques notamment de divers Insectes orthoptères (Mantes, Criquets, Blattes) ; la Rainette Phyllomedusa sauvagei, autour de ses œufs fécondés, pond des « œufs vides » qui les protègent de toutes parts. Parfois aussi, la ponte se présente sous une forme plus compliquée. À la glaire qui agglutine les œufs s’ajoute une membrane qui forme autour de la ponte un sac ovigère ou un cocon. Cette enveloppe périphérique est de deux types distincts. L’un de ceux-ci s’observe notamment chez les Vers de terre. Le clitellum des Vers de terre produit un anneau muqueux qui entoure le corps et adhère au substrat sur lequel repose l’animal, dont l’ensemble des œufs s’accumulent, maintenus par l’anneau, sur la face ventrale. La ponte achevée, le Ver se retire lentement d’avant en arrière, tandis que le bord antérieur puis le bord postérieur de l’anneau se rabattent, et le cocon, entièrement clos, est abandonné. Les Araignées produisent l’autre type de membrane. Elles tissent d’abord une sorte de nappe qui recouvre le substrat et sur laquelle elles déposent leurs œufs, englués d’une glaire pâteuse ; elles tissent ensuite sur la ponte (de forme sphérique ou discoïdale) une toile, qui l’entoure de très près et qu’elles fixent tout autour sur la nappe initiale. Certaines, comme les Thomises, en restent là ; d’autres saisissent avec leurs chélicères les bords de la nappe et les rabattent sur la ponte, déjà couverte de soie, l’ensemble formant un sac ovigère sphérique (Lycosa, Pisaura) ou aplati (Pardosa), ou de forme plus compliquée.
Tous ces procédés donnent finalement le même résultat, et l’on ne saurait affirmer que les œufs isolés se développent mieux ou plus mal que les œufs groupés en oothèques, ni que les premiers soient moins bien protégés que les seconds. Mais, si glaire et tissu n’apportent guère avec eux de sécurité, ils ajoutent parfois une difficulté à l’éclosion.
R. H.
